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(1986) n°2 - Royal Academy for Overseas Sciences

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Ainsi s’affrontent les «assimilationnistes» ou «départementalistes», qui luttent pour<br />

le maintien du statut actuel ; les «indépendantistes» qui militent pour la séparation<br />

des DOM d’avec la France ; enfin, les thèmes «autonomistes» qui rejettent toute idée<br />

d’indépendance, laquelle, selon la phrase d’Aimé Césaire, ne saurait être qu’une<br />

«indépendance de la misère», mais qui revendiquent le maximum de pouvoirs dans<br />

le cadre de l’État français, liberté qui passe par une véritable décentralisation et par<br />

le respect de l’originalité culturelle antillaise. Si les positions assimilationnistes et<br />

indépendantistes (ou séparatistes) sont claires, le courant autonomiste est plus<br />

ambigu, l’idée d’indépendance n’étant pas toujours absente de certains propos de<br />

personnalités «autonomistes». Les syndicats et les partis de gauche de métropole<br />

rejoignent les organisations autonomistes. Le texte du programme commun de la<br />

gauche concernant les DOM affirmait leur droit à l’autodétermination. Comme de<br />

nombreuses fédérations socialistes d’Outre-Mer sont assimilationnistes, il s’ensuivit<br />

un état de crise, jusqu’à ce que le Président de la République et la nouvelle majorité<br />

issus des élections de 1981 renoncent à intervenir dans les DOM et choisissent la<br />

voie légale, abandonnant la décision aux élus de chaque département.<br />

On sait qu’en raison de particularismes locaux très vivaces, l’application de la loi<br />

du 5 juillet 1972, organisant les régions, conduisit à choisir la <strong>for</strong>mule du département-région.<br />

Les ré<strong>for</strong>mes décentralisatrices préparées par Gaston Defferre au début<br />

du septennat de François Mitterrand augmentèrent les pouvoirs du Conseil général<br />

et du Conseil régional, ce qui allait dans le sens des revendications des autonomistes<br />

et de certains départementalistes. Mais le ministre des DOM-TOM ne put obtenir<br />

qu’une assemblée unique traitât à la fois des problèmes départementaux et régionaux.<br />

La départementalisation lut respectée dans son esprit. Le Conseil Constitutionnel,<br />

saisi du problème par l’opposition, décida que, comme en métropole, le Conseil<br />

général et le Conseil régional seraient deux assemblées élues différentes. L’assemblée<br />

unique qui risquait d’être une étape vers le séparatisme était rejetée. C ’était une<br />

victoire des assimilationnistes.<br />

Les indépendantistes eurent, à plusieurs reprises, recours à l’action violente. Nous<br />

avons déjà évoqué le G.O.N.G., qui participa aux émeutes de mars 1967 à<br />

Basse-Terre et de mai 1967 à Pointe-à-Pitre, où les C.R.S. ouvrirent le feu sur des<br />

ouvriers du bâtiment grévistes. Il faudrait aussi rappeler les actions du G.L.A.<br />

(Groupe de Libération Armée), qui voulait décourager les investisseurs en Guadeloupe<br />

et déstabiliser l’économie du département par le terrorisme. Ses deux<br />

principaux chefs furent arrêtés en février 1981. L’un d’eux, Luc Reinette, après avoir<br />

bénéficié de l’amnistie présidentielle, reprit son activité terroriste en créant l’Alliance<br />

Révolutionnaire Caraïbe (A.R.C.), à laquelle on imputa plusieurs attentats commis<br />

dans l’île en 1983 et 1984.<br />

Le terrorisme indépendantiste s’exprima également par les actions des plastiqueurs<br />

de l’Union Patriotique pour la Libération de la Guadeloupe (U.P.L.G.).<br />

Jacques Berthelot, un architecte très connu, se tua, avec trois de ses camarades, en<br />

manipulant une bombe en juillet 1984. Toutes ces actions terroristes, les procès<br />

contre les poseurs de bombe, font peu à peu pénétrer l’idée d’indépendance dans les

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