(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences
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ont envoyé des représentants à Khartoum, Siwar convoque ceux-ci pour leur dire que<br />
cinq millions d’êtres humains sont menacés de famine du côté du Darfour, après<br />
avoir perdu par la sécheresse leurs récoltes et leur bétail. Un million-et-demi de leurs<br />
congénères se seraient déjà enfiiis vers les villes dans l’espoir d’y trouver des moyens<br />
de survivre. C ’est alors que surgit un autre danger, sans doute le plus inattendu de<br />
tous.<br />
Depuis le 17 décembre 1984, l’ONU a créé un «Office d’Opérations de Crise en<br />
Afrique» mais la FAO reproche à cet office de détourner des vivres réservés par la<br />
FAO à des buts à moyen et long terme qu’elle seule est qualifiée pour juger. Bientôt<br />
les dissensions entre organisations couplées avec la chute des premières pluies,<br />
tourneront au scandale. D ’une part, on recrute le personnel qu’on peut attirer ou<br />
trouver sur place et l’influente VOS (Voluntary Organisations Service) anglaise traite<br />
en des colloques à Londres des cas des volontaires féminins nymphomanes, des<br />
volontaires masculins alcooliques ou drogués (on ne s’inquiète même plus de la<br />
présence d’homosexuels, particulièrement odieuse aux Musulmans) et des couples<br />
brisés par d’excessives tentations. L’infrastructure du Soudan, d’autre part, qui peut<br />
passer pour modèle en des circonstances normales, craque de toutes parts devant<br />
l’excès des services qu’on lui demande.<br />
Il y a bien le Nil, toujours là comme l’«01d Man River», mais ce n’est pas de lui<br />
qu’on a besoin et les rebelles d’ailleurs ne manquent aucune occasion de tirer sur les<br />
bateaux qui passent. Beaucoup plus grave est l’incapacité des camions de rouler sur<br />
des routes défoncées par les averses (mais où sont les chameaux d’antan? pas<br />
disparus, mais réduits en nombre, quoique des caravanes de 1000 chameaux<br />
parcourent encore l’Arba’in en direction du Caire) et celle du chemin de fer (954<br />
kilomètres du Nil à Nyala, au Sud-Darfour) de transporter quotidiennement les<br />
11 700 tonnes métriques de vivres offerts par les Américains. À propos du chemin<br />
de fer, on constate même que le développement, au sens post-colonial (ou néocolonial?)<br />
du terme, consiste à se tenir à grands frais au courant des derniers progrès<br />
de la technologie plutôt qu’à réparer ou remplacer un matériel jugé démodé. La CEE<br />
doit aller jusqu’au Pays de Galles pour trouver la seule usine capable de renouveler<br />
le matériel de ce chemin de fer et, bien entendu, incapable de le faire sans de longs<br />
délais, malgré une bonne volonté exemplaire.<br />
L’année va vers sa fin au milieu des récriminations, celles des organisations qui<br />
s’accusent mutuellement de faire plus de mal que de bien, celles du Fonds monétaire<br />
international, qui reproche au CMT de ne pas se suicider en adoptant son programme<br />
d’austérité, celles des organisations d’aide, qui reprochent aux fonctionnaires<br />
soudanais de ne pas assez croire à la nécessité de leur présence, celles de ces<br />
fonctionnaires qui demandent à distinguer entre les besoins d’un million et demi<br />
d’affamés étrangers et ceux de leurs compatriotes capables de se nourrir par leurs<br />
propres moyens, celles des coopérants qui mettent à la mode le concept de «choc<br />
culturel» et celles de la population locale qui demande si le concept occidental de<br />
la culture se limite au con<strong>for</strong>t matériel.