La polygynie sororale et le sororat dans la Chine ... - Chine ancienne

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La polygynie sororale soit respecté, c’est-à-dire que chacune des épouses obtienne exactement du mari les faveurs auxquelles son rang lui donne droit. Chacune des femmes connaît d’avance, par la place qu’elle occupe dans le lot des suivantes, tout ce que sera sa vie sexuelle, si la surveillance de la femme principale s’exerce comme il se doit. On peut voir, à lire les réglementations (174) de la vie sexuelle d’un gynécée, telles que les auteurs chinois nous les ont conservées, que le devoir conjugal y est conçu d’une façon stricte ; aucune possibilité n’est laissée ni aux femmes ni au mari de s’abandonner aux caprices de la passion ; le rapprochement sexuel est considéré comme une obligation maritale qui ne laisse place à aucun jeu : chaque femme doit approcher du mari au jour convenable et à l’heure prescrite ; la fréquence, la date, la pompe (175) de ces rapprochements sont fixées par un protocole impérieux. De même qu’il n’y a point de choix libre dans le mariage. il n’y a point de caprice dans la vie matrimoniale. Dans leurs rapports entre elles, comme dans leurs rapports avec l’époux, les femmes sont tenues d’obéir à une hiérarchie qui leur paraît trop naturelle, puisqu’elles ont appris à la respecter dès l’enfance, pour permettre l’essor d’aucun sentiment personnel. Tout change dès que les règles de la polygynie sororale ne sont plus respectées. Les femmes venues de familles différentes ne forment plus un corps homogène ; il n’y a plus entre elles une hiérarchie naturelle et qui s’impose à leur cœur ; elles ne sont plus des aînées ou des cadettes habituées dès le jeune âge à obéir ou à commander ; elles représentent les intérêts de familles diverses ; elles ont chacune l’attrait d’une éducation particulière et d’une race différente. Entre elles se posent des questions de préséance et de prestige, et chacune est armée à sa manière pour tenter de 80

La polygynie sororale triompher de l’autre. C’est alors le règne des querelles de gynécée qui ne sont en somme que des conflits d’influence familiale et le retentissement dans la vie privée des querelles publiques, résultats de l’instabilité des alliances seigneuriales. En même temps que les seigneurs épousent dans diverses familles pour accroître le rayonnement de leur prestige, ils cherchent à donner un prestige plus grand à leur autorité par la manifestation de leur luxe : ils se fournissent d’un harem splendide ; ils s’entourent d’une cour éclatante de femmes ; on leur donne et ils achètent des concubines, en grand nombre et les plus belles possible. Celles-là ne sont pas capables, comme les épouses des âges où l’on se conformait aux rites (176), d’attendre dans la retraite du gynécée le temps fixé pour approcher du seigneur : rien ne les retient d’user de leurs charmes pour séduire le maître ; elles cherchent à plaire, à faire naître un amour pour leur personne, une passion nourrie de sentiments particuliers, qui sera exclusive et qui provoquera la jalousie. Dans la poésie de cour, éclose dans les harems somptueux, apparaissent des sentiments personnels, absents de la vieille poésie populaire : ils correspondent à l’apparition des drames passionnels déjà fréquents dans les hautes classes de la noblesse. Et pourtant, même aux temps de l’anarchie féodale, l’influence des principes sur lesquels reposait la polygynie sororale continuait à se faire sentir et, dans son fond, le lien matrimonial déterminait si peu de sentiments personnels et exclusifs que les épouses continuaient à se charger d’introduire, sous leur patronage, auprès de leur mari, les femmes nouvelles qu’on leur offrait (177). La possibilité qui était laissée aux Nobles de se marier plus d’une fois fut apparemment l’origine d’une vie passionnelle dans les classes moyennes de la société chinoise : en effet, les seuls accents 81

<strong>La</strong> <strong>polygynie</strong> <strong>sorora<strong>le</strong></strong><br />

triompher de l’autre. C’est alors <strong>le</strong> règne des querel<strong>le</strong>s de gynécée<br />

qui ne sont en somme que des conflits d’influence familia<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

r<strong>et</strong>entissement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie privée des querel<strong>le</strong>s publiques, résultats<br />

de l’instabilité des alliances seigneuria<strong>le</strong>s. En même temps que <strong>le</strong>s<br />

seigneurs épousent <strong>dans</strong> diverses famil<strong>le</strong>s pour accroître <strong>le</strong><br />

rayonnement de <strong>le</strong>ur prestige, ils cherchent à donner un prestige<br />

plus grand à <strong>le</strong>ur autorité par <strong>la</strong> manifestation de <strong>le</strong>ur luxe : ils se<br />

fournissent d’un harem sp<strong>le</strong>ndide ; ils s’entourent d’une cour<br />

éc<strong>la</strong>tante de femmes ; on <strong>le</strong>ur donne <strong>et</strong> ils achètent des concubines,<br />

en grand nombre <strong>et</strong> <strong>le</strong>s plus bel<strong>le</strong>s possib<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>s-là ne sont pas<br />

capab<strong>le</strong>s, comme <strong>le</strong>s épouses des âges où l’on se conformait aux<br />

rites (176), d’attendre <strong>dans</strong> <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite du gynécée <strong>le</strong> temps fixé pour<br />

approcher du seigneur : rien ne <strong>le</strong>s r<strong>et</strong>ient d’user de <strong>le</strong>urs charmes<br />

pour séduire <strong>le</strong> maître ; el<strong>le</strong>s cherchent à p<strong>la</strong>ire, à faire naître un<br />

amour pour <strong>le</strong>ur personne, une passion nourrie de sentiments<br />

particuliers, qui sera exclusive <strong>et</strong> qui provoquera <strong>la</strong> jalousie. Dans <strong>la</strong><br />

poésie de cour, éclose <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s harems somptueux, apparaissent<br />

des sentiments personnels, absents de <strong>la</strong> vieil<strong>le</strong> poésie popu<strong>la</strong>ire :<br />

ils correspondent à l’apparition des drames passionnels déjà<br />

fréquents <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s hautes c<strong>la</strong>sses de <strong>la</strong> nob<strong>le</strong>sse. Et pourtant, même<br />

aux temps de l’anarchie féoda<strong>le</strong>, l’influence des principes sur<br />

<strong>le</strong>squels reposait <strong>la</strong> <strong>polygynie</strong> <strong>sorora<strong>le</strong></strong> continuait à se faire sentir <strong>et</strong>,<br />

<strong>dans</strong> son fond, <strong>le</strong> lien matrimonial déterminait si peu de sentiments<br />

personnels <strong>et</strong> exclusifs que <strong>le</strong>s épouses continuaient à se charger<br />

d’introduire, sous <strong>le</strong>ur patronage, auprès de <strong>le</strong>ur mari, <strong>le</strong>s femmes<br />

nouvel<strong>le</strong>s qu’on <strong>le</strong>ur offrait (177).<br />

<strong>La</strong> possibilité qui était <strong>la</strong>issée aux Nob<strong>le</strong>s de se marier plus d’une<br />

fois fut apparemment l’origine d’une vie passionnel<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

c<strong>la</strong>sses moyennes de <strong>la</strong> société chinoise : en eff<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s seuls accents<br />

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