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LA NOTITIA D'ANTIOCHE 87
avertit en effet qu'il n'a pas précisément, sous le rapport du dogme,
de préjugé antilatin puisque les Églises dont il annonce la descrip
tion et celle de Rome vient en tête comme ailleurs sont
toutes orthodoxes ayant même foi et mêmes croyances1. Surtout
la formule finale, qui est aussi de lui, nous, signale la conjoncture
dans laquelle se fait dans son esprit l'unanimité spirituelle, la
défense des images (p??s??????t?? ta? a??a? ?a? seßasµ???? e????a?).
Si l'on tient compte que la copie de l'opuscule vient dans le patmiacus
aussitôt après les actes du synode iconodule de 836, on
sera fondé à conclure qu'elle dut être faite au plus tard peu après
l'acte de 843 2 et on la tiendra avec Bénésevic3 pour une sorte de
manifeste en l'honneur de l'unité catholique cimentée par la paix
ecclésiastique. A tout prendre, le scribe correcteur dut être un
grec, partisan d'Ignace et travaillant au moment du différend qui
opposa Rome et Constantinople dans l'affaire de Bulgarie. Les
prétentions occidentales irritèrent son patriotisme et il ne put
résister à l'envie de traduire son ressentiment en accusant les
droits du patriarche byzantin, héritier de la Rome des Césars, aux
dépens de ceux du pape.
Le texte authentique circulait donc déjà dès avant 850 ou peu
s'en faut, il y a beaucoup à parier qu'il vit le jour non sur le Bos
phore mais dans l'Italie méridionale, vraisemblablement en
Sicile. Les limites du patriarcat romain, telles qu'elles sont tracées
dans cet écrit, englobent en effet l'Illyricum, Thessalonique, les
Slaves et atteignent le Danube. Or la question était d'actualité,
le Saint-Siège ne cessant aux confins des vme et ixe siècles4 de
protester contre l'usurpation des provinces arrachées à sa juridic
tion depuis 733. Un grec de Byzance n'aurait pas hésité à mettre
au point une source qui lui aurait présenté une documentation
à ce point périmée. D'autre part, si l'on ajoute à la manière avan
tageuse dont le pape est présenté les connaissances particulières
de géographie physique et historique dont l'auteur fait preuve
dans sa délimitation du patriarcat occidental, ne sait-il pas
que seule la partie méridionale de la Sicile se trouvait sous la
juridiction du pape ? on se refusera presque nécessairement
(1) La suscription du tacticon dit en effet : ... t?? ????d????, ?a? ?µ?d???? ?a?
?µ?f?????....
(2) Observation faite par son Em. le card. G. Mercati, Per la storia dei manoscrilli
greci di Genova, di varie badie basiliane d' Italia e dî Palmo, Città del Vaticano, 1935,
77 n. 2.
(3) Cf. V. N. BÉNÉàEvié, Zamjelki... 71, 72.
(4) Cf. S. Vailhé, Annexion de l'Illyricum au Patriarcal cuménique dans Échos
d'Orient, XIV, 1911, 35, 36 ; Fr. Dvornik, Les légendes de Constantin et de Méthode
vues de Byzance, Prague, 1933, 263, 264.