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LA NOTITIA d'aNTIOCHE 85
d'une charte des préséances s'imposait d'autant plus que leur
voisinage rendait aisée aux évêques syriens la fréquentation des
conciles byzantins et éventuellement le séjour de la capitale de
l'empire où l'on apportait dans les arrangements du protocole une
attention chatouilleuse. Il est naturel que le chef de l'Église
antiochienne ait fixé lui-même par un acte authentique à chacun
de ses subordonnés le rang qui lui revenait.
L'attribution du tacticon à Anastase n'a dès lors rien que de
normal, quoi qu'on doive penser de la date aux éléments incon
ciliables1 et de la fausseté évidente de la novelle de Justinien2
invoquée par le Sinai en 1583. Il faudrait prouver que le rédacteur
de cette dernière pièce n'a pas puisé ses éléments chronologiques
dans l'en-tête de la Notitia et bâti autour le texte du document
impérial. Ce ne serait pas la première fois qu'un acte authentique
eût servi les convoitises des monastères avides de biens ou d'hon
neurs.
Non, la Notitia d'Antioche ne peut être un faux de la seconde
moitié du ixe siècle ; l'examen des origines qu'on lui prête va
nous en fournir une preuve nouvelle.
III. La Notitia antiochena et la Recapitulatio
THRONORUM
Mgr Devreesse pense en effet que la Notitia d'Antioche n'est
rien autre qu'un fragment détaché du traité sur la Pentarchie
connu sous le nom de Recapiiulatio thronorumz . Cet opuscule,
rédigé, nous apprend-on, dans la seconde moitié du ixe siècle,
fait à l'Église syrienne un traitement de faveur, puisque, tandis
qu'elle se contente de retracer dans leurs lignes générales les
limites de celles de Rome, d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem,
il est procédé à une description détaillée du dit patriarcat, à l'e
xception toutefois des évêchés sufîragants. Un faussaire l'en aura
extrait, dès l'époque même de son apparition, en suppléant dans
chaque province les noms des sièges omis. Le tout aurait naturel
lement été placé sous l'autorité du patriarche Anastase.
Gerland, développant une assertion du P. Vailhé, avait déjà
émis une opinion semblable. Pour lui aussi la Notitia dérive de
(1) La date a été calculée par Nau et acceptée sans nouvel examen par
Honigmann. Devreesse, op. cit., 307, estime trop violentes les corrections néces
saires pour que tous les éléments concordent.
(2) Cf. Fr. Miklosich et I. Müller, Ada et diplomata graeca medii aevi, V,
Vindobonae, 1887, 241.
(3) Texte dans G. Parthey, op. cit., 138-145.