(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences
(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences
(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
- 200-<br />
salaires minima interprofessionnels de croissance sont appliqués dans les DOM et<br />
sont commandés par l’évolution des prix à la consommation. À ces salaires<br />
s’ajoutent les charges sociales, comparables à celles de la métropole. Les Départements<br />
d’Outre-Mer sont donc, par rapport aux autres pays tropicaux, des régions à<br />
main-d’œuvre chère. La survie de l’économie de plantation était liée au maintien<br />
d’une main-d’œuvre à bon marché. Il y a incompatibilité entre l’agriculture traditionnelle<br />
et les hauts salaires. La seule parade consiste à mécaniser, à passer à une<br />
agriculture plus intensive dans laquelle la charge des salaires est moins sensible.<br />
Dans le domaine industriel, la charge salariale est également un lourd handicap.<br />
Le «miracle» de Puerto Rico n’avait été rendu possible que parce que les salaires de<br />
l’État Associé étaient inférieurs à ceux pratiqués par les États américains du<br />
continent. Dans les Départements d’Outre-Mer français, salaires et charges sociales<br />
élevés font hésiter les investisseurs en dépit d’une législation incitative favorable. Ces<br />
hauts salaires freinent l’industrialisation et sont une menace permanente pour<br />
l’agriculture d’exportation. Par suite de la concurrence au sein du Marché Commun<br />
des produits agricoles issus des anciennes colonies britanniques d’Afrique, des<br />
Caraïbes et du Pacifique (les A.C.P.) à main-d’œuvre bon marché, la France a fait<br />
inscrire la clause de sauvegarde au profit des Départements d’Outre-Mer dans les<br />
accords de Lomé, et a sollicité pour les DOM le bénéfice des aides prioritaires<br />
prévues par la Communauté.<br />
3.2. Les transferts de fonds publics<br />
Par suite de la faiblesse de l’appareil productif local, les transferts de fonds publics<br />
prennent une importance particulière. Ils sont constitués par les dépenses de<br />
fonctionnement et d’équipement des services civil et militaire, par les versements des<br />
organismes centraux en faveur des caisses de sécurité sociale et d’allocations<br />
familiales, par les versements du FIDOM et du FED. En 1980, en Guadeloupe, les<br />
transferts publics ont été de 2321 millions de francs sur les 2741 millions de francs<br />
de dépenses financées par l’État, ce qui représente 85% de ces dépenses! Ce taux<br />
de couverture par les transferts publics extérieurs des dépenses de l’État ne cesse<br />
d’augmenter: 51% en 1961, 60% en 1965, 75% en 1976, 85% en 1980. Les<br />
injections de capitaux publics extérieurs représentent entre 35 et 40% du Produit<br />
Intérieur Brut!<br />
Ces transferts permettent le déséquilibre croissant de la balance commerciale. En<br />
1982, le taux de couverture des exportations par rapport aux importations, n’a été<br />
que de 13% en Guadeloupe et de 15,8% en Martinique. Le déficit de la balance<br />
commerciale a été de 3568 millions de francs en Guadeloupe et de 4071 millions<br />
en Martinique. Ce déséquilibre signifie que les Antilles consomment beaucoup plus<br />
qu’elles ne produisent. Elles ne peuvent le faire que grâce aux transferts de capitaux<br />
publics qui rééquilibrent cette balance. C ’est dire le rôle économique essentiel que<br />
joue l’État français dans la vie des îles, non seulement par les masses financières qu’il