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(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences

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Les organisations d’aide commencent alors à s’entredéchirer à qui mieux mieux.<br />

Après le passage de la Princesse Anne d’Angleterre, le «Save the Children Fund»<br />

qu’elle dirige, et l’Unicef, qui lui a fait concurrence au Darfour, avouent qu’ils ont<br />

peut-être fait autant de mal que de bien par des opérations fondées sur la mort<br />

anticipée d’êtres toujours vivants. Le nouveau directeur régional de l’Unicef insiste<br />

néanmoins sur la nécessité de continuer ces opérations pour ne pas «ternir l’image»<br />

des organisations en cause et «gagner de la crédibilité».<br />

Le CMT, lui, mène sa barque en ces eaux agitées et maintient un calme relatif dans<br />

l’opinion publique en détournant son attention vers des problèmes politiques, tels<br />

que les relations avec les autres États arabes qui ne pardonnent pas l’envoi en Israël,<br />

l’an passé, de rèfiigiés Falasha d’Éthiopie et, surtout, la dissidence où des notables<br />

du Darfour et du Kordofan agiraient, dit-il, d’accord avec ceux du sud. Au sein<br />

même du conseil, le général Suwar et son ministre de la Défense préconisent à<br />

l’égard du sud une politique prudente que condamne le vice-président. Quoi qu’il en<br />

soit, la guerre là-bas prend une direction nouvelle et plus grave que jamais : Garang<br />

parvient à isoler l’Equatoria et à empêcher toute opération de secours en dehors des<br />

centres urbains.<br />

Et ainsi, sans qu’aucun problème ne soit résolu, prend fin l’«Année des Pauvres»<br />

(Amm El-Fuqura).<br />

♦<br />

* *<br />

Après cent ans de régimes aussi divers que ceux de la Mahdiyya, jusqu’en 1898,<br />

du condominium anglo-égyptien tel que conçu alors, mais presque exclusivement<br />

anglais à partir de 1924, et de république depuis 1956, qu’y a-t-il de changé au<br />

Soudan?<br />

Sur la carte, le Soudan reste le plus vaste pays d’Afrique (2,5 millions de<br />

kilomètres carrés), traversé de part en part par le Nil Blanc et irrigué de surcroît par<br />

le Nil Bleu, mais à cette réalité foncière répond une réorientation artificielle de son<br />

réseau de communications. Chemins de fer et routes convergent vers la nouvelle ville<br />

de Port-Soudan, alors que jadis bateaux (le Mahdi était un batelier) et chameaux<br />

cheminaient, chacun à sa façon, vers le nord, c’est-à-dire vers l’Égypte. Aucun bout<br />

de rail n’a été construit pour faire du rêve Cap-au-Caire une réalité de ce côté.<br />

Une infrastructure aussi artificielle ne peut être rentable que si elle dessert une<br />

population nombreuse dans un pays suffisamment industrialisé. À ce point de vue,<br />

le Soudan dispose des bras plutôt que des outils indispensables au développement.<br />

Sa population, tombée, dit-on, de 8,5 millions d’âmes à 2,3 millions durant la<br />

Mahdiyya, s’est retrouvée à 5,7 millions une génération plus tard, et à 10 millions<br />

le jour de l’indépendance. Dans ce dernier chiffre figuraient 1,3 millions d’habitants<br />

du Darfour, dont un demi-million constitué par des Africains de l’ouest, surtout<br />

Fellata (Peul) et Takarir (Toucouleur). Car un chercheur opiniâtre, G. Ayoub<br />

Balamoan, a découvert comment un tel bond démographique correspondait à une<br />

immigration récente, quoiqu’intégrée au point de ren<strong>for</strong>cer le contraste entre nord

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