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LA NOTITIA d'aNTIOCHE 81
des Iconoclastes, et, quelque cent ans plus tard, Basile de Ialimbana
qui nous a laissé la première grande œuvre du genre ne sont sortis
d'affaire qu'en transposant dans un traité ecclésiastique de longues
listes de l'administration civile, incapables qu'ils étaient de retracer
même succinctement les cadres existants. Si l'auteur de la comp
ilation où s'insère présentement notre tacticon n'a pas eu recours
comme d'autres, pour peupler les provinces ecclésiastiques de
Syrie, aux nomenclatures de Hiéroclès ou de Georges de Chypre,
c'est qu'il avait sous la main une documentation plus appropriée,
un relevé technique qu'il retoucha peut-être mais qu'il put trans
poser en bloc dans sa dissertation.
C'est ce dont nous informe expressément un lemme qui, chose
à nouveau singulière, est communiqué, dans sa lettre même ou
quant au fond simultanément, par les deux branches divergentes
de la tradition manuscrite. Le parisinus 1226 — auquel se joint
le sinaitic. 508 — avec grand luxe de détails, ainsi que le hieros.
patri. 39 et le Halk. 22 affirment en effet nettement que le patriarche
Anastase rédigea et publia le tacticon ou charte (διάταξις A) de
son Église. Les précisions chronologiques qui accompagnent cette
donnée fondamentale peuvent se contredire au point d'être irr
éconciliables ; pareille circonstance est trop commune dans la
Chronographie byzantine pour autoriser à rejeter d'emblée une
information que tout recommande d'ailleurs.
Ce n'est en effet pas pur hasard que la liste transmise par le
Codex Encyclius présente1, à peu d'exceptions près, les mêmes
noms dans le même ordre en plusieurs provinces. Au milieu du
vie siècle, l'ordonnance des listes conciliaires s'identifie, pour les
parties livrées, strictement avec celle d'Anastase. Il y avait donc
dès cette haute époque une réglementation des préséances difficile
à concevoir sans une charte qui en garantît officiellement sa mise
en pratique. Et cette exigence nous ramène à notre tacticon.
Celui-ci, avance-t-on, contient des anachronismes ou des invra
isemblances. Ainsi, s'il fallait l'en croire, les suffragants de Tyr,
tous archevêques et syncelles, auraient formé le conseil du patri
arche, semblables en cela aux évêques suburbicaires de la province
romaine. Or depuis le début jusqu'à la conquête arabe « rien n'a
montré ni seulement indiqué qu'il en fut ainsi ». La seule trace
rencontrée de suffragants familiers est celle de quelques évêques
groupés autour de Jacques Baradée, justement autour de 570,
coïncidence que l'on estime fâcheuse.
Cette objection n'est forte que du silence des sources. Mais
celles-ci sont dans leur ensemble si pauvres ; elles taisent tant de
(1} Demonstration faite par E. Honh;mann, Nolitia..., 04-06.