La polygynie sororale et le sororat dans la Chine ... - Chine ancienne
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La polygynie sororale III ■ La société chinoise des temps féodaux Les textes que j’ai rassemblés établissent de façon formelle que la polygynie sororale était une coutume généralement suivie, en fait, et obligatoire, en droit, dans la noblesse, à la période féodale de l’histoire chinoise, qu’on nomme d’ordinaire la période Tch’ouen Ts’ieou et qui correspond à la fin de la dynastie des Tcheou (15). Les faits que les chroniqueurs nous ont conservés sont assez nombreux et assez explicites pour permettre une étude assez détaillée de l’usage ; mais ce n’est pas là peut-être le plus grand intérêt de ces faits chinois : ils sont principalement précieux parce qu’ils donnent le moyen de considérer une institution matrimoniale, connue jusqu’ici par des données ethnographiques un peu fragmentaires, dans ses rapports avec un état défini de l’organisation familiale et sociale. ●Je donnerai d’abord en raccourci les traits caractéristiques de cette organisation (16). À l’époque féodale, le peuple chinois se divise en deux parts ; d’un côté, la noblesse ou ce que les érudits indigènes appellent les familles distinguées, de l’autre, le peuple des campagnes, les familles de gens simples, rustiques (17), ceux que les textes désignent le plus souvent par l’expression Chou jen, la plèbe. Les rites, dit le Kiu li (18), ne s’appliquent pas aux gens du peuple : en effet, les grands recueils rédigés par les ritualistes ne nous renseignent point sur les usages populaires, et nous ne 40 @
La polygynie sororale posséderions sur eux que des indications isolées si le Che king ne nous avait conservé un ensemble important de vieilles chansons où nombre de ces usages se sont inscrits. ◙ Les familles rustiques habitaient la campagne hors de l’influence du gouvernement établi dans les villes (19) ; elles y vivaient dans des villages enclos, Li (20), réunissant toutes les maisons d’un groupe de personnes (21) dont la parenté était indiquée par un nom de famille, Sing, propriété commune du groupe : il y a des chances que ce nom de la famille fût celui du village familial (22). Unis par la communauté du nom, lien mystique qui leur apparaissait comme le signe d’une identité spécifique, les parents vivaient dans une intimité complète de sentiments et de désirs (23) ; ils formaient un groupe d’une solidarité si parfaite que leur parenté n’apparaissait point comme le résultat de liens personnels, mais qu’elle dérivait simplement de la vie en commun ; c’était une parenté de groupe où ne se distinguaient point des rapports définis ; le langage n’éprouvait pas le besoin d’attribuer un nom particulier au père et un autre à l’oncle ; le même mot suffisait pour la femme de celui-ci et pour la mère, de même qu’il n’en fallait qu’un pour désigner le fils et le neveu. La nomenclature de parenté n’avait à tenir compte que des différences de sexe, d’âge et de génération. Dans ce groupement strictement homogène, pas de hiérarchie ou presque ; les membres du groupe se classaient d’après l’âge (24) et le doyen parlait au nom de tous. C’était par des repas de famille que s’entretenait le sens de la communauté domestique, qui semblait reposer sur une identité substantielle, identité absolue entre deux parents de même génération (25) ; □ quand meurt le doyen d’une famille, s’il reste un membre de la génération du mort, il remplit à sa place les fonctions du disparu ; on ne peut pas dire 41
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l’histoire chinoise, qu’on nomme d’ordinaire <strong>la</strong> période Tch’ouen<br />
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Les rites, dit <strong>le</strong> Kiu li (18), ne s’appliquent pas aux gens du<br />
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