(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences
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injecte dans les circuits économiques et sociaux, mais encore par toutes les décisions<br />
d’ordre réglementaire qu’il est conduit à prendre.<br />
3.3. L ’élévation des niveaux de vie<br />
Une partie des biens importés et des services dépensés est destinée à l’équipement.<br />
C ’est d’ailleurs ce qui explique la part très importante qui revient aux Bâtiments et<br />
Travaux Publics dans le secteur industriel. Mais l’élévation des revenus des ménages<br />
a incontestablement entraîné une élévation des niveaux de vie et une consommation<br />
accrue. En 1946, la Guadeloupe avait 450 voitures particulières ; elle en avait 11 351<br />
en 1958 et 86 164 en 1978. En 1958, il y avait, aux Antilles françaises, une voiture<br />
par 43 habitants ; en 1978, il y en a une pour 5,4 habitants. L’évolution du parc<br />
automobile est un bon réactif de l’accession des Antilles françaises à la société de<br />
consommation.<br />
Les populations antillaises ont donc largement bénéficié des effets de la départementalisation<br />
par l’élévation de leurs revenus. En 1976, le P.I.B. per capita<br />
s’établissait en Guadeloupe à près de 12 000 F, et à 16 000 F en Martinique, ce qui<br />
représente 45% du revenu per capita métropolitain. Le rattrapage se fait à un rythme<br />
rapide, puisqu’il y a une quinzaine d’années, ce rapport était d’environ 30%. Nous<br />
sommes très au-dessus des revenus des autres îles ou États de la Caraïbe et de<br />
l’Amérique centrale. En 1982, le P.I.B. per capita a été de 23 308 F en Guadeloupe.<br />
Cela signifie-t-il que la situation soit tout à fait satisfaisante? Si l’on observe une<br />
amélioration très sensible du niveau de vie de couches sociales nombreuses, on ne<br />
saurait affirmer que tous les habitants profitent de cette amélioration. Les revenus<br />
restent encore mal distribués. Le mécanisme est simple à comprendre. Les transferts<br />
extérieurs - liés à la solidarité nationale et aux sommes introduites dans l’économie<br />
guadeloupéenne par le développement du tourisme — animent essentiellement le<br />
secteur des Bâtiments et Travaux Publics, le commerce et les services. Le gonflement<br />
du chiffre d’affaires, lié aux apports extérieurs, a élevé le niveau de vie des salariés<br />
des secteurs public et privé touchés par cette injection de capitaux.<br />
L’amélioration du niveau de vie de ces groupes sociaux contraste avec la situation<br />
difficile que connaissent les petits propriétaires ruraux, les colons, les salariés<br />
agricoles. Tout se passe comme si les activités rurales étaient marginalisées. Par<br />
rapport au circuit supérieur du monde des affaires, la vie rurale est reléguée au rang<br />
de parent pauvre et constitue un circuit inférieur en situation marginale. En ville, les<br />
citadins sans emploi permanent et les chômeurs se trouvent aussi dans une situation<br />
critique. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’il y ait aggravation des<br />
disparités de revenus et que le développement des activités dites modernes ait<br />
entraîné un sous-développement relatif des secteurs traditionnels et de l’infra-ter-<br />
tiaire urbain, également non intégré.