# 45 03.2012 - Saint-Josse-ten-Noode - Région de Bruxelles-Capitale

JOSKE #45 03/2012 | PORTRAIT | PORTRET |
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Laure
Lemaire,
l’informatique
au féminin
Laure habite et travaille
à Saint-Josse. Elle nous
livre un double regard,
tout à la fois personnel
et professionnel sur une
commune qui bouge et
change.
Parmi les fi gures de proue que compte notre
km 2 , elle est représentative du Saint-Josse
nouveau qui se dessine petit à petit. A la tête
de l’asbl Interface3 située à la rue du Méridien,
elle contribue à favoriser l’accès des
femmes aux professions de l’informatique, un
secteur professionnel riche en opportunités
de carrières. Chaque année, 300 stagiaires –
dont nombre de femmes de Saint-Josse et de
Schaerbeek – abordent le marché de l’emploi
avec de nouvelles compétences qui leur permettent,
pour la plupart, de décrocher un job
dans un métier lié à leur formation. Quand on
sait que quasiment tous les postes du secteur
sont occupés par des équipes masculines et
qu’à peine 1% des diplômes en informatique
est délivré à des femmes, on prend la mesure
du travail de cette association. A tel point que
cette année encore, la Get Online Week organisée
par Telecentre Europe et soutenue par
la Commission européenne met le focus sur
l’association tennoodoise. Trois commissaires
européens se rendront sur place le 8 mars
pour rencontrer les stagiaires et les enseignants
et témoigner de la qualité de ce travail
au niveau européen.
En pratiquant un militantisme doux ou, selon
les points de vue, un féminisme pragmatique,
voilà une équipe de sacrés nanas qui
parvient à lutter contre les idées reçues avec
effi cacité. Beaucoup de femmes qui entrent
chez Interface3 ont pour toute perspective de
travailler dans l’horeca ou en tant que technicienne
de surface. Après une formation d’un
an, l’une travaille chez Bosch, l’autre à la Libre
Belgique, chez Econocom et d’autres grandes
entreprises. Les témoignages de ces femmes
sont à voir sur le site internet de l’association
qui maintient aussi les contacts avec les anciennes
stagiaires. Outre les compétences,
l’équipe a bien compris qu’il fallait travailler
également sur la confi ance en soi des femmes.
Les portes des employeurs se sont aussi
ouvertes grâce à un discours clair et des promesses
tangibles.
Sans tabou, Laure aborde tous les sujets
réputés sensibles et informe sans chichis que
oui, le choix de porter le voile représente une
barrière dans le monde professionnel. Elle explique
posément que les fi lières ne sont pas
les mêmes mais qu’il existe tout de même des
possibilités d’embauche, dans le secteur non
marchand par exemple, pour celles qui souhaitent
porter le voile. Elle consacre une part
importante de son énergie à un travail de veille
stratégique qui lui permet d’adapter sans arrêt
les formations proposées aux exigences
du marché de l’emploi, particulièrement mouvantes
dans ce secteur. La souplesse de sa
structure lui permet cette extraordinaire réactivité
que les opérateurs plus institutionnels lui
envient.
Economiste et sociologue de formation,
Laure a aussi travaillé à la Cité des Sciences
et de l’Industrie de Paris et a planché au sein
de l’asbl Palais 46 sur un projet de Cité des
Métiers bruxelloise. A l’international, elle a
participé à des travaux de recherche en tant
que consultante dans des matières comme
la formation professionnelle ou l’impact de
l’évolution des technologies de l’information
et de la communication sur les métiers. Elle
est l’auteur de plusieurs ouvrages spécialisés.
Son niveau de compétence est un sésame qui
lui permet d’être à l’aise dans tous les milieux
professionnels, si masculins soient-ils, mais
ne l’empêche pas d’être discrète et disponible.
Une chance donc pour la commune réputée
« la plus pauvre du pays ».
En tant qu’habitante, elle nous livre ses
impressions sur sa commune et son quartier,
tels qu’ils sont aujourd’hui, mais aussi sa vision
du Saint-Josse de demain, dans dix ou
vingt ans.
«Je crois que ce qui me plaît le plus à Saint-
Josse, où je vis depuis 11 ans déjà, c’est sa
dimension multiculturelle et donc, ses habitants
! Venus de partout dans le monde, ils
apportent dans leurs valises, leur savoir-faire
culinaire, leurs délicieuses spécialités telles
que les pâtisseries marocaines et turques qui
nous font saliver devant les vitrines des boulangeries,
leurs épices odorantes, leurs vêtements
particuliers, leurs tissus, leur langue
et leurs histoires. Ça c’est le côté magique
de notre commune, on y voyage toujours un
peu, sans se déplacer à des milliers de km...
Laure Lemaire et la Commissaire européenne Neelie Kroes lors de la Get Online Week de 2011 | Laure Lemaire en Europees Commissaris Neelie Kroes bij de Get Online Week van 2011