(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences

- 194 —
menten. Zij toont eveneens de nadelen van deze integratiepolitiek, ondermeer wat betreft de
plaatselijke produktie en de regionale identiteit die door de sociale en economische hulp van
het moederland slecht behandeld werden, en door een centraliserende assimilatiepolitiek.
Vandaar de bewegingen van de autonomisten en independentisten, die periodisch de Franse
Antillen in oproer brengen en die' in deze mededeling zullen besproken worden.
S u m m ary . - The French Overseas Departments of the Antilles : Assimilation and regional
identity. — Just after the Second World War a powerful movement of decolonisation swept the
world. The elected representatives of the four “old colonies” (Guadeloupe, Martinique,
Guyane and Réunion) opted for a so-called policy of assimilation. The French Parliament
satisfied them with the law of departmentalization of the 19th March, 1946, which gave these
four territories the status of a French Overseas Department. Since this date, assimilation has
been accompanied by large works programmes, an audacious investment policy, very large
annual financial transfers, accelerated social evolution, all of which have upturned the
traditional aspects of these territories. This paper presents the favourable effects of the
economic and social changes in the Departments of the Antilles. It also shows up the
inconveniences of the integrationist policy, especially concerning local production and
regional identity, maltreated by metropolitan economic and social aid and by a centralising
policy of assimilation. From this stem the movements for autonomy and independence which
periodically perturb the French Antilles, and which will be analysed in this paper.
*
* *
Jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les Antilles françaises, la
Guadeloupe et la Martinique, étaient restées fidèles à leur passé d’«isles à sucre».
Certes, le XIXe siècle avait profondément modifié les équilibres légués par le système
esclavagiste, mais tous les traits caractéristiques de l’«économie de plantation»
subsistaient : concentration de la propriété terrienne, primauté des grandes cultures
d’exportation (canne et banane), rôle essentiel de l’agriculture dans l'économie,
politique des bas salaires, etc. Certes, l’esclavage avait été aboli en 1848, mais la
stratification sociale était encore celle de la «société de plantation» un siècle plus
tard : la classe dominante était formée des propriétaires de grands domaines ou
d’usines, des grands négociants contrôlant le commerce d’import-export, tandis que
la masse dominée, à faible niveau de vie, était constituée des salariés agricoles, des
colons partiaires, des petits propriétaires, des ouvriers et employés des villes et des
bourgs. L’économie et la société des années 1945-50 restaient profondément
marquées par le binôme plantation-esclavage, qui avait duré deux siècles sous sa
forme première, de 1650 à 1848, et qui survivrait encore en grande partie cent ans
après la mesure abolitionniste de 1848.
1. La départementalisation
Après la Seconde Guerre Mondiale, un puissant courant de décolonisation
parcourut le monde et n’épargna pas la Caraïbe. Afin de mettre un terme à la période
coloniale, la loi du 19 mars 1946 transforma les quatre «vieilles colonies» — la