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(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences

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Par contre, la population se rassemble dans le centre, polarisé par Pointe-à-Pitre.<br />

L’agglomération pointoise, au recensement de 1984, rassemble à elle seule un quart<br />

de la population guadeloupéenne, et la partie centrale progresse à 43,5% à partir du<br />

recul des autres régions.<br />

4. Le malaise politique et la recherche<br />

d’une identité régionale antillaise<br />

On assiste donc à une trans<strong>for</strong>mation profonde des Départements d’Outre-Mer<br />

antillais depuis 1946. Nous avons montré que cette trans<strong>for</strong>mation aboutit à un<br />

développement sans croissance économique. Les progrès du chômage et du<br />

sous-emploi, les faiblesses de la production agricole (notamment dans le domaine<br />

sucrier), les résultats peu satisfaisants de la ré<strong>for</strong>me agraire assez dangereuse au plan<br />

de la production et qui ne résoud en rien le problème de l’emploi, les difficultés du<br />

développement industriel, les faiblesses du développement touristique, l’hypertrophie<br />

du secteur tertiaire, la régression de l’emploi, l’inégale répartition des revenus,<br />

sont des ombres qui masquent les <strong>for</strong>midables progrès des équipements, des<br />

garanties sociales et de la consommation. Les Antillais prennent conscience que<br />

cette évolution économique conduit leurs départements à être de plus en plus<br />

«assistés» par la métropole et à devenir de plus en plus dépendants. Comment un<br />

enrichissement appréciable de la population peut-il s’accompagner d’inquiétants<br />

phénomènes que le gouvernement semble incapable de maîtriser : l’accroissement du<br />

déficit commercial, l’augmentation du chômage, la dépendance accrue envers la<br />

métropole? Certains aspects de l’évolution économique ont donc engendré un réel<br />

malaise, notamment chez les jeunes.<br />

Autre cause d’insatisfaction, la prise de conscience que la départementalisation<br />

n’est pas apte à décoloniser les Antilles françaises, mais qu’elle risque même de<br />

ren<strong>for</strong>cer la tutelle de la métropole, conduisant inéluctablement au triomphe de la<br />

centralisation et des technocrates parisiens.<br />

De 1946 à 1956, les mouvements hostiles à l’assimilation restèrent assez diffus.<br />

Le parti communiste critiqua certains aspects de la départementalisation, mais resta<br />

attaché à la politique assimilationniste. Le parti socialiste soutint également la<br />

départementalisation, tout en réclamant plus de décentralisation.<br />

L’année 1956 marque un tournant dans la prise de conscience, par les Antillais<br />

eux-mèmes, des problèmes nés du statut départemental. La loi-cadre Defferre<br />

engageait l’Afrique noire francophone dans la voie d’une décolonisation devant<br />

mener par étapes successives à l’indépendance. La déstalinisation et les événements<br />

de Hongrie entraînèrent une crise au sein du Parti communiste français. Le<br />

député-maire de Fort-de-France, Aimé Césaire, démissionna du Parti communiste<br />

français, prit position contre la départementalisation, créa le Parti progressiste<br />

martiniquais (P.P.M.), opta pour un statut de type fédéral. Afin de ne pas se laisser<br />

déborder sur leur gauche par le P.P.M., les communistes antillais obtinrent leur<br />

autonomie par rapport au Parti communiste français (mars 1958). Dès lors, le P.C.

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