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MaUriCe MOreL - Galerie de l'Exil

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La GaLerie <strong>de</strong> L’exiL présente<br />

<strong>MaUriCe</strong> <strong>MOreL</strong><br />

1


EN cOuvERtuRE :<br />

crayon gras sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

Maurice <strong>MOreL</strong>,<br />

peintre <strong>de</strong> l’abstraction est né en 1908 à ORNANS (Doubs).<br />

Le jour <strong>de</strong> sa première communion, qui fût aussi celui <strong>de</strong> sa<br />

première visite d’un musée (c’était celui <strong>de</strong> Besançon) est aussi<br />

celui <strong>de</strong> la révélation d ’une double vocation, celle <strong>de</strong> prêtre<br />

et <strong>de</strong> peintre, se nourrissant mutuellement <strong>de</strong> leur propre<br />

enrichissement, <strong>de</strong> leur approfondissement. Toute l’existence<br />

<strong>de</strong> Maurice MOREL n’a été que fidélité à cette double exigence<br />

d’une présence et d’une image. D’où cette part réservée à la<br />

peinture tant dans les académies libres <strong>de</strong> Montparnasse que<br />

dans la fréquentation <strong>de</strong>s Maîtres contemporains dont plusieurs<br />

comme Rouault, lui donnèrent non seulement <strong>de</strong>s conseils, <strong>de</strong>s<br />

confi<strong>de</strong>nces mais une rare amitié.<br />

Il expose dès 1933 sur quelques cimaises parisiennes<br />

et notamment lors <strong>de</strong> la première manifestation d’un<br />

« Art d’inspiration religieuse » chez Lucy Krogh.<br />

Ordonné prêtre, il prend quelques distances avec le mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’art pour se consacrer à la création artistique dans le cadre<br />

d’un exercice spirituel strict, encouragé par l’Eglise, directement<br />

<strong>de</strong> Rome. C’est sans doute ce qui explique la gran<strong>de</strong> cohésion,<br />

l’équilibre <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> son œuvre qui s’exprime par la<br />

gouache et les pastels, souvent sur papier dans <strong>de</strong>s petits formats.<br />

Parler <strong>de</strong> Maurice MOREL n’est pas chose aisée tant, la conjonction <strong>de</strong> ces trois facettes,<br />

l’homme, le peintre, le prêtre, peut parfois être déroutante. On pourrait parler d’un être<br />

hybri<strong>de</strong>, un peu gouailleur, un peu prêtre ouvrier, en partie critique d’art et surtout peintre.<br />

Un peintre spirituel au sens étymologique du terme qui a découvert très tôt, en même temps<br />

que sa rencontre avec Dieu, l’Art pictural. A 55 ans, Maurice MOREL estime qu’il a assez parlé <strong>de</strong><br />

peinture. Désormais, il se contentera <strong>de</strong> peindre. S’il n’a pas encore terrassé le dragon <strong>de</strong><br />

St Sulpice, on le regar<strong>de</strong> <strong>de</strong> travers dans les galeries, avec sa soutane, les gens s’approchent pour<br />

le questionner. A la <strong>Galerie</strong> Roque à Paris, en 1963, se mêlent à la foule présente au vernissage,<br />

<strong>de</strong>s robes <strong>de</strong> prêtres noires ou blanches. Et nul bien sûr ne s’en étonne. Il s’agit là d’une<br />

consécration, l’âge d’or dans l’œuvre <strong>de</strong> Maurice MOREL, celle où il expose un bel ensemble<br />

d’œuvres non figuratives dont une partie est exposé à la <strong>Galerie</strong> <strong>de</strong> l’Exil aujourd’hui.<br />

Maurice MOREL « J’ai toujours eu un grand besoin d’images et un grand appétit <strong>de</strong> couleurs.<br />

J’ai été dans ma plus tendre enfance, à cinq ou six ans, quasiment amoureux d’une couleur.<br />

C’était un jaune indien, une couleur intermédiaire qui est entre l’ocre jaune et l’orangé. Je l’avais<br />

aperçue parmi une <strong>de</strong>mi-douzaine d’autres que contenait une boîte d’aquarelle à la <strong>de</strong>vanture<br />

d’une papeterie <strong>de</strong> ma ville natale.<br />

J’en étais tellement émerveillé que je courais chaque jour à elle<br />

« J’ai toujours eu<br />

un grand besoin<br />

d’images et un grand<br />

appétit <strong>de</strong> couleurs.»<br />

en sortant <strong>de</strong> l’école pour la contempler le plus longuement ;<br />

sans doute m’avait-elle touché par ce qu’elle avait d’étrange et<br />

d’irréel, car je ne la voyais nulle part ailleurs, ni dans les choses, ni<br />

dans les peintures.<br />

Elle me fascinait en tout cas, comme une pierre précieuse égarée<br />

dans <strong>de</strong>s banalités. Peu après j’ai été pareillement ébloui par un<br />

rouge que maniait un <strong>de</strong> mes voisins pour dépeindre un zouave<br />

sur une feuille <strong>de</strong> papier, et je ne saurais dire combien j’ai été<br />

jaloux <strong>de</strong> mes camara<strong>de</strong>s assez fortunés pour possé<strong>de</strong>r une boîte<br />

<strong>de</strong> peinture.<br />

2


J’ai dû attendre, pour en avoir<br />

une, ma douzième année et ne<br />

l’ai acquise qu’en échange <strong>de</strong> mes<br />

cravates. Tout ce que j’avais pu<br />

me procurer auparavant c’était un<br />

petit morceau <strong>de</strong> rose bien vite<br />

épuisé et dont j’avais barbouillé<br />

quelques journaux avec le<br />

blaireau <strong>de</strong> mon père. Ces ébats,<br />

analogues à ceux d’un bébé<br />

dans sa baignoire, suscitèrent<br />

la première opposition sociale<br />

à mes aspirations lesquelles<br />

allaient être combattues, et très<br />

énergiquement, par tous les<br />

êtres dont je dépendrais durant<br />

ma jeunesse, parents, professeurs, etc… J’avais été impatient d’arriver à une <strong>de</strong> ces classes où<br />

l’on faisait du <strong>de</strong>ssin. Mais l’année même où j’y parvins, on en supprima l’enseignement dans le<br />

collège où j’étudiais. Je m’en suis réjoui par la suite autant que j’en fus alors attristé. Car j’aurais<br />

été déformé pour la vie par les professeurs <strong>de</strong> cette époque, comme le sont certains enfants<br />

dans les cirques ou comme l’étaient jadis les pieds <strong>de</strong>s Chinoises. »<br />

Ces propos sont annonciateurs <strong>de</strong> ce qui sera l’œuvre picturale <strong>de</strong> MOREL: au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

composition parfaite et structurée, inspirée par <strong>de</strong>s choses, <strong>de</strong>s objets, <strong>de</strong>s personnes, <strong>de</strong>s<br />

sentiments, la couleur !<br />

La couleur, personnage central, coiffe, insère, domine, structure, polit, harmonise un travail tout<br />

en douceur, presque sans bruit, furtif comme le claquement d’une portière <strong>de</strong> Rolls Royce, dans<br />

<strong>de</strong>s petits et moyens formats qui ne sont pas forcément au goût du jour mais qui ren<strong>de</strong>nt ses<br />

œuvres tellement humaines, humanistes.<br />

Elles nourrissent l’âme avec <strong>de</strong> beaux et nobles sentiments. Remè<strong>de</strong> contre l’angoisse et le<br />

désordre, un baume salvateur vient apaiser vos tourments.<br />

Que voulez-vous <strong>de</strong> mieux ?<br />

3<br />

Jacques MAuGuIN


<strong>MaUriCe</strong> <strong>MOreL</strong> (1908-1991)<br />

« Je fais <strong>de</strong> la peinture, comme on dit, par une exigence aussi indispensable à<br />

ma vie spirituelle que le sommeil et l’exercice le sont à ma vie physique et qui<br />

affecte du reste jusqu’à cette <strong>de</strong>rnière. La peinture mobilise mes diverses forces<br />

pour la même fin, mais mieux que n’y parviendrait dans mon genre d’esprit<br />

la méditation ignatienne. c’est dire que l’art doit avoir pour moi dans mon<br />

ordinaire le même désintéressement, la même disponibilité, la même liberté,<br />

mais aussi les mêmes conditions que la contemplation. » 1 Maurice Morel<br />

Si l’on connaît le nom <strong>de</strong> l’Abbé Morel dans son action pour la défense <strong>de</strong> l’art sacré non figuratif et sa<br />

participation à l’élaboration du Musée d’art mo<strong>de</strong>rne au Vatican, celui <strong>de</strong> Maurice Morel l’artiste et le<br />

critique d’art, est moins connu.<br />

Né à Ornans en 1908, Maurice Morel se découvre très jeune une double vocation : sacerdotale et<br />

artistique. Dès 1925, Maurice Morel fait la rencontre <strong>de</strong> celui qui <strong>de</strong>viendra son premier mentor, Max<br />

Jacob. Si ses premiers amours pour la poésie sont assez rapi<strong>de</strong>ment déçus, c’est vers la peinture qu’il<br />

va naturellement se laisser porter. Des encouragements et conseils <strong>de</strong> Max Jacob va naître,<br />

dans l’esprit du jeune collégien, l’idée <strong>de</strong> se réaliser, <strong>de</strong> s’exprimer et <strong>de</strong> s’engager à la fois comme<br />

artiste mais également comme défenseur <strong>de</strong> l’Art. Au sortir du collège <strong>de</strong> Besançon en 1927,<br />

il s’installe à Paris. Il commence dès lors à travailler chez Max Jacob qui l’introduit dans les divers<br />

milieux artistiques <strong>de</strong> Paris, lui faisant rencontrer quantité d’artistes, peintres, poètes et écrivains dont<br />

notamment Picasso, Braque, Georges Rouault ou encore Matisse. Souhaitant promouvoir l’expression<br />

mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’art religieux, il organise et participe, en 1933, à la Première Exposition d’Art religieux<br />

mo<strong>de</strong>rne à la galerie Lucy Krogh, manifestation qui se renouvellera dans cette même galerie plusieurs<br />

années <strong>de</strong> suite. Dés lors, il cherchera à comprendre les grands bouleversements <strong>de</strong> la peinture<br />

mo<strong>de</strong>rne qui ont suivi l’Impressionnisme pour les intégrer dans sa vision mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’art sacré.<br />

Prêtre et critique d’art (spécialiste <strong>de</strong> Rouault et Picasso) dans la lumière, artiste dans le secret, Maurice<br />

Morel s’est tout simplement engagé en Art. Dans un style alors résolument figuratif, ses <strong>de</strong>ssins,<br />

réalisés à la pointe <strong>de</strong> la plume, dans l’encre et l’aquarelle, sont lyriques et oniriques. Si la prose s’est<br />

imposée à lui plus que les vers, c’est la peinture qui l’a consacré poète.<br />

1934-1940 : Jean Bazaine et la non figuration, à la recherche <strong>de</strong> l’art le plus concret<br />

Son travail semi-figuratif encore marqué par l’influence poétique <strong>de</strong> Max Jacob, Morel, abbé <strong>de</strong>puis<br />

1934, s’engage avec Bazaine pour un art sacré plus ouvert, un art sacré tenant compte <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

transformations <strong>de</strong> l’art mo<strong>de</strong>rne. Ils créent ensemble, en 1936, une éphémère Académie <strong>de</strong> peinture<br />

dans l’idée <strong>de</strong> rénover la pédagogie artistique et mettre en pratique leur conception <strong>de</strong> l’art pictural,<br />

avec exigence et sans concession.<br />

Suite à leur collaboration, Morel, a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la non figuration, donne une gran<strong>de</strong> intimité à son<br />

message artistique et spirituel. L’abstraction pour l’abstraction ne l’intéresse pas. Il cherche à se<br />

détacher d’une représentation figurative tout en peignant <strong>de</strong>s thèmes profondément ancrés dans le<br />

concret, <strong>de</strong>s thèmes porteurs <strong>de</strong> ses méditations. Son format <strong>de</strong> prédilection ? Les petits supports…<br />

<strong>de</strong>s œuvres qui s’apprécient <strong>de</strong> près autant qu’elles se regar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> loin. Des œuvres comme <strong>de</strong>s<br />

confi<strong>de</strong>nces à l’égard d’un homme au caractère discret, relatif à l’ordre <strong>de</strong>s Jésuites ou à saint Ignace<br />

<strong>de</strong> LOYOLA<br />

5


1940-1953 : l’influence <strong>de</strong><br />

Georges Rouault et d’Alfred<br />

Manessier, le travail sur les<br />

couleurs et les matières<br />

Après sa mobilisation en 1939, Maurice<br />

Morel est <strong>de</strong> retour à Paris l’été 1940.<br />

Il se consacre, durant ces années <strong>de</strong><br />

guerre, à sa peinture, à <strong>de</strong>s artistes<br />

<strong>de</strong> son époque et à la défense <strong>de</strong> l’art<br />

sacré non figuratif. Il s’affirme comme<br />

conférencier, critique et éditorialiste au<br />

service <strong>de</strong> l’art avec une perspicacité<br />

rare qui justifiera une renommée et une<br />

notoriété qui ne cesseront <strong>de</strong> grandir.<br />

Son objectif est <strong>de</strong> faire apprécier par<br />

le plus grand nombre l’art mo<strong>de</strong>rne, la<br />

défense <strong>de</strong> ses maîtres et <strong>de</strong> ceux qui<br />

<strong>de</strong>viendront les peintres <strong>de</strong> la Nouvelle<br />

École <strong>de</strong> Paris : Bazaine, Manessier,<br />

Estève, Le Moal…<br />

Il étudie les confrontations entre l’art<br />

mo<strong>de</strong>rne et l’art classique, entre la<br />

tradition vivante et le traditionalisme<br />

qui paralysent les esprits et les<br />

institutions. Des centaines <strong>de</strong><br />

conférences, <strong>de</strong>s dizaines d’articles et<br />

d’essais sonneront le commencement<br />

d’une véritable croisa<strong>de</strong> dont l’un <strong>de</strong>s<br />

moments les plus célèbres est sûrement<br />

la fameuse conférence consacrée à<br />

Picasso en 1946 au Grand amphithéâtre<br />

<strong>de</strong> la Sorbonne qui lui vaudra le surnom<br />

<strong>de</strong> « Curé d’art » par le Canard Enchaîné.<br />

Son action commence dès lors à porter<br />

ses fruits au sein <strong>de</strong> l’Église, aboutissant en 1957 à la mission que lui confie le Pape Pie<br />

XII d’une véritable réflexion sur la création d’un musée d’art mo<strong>de</strong>rne au Vatican. Lors<br />

<strong>de</strong> la première exposition personnelle d’Alfred Manessier en 1946 à la galerie Jeanne<br />

Bucher, Maurice Morel est fortement séduit par la spiritualité, l’univers et les couleurs qui<br />

se dégagent <strong>de</strong> ses toiles. Les <strong>de</strong>ux artistes qui se connaissent déjà par leur ami commun<br />

Jean Bazaine vont se rapprocher autour du Maître Georges Rouault pour réfléchir à la<br />

technique du vitrail et à son expression non figurative. Sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Rouault, Morel se<br />

révèle coloriste et maître <strong>de</strong>s matières. De sa collaboration avec Manessier, il fusionne son<br />

œuvre non figurative avec sa spiritualité.<br />

La complicité artistique <strong>de</strong> Georges Rouault et <strong>de</strong> Maurice Morel aboutit à la publication<br />

du Stella Vespertina en 1947 et du Miserere en 1948. À partir <strong>de</strong>s années cinquante, il<br />

s’emploie alors à certains travaux cinématographiques sur la peinture et l’Art mo<strong>de</strong>rne<br />

pour prolonger par le film le message <strong>de</strong> ses conférences et ses écrits. Avec l’accord<br />

<strong>de</strong> Georges Rouault, Morel entreprend <strong>de</strong> faire un film sur le Miserere, dont il écrit le<br />

commentaire. Ce film est projeté le 6 juin 1951 au Palais <strong>de</strong> Chaillot, à l’occasion <strong>de</strong><br />

l’hommage rendu à Georges Rouault pour son 80e anniversaire. Maurice Morel réduit<br />

alors progressivement le nombre <strong>de</strong> ses conférences pour se consacrer <strong>de</strong> plus en plus à<br />

son travail <strong>de</strong> peintre. Il expose alors davantage.<br />

Le primitivisme et l’abstraction <strong>de</strong> ses têtes <strong>de</strong> Christ ainsi qu’une série <strong>de</strong> travaux autour<br />

<strong>de</strong> l’art du vitrail, suscitent un bel engouement pour son art si puissant et animant.<br />

6


1953-1980 : un artiste avoué<br />

« S’il a donc <strong>de</strong> beaucoup préféré <strong>de</strong>puis dix ans l’expression plastique à d’autres plus directes, plus<br />

habituelles à son état et dans lesquelles il était passé maître, c’est non pas certes par l’abandon mais<br />

par le développement naturel et l’approfondissement d’un témoignage, parce que ce prêtre, ainsi<br />

qu’il l’a affirmé, pense avoir suffisamment parlé <strong>de</strong> peinture pour ne s’employer présentement qu’à<br />

peindre ce qui ne peut se dire. » 2<br />

À la mort <strong>de</strong> Rouault en 1958, il éprouve le besoin <strong>de</strong> se consacrer davantage à sa peinture.<br />

Les rares grands formats qu’il a réalisés marquent sa volonté d’être plus présent sur la scène<br />

artistique <strong>de</strong> son temps. Son œuvre le fait appartenir naturellement à cette famille d’artistes<br />

que l’on appellera plus tard La Nouvelle École <strong>de</strong> Paris. Maurice Morel a trouvé dans l’art abstrait<br />

« le plus concret » 3 , « [l’expression <strong>de</strong>]ce qui ne peut se dire » 4 . Par sa peinture, il dit approfondir,<br />

exprimer son engagement pour la vie. Dans les années soixante-dix, il développe son travail autour<br />

<strong>de</strong> la méditation pour <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> culte, autour du vitrail et <strong>de</strong> la tapisserie, qui aboutira à plusieurs<br />

comman<strong>de</strong>s pour <strong>de</strong>s églises, et dont il suivra <strong>de</strong> près les exécutions. Décoré en 1968 par André<br />

Malraux pour le rayonnement culturel <strong>de</strong> son action, Maurice Morel voit se concrétiser ce à quoi<br />

il a consacré une part importante <strong>de</strong> sa vie : l’acceptation par l’Église d’une représentation non<br />

figurative <strong>de</strong> l’Évangile avec l’inauguration en 1973 d’un musée d’art mo<strong>de</strong>rne au Vatican.<br />

Sa peinture non figurative se rattache toujours à quelque chose <strong>de</strong> concret : la nature, un lieu,<br />

une idée, un événement, une pensée, une réflexion, une personne. C’est une peinture<br />

apparemment abstraite mais qui gar<strong>de</strong> toujours un lien proche et essentiel avec quelque chose<br />

d’éminemment réel, un travail raffiné sur les matières et les couleurs. Cire, gouache, pastels à l’huile,<br />

feutre… Morel teste. Cartons d’invitation, pages <strong>de</strong> magazine, cartons… Morel recycle. Une touche<br />

impulsive, un papier meurtri, Morel utilise son pinceau comme un outil. Comme le sculpteur révèle<br />

son œuvre dans le marbre, Morel attaque, gratte dans le souci <strong>de</strong> confesser au mieux ce non-dit.<br />

La spiritualité se lit, se sent, se livre sur ce bout <strong>de</strong> papier<br />

1980-1991 : la pério<strong>de</strong> méditative<br />

En 1984, une exposition « Hommage à l’abbé Morel », se tient à la <strong>Galerie</strong> La Pocha<strong>de</strong> où est<br />

présentée une sélection <strong>de</strong> ses peintures, gouaches et aquarelles en même temps q’une sélection<br />

<strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> sa collection personnelle dont son portrait en chaire <strong>de</strong> Rouault.<br />

Souffrant d’une hémiplégie <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt, son art témoigne <strong>de</strong> ce corps<br />

souffrant. Sa peinture <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus épurée et contemplative, représentant <strong>de</strong>s ciels et <strong>de</strong>s<br />

horizons. À la fois gras et rugueux, le pastel à l’huile, qui <strong>de</strong>vient son outil <strong>de</strong> prédilection, donne<br />

alors à son œuvre une matière à la méditation et à la sérénité au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son propre tourment.<br />

Maurice Morel s›éteint à l›âge <strong>de</strong> 83 ans le 15 février 1991 dans la Maison <strong>de</strong> Retraite Marie-Thérèse à<br />

Paris où il s’était retiré.<br />

Qu’il s’agisse du critique d’art ou <strong>de</strong> l’artiste, celui dont Fernand Léger disait « avec lui, on peut<br />

s’entendre, il est du bâtiment » 5 , est un acteur majeur <strong>de</strong> l’art mo<strong>de</strong>rne du XXe siècle. Sa discrétion<br />

dans l’historiographie n’est pas pour autant signe d’un artiste livré aux doutes et à l’oubli.<br />

Maurice Morel a toujours été conscient <strong>de</strong> son talent. Côtoyer ses amis artistes, considérés<br />

aujourd’hui comme les maîtres <strong>de</strong> l’art mo<strong>de</strong>rne, lui a permis <strong>de</strong> se situer dans ses faiblesses et<br />

dans ses qualités. Dépeint par ses proches comme un homme à l’humour mordant et à la critique<br />

incisive, les rencontres avec Max Jacob et Georges Rouault, ses mentors, sa collaboration avec Jean<br />

Bazaine et Alfred Manessier, l’influence <strong>de</strong> Picasso et ses recherches personnelles sont autant <strong>de</strong><br />

clés, <strong>de</strong> repères pour ai<strong>de</strong>r à la compréhension <strong>de</strong> son œuvre. Cigarette à la bouche et lunettes <strong>de</strong><br />

motard sur le front, l’homme en soutane est un artiste passionné et passionnant, metteur en scène<br />

et interprète <strong>de</strong> cette Histoire <strong>de</strong> l’art du XXe siècle.<br />

Jessica cHEZE<br />

1 Maurice Morel, « Pourquoi je peins », Art et non Art, février 1971.<br />

2 Jean Lescure, « Biographie », in Catalogue d’exposition <strong>de</strong> la <strong>Galerie</strong> Roque, Paris, 1963.<br />

3 Maurice Morel, « Pourquoi je peins », Art et non Art, février 1971.<br />

4 Jean Lescure, « Biographie », in Catalogue d’exposition <strong>de</strong> la <strong>Galerie</strong> Roque, Paris, 1963.<br />

5 Citation extraite d’une allocution radiophonique, rapportée dans André Bouler, « L’abbé Morel et les peintres », in Étu<strong>de</strong>s, 1991.<br />

7


crayon gras sur papier<br />

50 cm X 65 cm<br />

8


crayon gras sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

10<br />

crayon gras sur papier<br />

44 cm X 65 cm


12<br />

crayon gras<br />

sur papier<br />

50 cm X 65 cm<br />

crayon gras<br />

sur papier<br />

50 cm X 65 cm


crayon gras sur papier<br />

50 cm X 65 cm<br />

gouache sur papier<br />

24 cm X 50 cm<br />

13


gouache sur papier<br />

50 cm X 33 cm<br />

14<br />

gouache sur papier<br />

60 cm X 30 cm


gouache sur papier<br />

50 cm X 33 cm<br />

15<br />

gouache sur papier<br />

50 cm X 24 cm


gouache sur papier<br />

33 cm X 40 cm<br />

gouache sur papier<br />

47 cm X 31 cm<br />

16


gouache sur papier<br />

36 cm X 16 cm<br />

17<br />

gouache sur papier<br />

50 cm X 23 cm


pastel sur papier<br />

46 cm X 24 cm<br />

pastel sur papier<br />

48 cm X 63 cm<br />

18


19<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

pastel sur papier<br />

50 cm X 50 cm


pastel sur papier<br />

50 cm X 28 cm<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

20<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm


21<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm


pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

22<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm


pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

23<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 46 cm<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm<br />

pastel sur papier<br />

65 cm X 50 cm


La GaLerie <strong>de</strong> L’exiL<br />

18 avenUe MatiGnOn 75008 paris<br />

téL : 01.42.66.55.63<br />

www.GaLerie-exiL.COM<br />

24

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