Les Grenats du Massif de l'Arbizon - Page perso minéraux Alain ...
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Sujet :<br />
J. of Pers. Mineralogist, vol.3, page 11-22, 2003<br />
<strong>Les</strong> <strong>Grenats</strong> <strong>de</strong> l’Arbizon<br />
Dr. @l[in @BRE@L<br />
Le massif <strong>de</strong> l’Arbizon situé dans les Hautes Pyrénées (France), est excessivement riche en<br />
grenats et vésuvianites. Cette association a été parfois présentée comme la résultante d’un mécanisme<br />
<strong>de</strong> skarn.<br />
Or, la morphologie <strong>de</strong> ces associations en strates serrés montre qu’il s’agit en fait d’un<br />
métamorphisme topochimique. La remontée d’un pluton a échauffé la roche mère basique a une<br />
température <strong>de</strong> 800°C et a permis alors une recristallisation avec formation <strong>de</strong>s vésuvianites puis <strong>de</strong>s<br />
grenats autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières.<br />
Abstract :<br />
The massif of Arbizon located in High Pyrenees (France), is exceedingly rich in garnets and<br />
vesuvianites. This association was sometimes <strong>de</strong>scribed as the result of a mechanism of skarn.<br />
And, the morphology of these associations in strata gripped shows it is in fact about a<br />
topochemical metamorphism. The rise of a pluton heated the mafique rock in place up to a temperature<br />
of 800°C and so, allowed a crystallization with formation of vesuvianites then garnets around these<br />
last.<br />
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1. MASSIF DE L’ARBIZON<br />
A.ABREAL, les grenats <strong>de</strong> l’Arbizon, J. of Pers. Mineralogist, vol.3, page 11-22, 2003<br />
Le massif <strong>de</strong> l’Arbizon est un haut lieu <strong>de</strong> ramassage <strong>de</strong> grenats tant leur quantité est importante.<br />
Lorsque j’y suis allé pour la première fois, un seul qualificatif m’est venu à la bouche « inimaginable ». On<br />
marche littéralement sur un champ <strong>de</strong> grenats.<br />
1.1 Situation géographique<br />
Ce massif est situé dans les Hautes Pyrénées, dans la vallée d’Aure entre Lannemezan et Saint Lary-<br />
Soulan :<br />
- Au nord-est et au nord d’une ligne « vallée <strong>de</strong> l’Adour – col <strong>de</strong> Beyrè<strong>de</strong> », les chaînons calcaires<br />
d’âge secondaire sont disposés en ban<strong>de</strong>s parallèles d’orientation ONO – ESE. Ils culminent au pic<br />
<strong>de</strong> Bassia (1921 m).<br />
- A l’est d’une verticale « Ste Marie <strong>de</strong> Campan/Arbizon » se situe un complexe <strong>de</strong> chaînons<br />
montagneux d’âge primaire (principalement dévonien et namurien) peu pénétrable sauf par les cols<br />
d’Aspin et <strong>de</strong> la Hourquette d’Ancizan.<br />
- A l’intérieur <strong>de</strong> la boucle <strong>de</strong> l’Adour et entre les vallées <strong>de</strong> <strong>Les</strong>ponne et <strong>de</strong> l’Adour <strong>de</strong> Gripp se situe<br />
le célèbre massif hercynien <strong>du</strong> pic <strong>de</strong> Midi <strong>de</strong> Bigorre (2872 m) très découpé par <strong>de</strong> nombreux<br />
cirques glaciaires.<br />
- Le <strong>de</strong>rnier ensemble qui nous concerne plus directement est le massif granitique <strong>de</strong> Néouvielle situé<br />
au nord <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Adour et contiguë à l’ouest <strong>de</strong> l’Arbizon.<br />
Figure 1 : Arbizon : Situation géographique <strong>du</strong> massif (65)<br />
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A.ABREAL, les grenats <strong>de</strong> l’Arbizon, J. of Pers. Mineralogist, vol.3, page 11-22, 2003<br />
Figure 2 : Arbizon : Vue panoramique sur le cirque d’Aret<br />
avec à gauche le pic d’Arbizon (2 831 m)et à droite le pic <strong>de</strong> Montfaucon (2712 m)<br />
<strong>Les</strong> éboulis (raillères) que l'on distingue au pied <strong>du</strong> Montfaucon contiennent la plupart <strong>de</strong>s grenats <strong>du</strong> site<br />
Figure 3 : Arbizon : Premier éboulis après le lac d’Arou,<br />
Présence <strong>de</strong> petits grenats orange gemmes.<br />
Figure 4 : Arbizon : Principal éboulis <strong>du</strong> Montfaucon<br />
On distingue parfaitement le pluton <strong>du</strong> pic <strong>de</strong> couleur<br />
blanche <strong>du</strong> calcaire métamorphisé à droite <strong>de</strong> couleur plus<br />
brune<br />
Figure 5 : Arbizon : ou comment ne pas marcher sur <strong>de</strong>s grenats<br />
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A.ABREAL, L’auréole <strong>du</strong> granite <strong>de</strong> Flamanville et ses grenats : métamorphisme <strong>de</strong> contact<br />
J. of Pers. Mineralogist, vol.9, page 111-134, 2009<br />
1.2 Situation géologique<br />
Figure 6 : Arbizon : Accès aux éboulis dans lesquels on peut ramasser <strong>de</strong>s grenats<br />
- Au paléozoïque inférieur, <strong>de</strong> puissantes formations pélitiques et gréseuses constituent <strong>de</strong>s dépôts marins<br />
<strong>de</strong> talus continental. A l’ordovicien inférieur, soit il n’y a pas eu <strong>de</strong> dépôt, soit il a été <strong>de</strong>puis érodé.<br />
- Au silurien (- 420 Ma), la sédimentation finement détritique se poursuit sur la bor<strong>du</strong>re subsi<strong>de</strong>nte (qui<br />
s’enfonce progressivement ) <strong>du</strong> continent Gondwana. L’apparition <strong>de</strong> sédiments carbonatés indique la<br />
présence <strong>de</strong> plus haut niveau marin. Certaines ampélites sont le reflet <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> mer calme, non<br />
aérée et d’un réchauffement <strong>du</strong> climat.<br />
- Au dévonien supérieur (- 360 Ma), une nette différenciation se fait jour, alors que dans les secteurs nord<br />
(Aspin, Ancizan) se déposent <strong>de</strong>s calcaires néritiques (<strong>de</strong> plateau continental), dans <strong>de</strong>s zones <strong>du</strong> secteur<br />
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A.ABREAL, les grenats <strong>de</strong> l’Arbizon, J. of Pers. Mineralogist, vol.3, page 11-22, 2003<br />
où ils sont rapi<strong>de</strong>ment submergés par <strong>de</strong>s apports détritiques survenant sous <strong>de</strong>s conditions turbiditiques<br />
en zone d’affaissement. Ce serait sûrement l’apparition d’une faille <strong>de</strong> distension (E-O à N 110° E).<br />
- A la fin <strong>du</strong> dévonien, il y eut sédimentation calcaire sur tout le secteur. Brutalement les épandages<br />
détritiques <strong>du</strong> « Culm » s ‘accumulent dans <strong>de</strong>s bassins longitudinaux parallèles à la direction <strong>de</strong> faille<br />
évoquée précé<strong>de</strong>mment. Le jeu <strong>de</strong> failles existant a donc évolué en générant une structure en horsts et<br />
bassins, c’est le début <strong>de</strong> l’orogenèse hercynienne. Sous un régime <strong>de</strong> compression subméridienne, tous<br />
les terrains sont plissés, avec <strong>de</strong>s chevauchements augmentant l’épaisseur <strong>de</strong> la croûte et la réchauffe. Le<br />
métamorphisme <strong>de</strong> moyenne pression in<strong>du</strong>it provoque alors l’anatexie <strong>de</strong>s séries profon<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s<br />
fusions <strong>de</strong> niveaux crustaux pour donner <strong>de</strong>s granodiorites (Néouvielle, <strong>Les</strong>ponne). Parallèlement,<br />
cette ascension <strong>de</strong>s magmas a déclenché autour d’eux un métamorphisme <strong>de</strong> contact progra<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
haute température et basse pression.<br />
- A la fin <strong>du</strong> carbonifère (- 250 Ma), la compression s’arrête et les massifs granitiques ont atteint un niveau<br />
très élevé au sein <strong>du</strong> « Culm » namurien. L’ensemble <strong>de</strong> ce processus a eu pour conséquence<br />
additionnelle l’émersion <strong>de</strong> toute la région avec la sédimentation dans les bassins montagnards isolés sous<br />
la forme d’alluvions continentales grossières (nord col d’Aspin).<br />
- Du trias au crétacé supérieur (- 235 à -65 Ma), les sédimentations vont se poursuivre plutôt calmement,<br />
avec <strong>de</strong> nombreuses variations subsi<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong> niveau, sauf une fracturation distensive au trias supérieur<br />
avec l’apparition <strong>de</strong>s ophites.<br />
- De l’albien moyen au sénonien inférieur, la faille nord-pyrénéenne agit <strong>de</strong> manière décisive en séparant la<br />
plaque ibérique et le sillon <strong>de</strong>s flyschs nord-pyrénéens.<br />
- Du sénonien à l’oligocène (-65 à –23 Ma), c’est la collision <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux plaques avec un serrage général<br />
subméridien qui va provoquer l’inversion <strong>de</strong> la faille nord-pyrénéenne et l’écrasement <strong>de</strong>s plis nordpyrénéens<br />
qui sont alors déformés et découpés par <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts verticaux et transverses conjugués. Cette<br />
compression se tra<strong>du</strong>it également par une surrection générale, <strong>de</strong>s cisaillements <strong>de</strong> direction N 110°E<br />
(Néouvielle, <strong>Les</strong>ponne, et Chiroulet), la formation ou le rejeu <strong>de</strong> chevauchements et déversements vers le<br />
nord et l’apparition <strong>de</strong> fractures subméridiennes.<br />
<strong>Les</strong> cartes suivantes présentent les <strong>de</strong>ux théories <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s Pyrénées et à l’influence <strong>de</strong> la faille nordpyrénéenne.<br />
A gauche, déplacement mésozoïque <strong>de</strong> la plaque ibérique, autour d’un pôle <strong>de</strong> rotation occupant <strong>de</strong>s<br />
positions successives et impliquant un ample coulissement senestre le long <strong>de</strong> la faille nord-pyrénéenne, avec<br />
serrage en fin <strong>de</strong> crétacé <strong>de</strong> l’extrémité orientale.<br />
A droite, schéma <strong>de</strong> l’évolution géodynamique globale : un bras <strong>de</strong> rift (en noir) entre les cratons ibériques et<br />
aquitain est recoupé <strong>de</strong> failles transformantes N50° et N 80°. la rotation antihoraire <strong>de</strong> l’Espagne con<strong>du</strong>it à une<br />
tectonique <strong>de</strong> compression, caractérisée par une contraction plus importante dans l’est que dans l’ouest <strong>de</strong> la<br />
chaîne.<br />
Figure 7 : Pyrénées : Genèse : Mouvement tectonique <strong>de</strong> l’Espagne<br />
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Figure 8 : Arbizon : Géologie <strong>du</strong> <strong>Massif</strong> <strong>de</strong> l’Arbizon Yves Masson<br />
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Figure 9 : Pyrénées : Roche plissée lors <strong>de</strong> la genèse <strong>de</strong> la chaîne<br />
2. PETROGRAPHIE<br />
Qui dit Arbizon, pense immédiatement grenats ; en effet, par endroits, les grenats grossulaires jonchent le<br />
sol.<br />
La partie la plus minéralisée, est celle où le massif granitique n'a plus <strong>de</strong> contours bien définis, mais émerge <strong>de</strong><br />
place en place au milieu <strong>de</strong>s calcaires et <strong>de</strong>s schistes <strong>du</strong> primaire. On y trouve par alternance <strong>de</strong> lits d’épaisseur<br />
centimétrique :<br />
- calcite, grenat et diopsi<strong>de</strong> (TA)<br />
- calcite, grenat et vésuvianite (TA)<br />
- diopsi<strong>de</strong>, grenat et vésuvianite<br />
Particularité <strong>de</strong> certains grenats <strong>de</strong> <strong>l'Arbizon</strong> : ils sont traversés par <strong>de</strong>s baguettes d'idocrase ou vésuvianite,<br />
celles-ci ne semblent pas avoir d'orientation préférentielle en fonction <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong>s grenats.<br />
Auxquels vient se mêler une axinite violette mais dont les cristallisations ne dépassent guère quelques<br />
millimètres. Toutefois, je vous conseille d’en ramasser nombre d’échantillons où il y a simultanément axinite et<br />
calcite. Certes la matrice sur laquelle reposent les axinites est très <strong>du</strong>re à briser et <strong>de</strong> la patience s’avère fort<br />
nécessaire. Mais le résultat en vaut la peine. Après dissolution <strong>de</strong> la calcite par l‘aci<strong>de</strong> chlorhydrique, vous aurez<br />
la plaisir <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s cristaux bien formés d’axinite cloisonnant <strong>de</strong>s touffes d’aiguilles <strong>de</strong> diopsi<strong>de</strong>. Le<br />
contraste <strong>de</strong> ces aiguilles d’un vert profond sur le rose-violet <strong>de</strong>s axinites est <strong>du</strong> plus bel effet.<br />
<strong>Les</strong> grenats <strong>du</strong> massif <strong>de</strong> l’Arbizon sont principalement <strong>de</strong>s grenats grossulaires. Comme nous l’avons indiqué<br />
précé<strong>de</strong>mment, on en trouve <strong>de</strong> partout, mais il conviendra <strong>de</strong> s’attar<strong>de</strong>r principalement au premier éboulis, juste<br />
en amont <strong>du</strong> lac d’Aurou dans lequel on peut trouver <strong>de</strong> petits grenats gemmes <strong>de</strong> couleur orangé.<br />
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Dans les autres éboulis, on cherchera surtout <strong>de</strong>s blocs qui présentent différentes veines parallèles. Ces veines<br />
sont constituées <strong>de</strong> silice qui en alternance avec la gangue calcaire fournit les <strong>minéraux</strong> recherchés : grenat et<br />
vésuvianite. Ces grenats ont <strong>de</strong>s dimensions comprises entre 0,5 et 2 cm, bien<br />
que <strong>de</strong> couleur brun orangé, ils sont opaques. Leurs formes prédominantes est celle <strong>de</strong> rhombododécaèdres (110)<br />
dont les arêtes peuvent être tronquées par les trapézoèdres (211).<br />
L’attaque par l’aci<strong>de</strong> dilué permettra <strong>de</strong> récupérer ces veines cristallisées. Attention, néanmoins à l’utilisation <strong>de</strong><br />
l’aci<strong>de</strong>, si la vésuvianite est peu sensible à l’aci<strong>de</strong>, il n’en est pas <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s grenats grossulaires dont le<br />
caractère calcique les rend fortement sensibles à l’aci<strong>de</strong>. Il en résultera forcément une altération <strong>de</strong>s faces <strong>de</strong>s<br />
grenats mais c’est bien la seule métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en relief <strong>de</strong>s <strong>minéraux</strong> présents.<br />
Il a également été trouvé <strong>de</strong>s grenats blancs grisâtres d'aspect et dimensions sensiblement i<strong>de</strong>ntiques aux autres.<br />
En bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> contact (itinéraire <strong>du</strong> Camoudict), sont présents dans la barre rocheuse qui précè<strong>de</strong> les éboulis, <strong>de</strong>s<br />
grenats rouges d'excellente qualité, mais <strong>de</strong> faibles dimensions (3 à 4 mm.) ; ils ont l'inconvénient <strong>de</strong> ne pouvoir<br />
être dégagés, la roche encaissante étant inattaquable à l'aci<strong>de</strong>.<br />
2.1 Grenat et Vésuvianite<br />
Certains insèrent la vésuvianite dans le groupe <strong>de</strong> grenats. Pour ma part, je m’y oppose fermement pour la<br />
raison essentielle que la vésuvianite, bien qu’apparentée aux grenats si l’on considère sa composition chimique,<br />
ne cristallise pas dans le système cubique selon le groupe 4/m 3 2/m mais dans le groupe holoèdre quadratique<br />
4/m 2/m 2/m. Ainsi l’un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>du</strong> groupe <strong>de</strong>s grenats qui est un isomorphisme profond allant jusqu’à<br />
<strong>de</strong>s solutions soli<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s différents grenats est impossible avec la vésuvianite.<br />
Le grenat grossulaire a pour formule Ca3Al2[SiO4]3 et une <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> 3,5, tandis que la vésuvianite a pour formule<br />
(Ca,Na)19(Al,Mg,Fe)13 [(SiO4)10(Si2O7)4(OH,F,O)10] et une <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> 3,35. La présence <strong>de</strong> magnésioaxinite et <strong>de</strong><br />
diopsi<strong>de</strong> indique la présence abondante <strong>de</strong> magnésium au détriment <strong>du</strong> fer : le grenat grossulaire <strong>de</strong> l’Arbizon ne<br />
doit donc contenir que très peu d’almandin. La tenue médiocre à l’attaque par l’aci<strong>de</strong> chlorhydrique <strong>de</strong>s grenats<br />
<strong>de</strong> l’Arbizon nous confirme dans cette théorie. Toutefois la présence <strong>de</strong> magnésium ne signifie pas pour autant<br />
qu’il puisse y avoir <strong>du</strong> pyrope. Nous savons que ce grenat n’apparaît que pour <strong>de</strong>s pressions très élevées, et<br />
l’origine sédimentaire <strong>de</strong> la roche mère n’autorise pas, par manque d’épaisseur prométamorphique, une pression<br />
lithostatique suffisante (>60 km <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur). Nous pouvons donc considérer le grenat <strong>de</strong> l’Arbizon comme<br />
essentiellement grossulaire.<br />
CaO<br />
Al2O3<br />
SiO2<br />
Composition moyenne en masse :<br />
Grossulaire :<br />
43 % SiO2 - 21 % Al2O3 - 36 % CaO<br />
Vésuvianite hormis H2O<br />
40 % SiO2 - 15 % Al2O3 - 45 % CaO<br />
Figure 10 : Domaine <strong>de</strong>s compositions <strong>du</strong> grossulaire et <strong>de</strong> la vésuvianite dans le diagramme ternaire CaO-SiO2-<br />
Al2O3<br />
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Figure 11 : Arbizon : Belle pièce <strong>de</strong> grenats et vésuvianites sur axinite 15 x 15 cm<br />
Figure 12 : Arbizon : <strong>Les</strong> grenats se forment autour <strong>de</strong>s cristaux <strong>de</strong> vésuvianite<br />
Figure 13 : Arbizon :grenats oranges et vésuvianites vertes 10 x 6 cm<br />
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3. PETROLOGIE<br />
3.1 Mécanisme <strong>de</strong> métamorphisme<br />
Il s’agit d’une zone <strong>de</strong> métamorphisme <strong>de</strong> contact qui se trouvent à l'extrême pointe d'un gros massif<br />
granitique, limité, au nord par le Tourmalet et le Pic d'Espa<strong>de</strong>, à l'ouest par le Néouvielle et au sud-est par le pic<br />
d'Angla<strong>de</strong>.<br />
L’intrusion <strong>de</strong>s magmas granitiques <strong>de</strong> Néouvielle lors <strong>de</strong> la phase varisque s’est pro<strong>du</strong>ite selon une profon<strong>de</strong>ur<br />
d’enfouissement probablement très faible, <strong>de</strong> l’ordre <strong>du</strong> kilomètre seulement. Le métamorphisme <strong>du</strong> site est donc<br />
dû au seul effet thermique que l’on estime <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 800°C, en zone d’anatexie, et donc à la présence <strong>de</strong><br />
phases flui<strong>de</strong>s importantes.<br />
L’auréole <strong>de</strong> contact limitée à quelques centaines <strong>de</strong> mètres, intéresse toute la partie ouest <strong>du</strong> massif granitique<br />
qui constitue les massifs <strong>de</strong> l’Arbizon et <strong>du</strong> Montarrouyes, ainsi que la frange nord <strong>du</strong> massif <strong>de</strong> granite bordant la<br />
rive droite <strong>du</strong> sillon médian (La Mongie, Tourmalet, Barèges).<br />
Probablement, y a-t-il également quelques petites intrusions plutoniques sous le massif calcaire, certainement<br />
proches <strong>de</strong> la surface pour avoir contribuer à ce métamorphisme <strong>de</strong> contact d’origine thermique.<br />
Comme le phénomène s’est pro<strong>du</strong>it en présence <strong>de</strong> flui<strong>de</strong>s importants, le processus thermique qui a prévalu est la<br />
convection, ce qui confirme la gran<strong>de</strong> taille <strong>de</strong> l’auréole <strong>de</strong> contact.<br />
Il est à souligner que l’un <strong>de</strong>s attraits géologiques <strong>du</strong> massif <strong>de</strong> l’Arbizon est la très nette distinction <strong>de</strong>s différents<br />
éléments qui le constitue calcaire en place datant <strong>du</strong> Namurien, <strong>du</strong> pluton intrusif d’un blanc éclatant qui tranche<br />
avec les roches les plus métamorphisées, d’une teinte gris foncé et <strong>de</strong>s roches <strong>de</strong> métamorphisme moyen, plutôt<br />
brunes.<br />
3.2 <strong>Grenats</strong> et vésuvianites<br />
Plusieurs scénarii peuvent expliquer la genèse <strong>de</strong> la vésuvianite et <strong>du</strong> grossulaire :<br />
- Le massif <strong>de</strong> l’Arbizon pourrait être un exemple <strong>de</strong> métasomatose, c’est-à-dire que les roches<br />
sédimentaires <strong>de</strong> l'auréole ont vue leur composition chimique évoluée, ce qui suppose une migration<br />
d'éléments chimiques à partir <strong>de</strong> la masse granitique intrusive. L’eau serait alors le flui<strong>de</strong> porteur <strong>de</strong>s<br />
éléments métalliques. La présence <strong>de</strong> vésuvianite tend vers cette hypothèse.<br />
Figure 14 : Arbizon : Aspect feuilletées <strong>de</strong> la roche métamorphisée,<br />
les <strong>minéraux</strong> sont localisés sur les feuillets silicifiés <strong>de</strong> la roche mère<br />
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- Le calcaire namurien <strong>de</strong> l’Arbizon est segmentés <strong>de</strong> pélites gréseuses qui sont à même <strong>de</strong> fournir les<br />
éléments métalliques Al et Si. Ce qui supposerait donc que les matériaux pour la formation <strong>de</strong> la<br />
vésuvianite et le grossulaire étaient en place avant le métamorphisme et que ce <strong>de</strong>rnier n’a apporté que<br />
l’énergie sous forme <strong>de</strong> chaleur pour permettre la cristallisation <strong>de</strong> ces <strong>minéraux</strong>.<br />
La structure feuilletée <strong>de</strong> la roche mère fig. 30 et 37 est très clairement présentée sur ces échantillons qui<br />
sont représentatifs <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s grenatites.<br />
Dans ce cas, nous ne pouvons pas parlé <strong>de</strong> skarn dans le cas <strong>du</strong> métamorphisme <strong>de</strong> l’Arbizon puisqu’il<br />
n’y a plus apport <strong>de</strong> matière ni <strong>de</strong> structure isomorphe<br />
Si l’on regar<strong>de</strong> les <strong>minéraux</strong> présents, ce sont indéniablement <strong>de</strong>s <strong>minéraux</strong> <strong>de</strong> skarn comme le montre les<br />
tableaux suivants, et les réactions minéralogiques sont bien celles habituelles <strong>du</strong> métamorphisme <strong>de</strong> contact <strong>de</strong>s<br />
skarns avec <strong>de</strong>s plutons basiques (granodiorite à plagioclases ici).<br />
albite – anorthite -> diopsi<strong>de</strong> + hé<strong>de</strong>nbergite + grossulaire<br />
(Na,Ca) AlSi3O8 CaMg(SiO3)2 CaFe(SiO3)2 Ca3Al2[SiO4]3<br />
<strong>de</strong>nsité 2,6-2,8 3,3 3,3 3,7<br />
(plagioclases)<br />
Toutefois, le skarn est une roche isomorphe dans laquelle la cristallisation et donc la présence <strong>de</strong>s grenats n’a pas<br />
<strong>de</strong> direction privilégiée alors que dans le massif <strong>de</strong> l’Arbizon, les grenats et la vésuvianite ne sont présents que sur<br />
<strong>de</strong>s plans parallèles, riches en silice. Comme il n’y a aucune raison pour que l’infiltration <strong>de</strong>s eaux<br />
hydrothermales n’aie lieu suivant <strong>de</strong>s plans parallèles si près les uns <strong>de</strong>s autres et présents en si grand nombre, la<br />
silice était bien présente dans la roche mère apportée au cours <strong>de</strong> sa sédimentation. C’est pourquoi je pense que<br />
les grenats <strong>de</strong> l’Arbizon sont la conséquence d’un réchauffement locale dû à l’intrusion <strong>de</strong>s plutons sous le massif<br />
calcaire et à la recombinaison hors métasomatose <strong>de</strong>s éléments en place <strong>de</strong> la roche mère pour donner vésuvianite<br />
et grossulaire : c’est don un processus <strong>de</strong> métamorphisme topochimique.<br />
Tout d’abord, il y a eu formation <strong>de</strong> vésuvianite que l’on peut considérer chimiquement comme étant un<br />
grossulaire basique. Lorsque les cations OH- et F- ont été consommés par la cristallisation <strong>de</strong> la vésuvianite, les<br />
grossulaires ont pu cristalliser à leur tour. Constitué <strong>de</strong>s mêmes éléments chimiques que la vésuvianite hormis les<br />
hydroxyles et les halogénures, les grenats ont cristallisés autour <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, là où les éléments silicium,<br />
calcium et aluminium étaient présents.<br />
processus<br />
META<br />
SOMA<br />
TOSE<br />
Caractères <strong>de</strong> minéralisation<br />
SKARNS<br />
Magnésiens<br />
Calcaires<br />
Minéraux<br />
Principaux Secondaires<br />
Forstérite, diopsi<strong>de</strong>, calcite,<br />
phlogopite, magnétite, scapolite,<br />
pyroxènes, grenats, hématite,<br />
magnésite<br />
Grossulaire,<br />
andradite, diopsi<strong>de</strong>,<br />
hé<strong>de</strong>nbergite, vésuvianite,<br />
épidote, scapolite, magnétite,<br />
wollastonite, quartz, hématite,<br />
chlorites, calcite<br />
Quartz, plagioclases, spinelles,<br />
serpentine, ludwiite, apatite, titanite,<br />
actinolite, chondrodite, périclase,<br />
lazurite, pyrite, pyrrhotite,<br />
chalcopyrite, sphalérite<br />
Table 1 : Associations minérales <strong>de</strong>s processus postmagmatiques (extrait)<br />
Plagioclases, trémolite, scheelite,<br />
datolite, molybdénite, danburite,<br />
axinite, helvine, ilvaïte, fluorite,<br />
cassitérite, pyrite, chalcopyrite,<br />
cobaltite, galène, sphalérite,<br />
bismuthinite, bismuth, skuttérudite,<br />
or<br />
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Groupe <strong>de</strong><br />
roches<br />
Aci<strong>de</strong>s<br />
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Roches<br />
Minéraux<br />
d’intrusion d’effusion Principaux Subordonnés Secondaires<br />
GRANODIORITE<br />
GRANITE<br />
DACITE<br />
RHYOLITE<br />
PORPHYRE<br />
Quartz, orthose,<br />
plagioclases aci<strong>de</strong>s,<br />
biotite, muscovite,<br />
amphibole commune<br />
Apatite, zircon,<br />
magnétite, tourmaline,<br />
pyrite, halopyrite,<br />
bornite, allanite,<br />
grenat<br />
Table 2 : Associations minérales <strong>de</strong>s processus magmatiques (extrait)<br />
Séricite, kaolinite,<br />
chlorites<br />
4. CONCLUSIONS<br />
Le massif <strong>de</strong> l’Arbizon est assurément un site <strong>de</strong> première importance pour la récolte <strong>de</strong> grenats. Toutefois,<br />
leur aspect à la sortie <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> chlorhydrique les rend relativement quelconques pour leur présentation dans une<br />
collection.<br />
L’intérêt <strong>de</strong> ces grenats est leur origine pélitique dans une zone <strong>de</strong> thermométamorphisme moyen. Un pluton<br />
liqui<strong>de</strong> enfoui à quelques centaines <strong>de</strong> mètres sous les couches sédimentaires a fourni la chaleur nécessaire à la<br />
recombinaison minéralogique <strong>de</strong>s éléments en place. La roche mère et le pluton tout <strong>de</strong>ux basiques ont permis<br />
une cristallisation importante <strong>de</strong> vésuvianite avant que les autres éléments chimiques Ca, Al et Si en excès,<br />
cristallisent sous la forme <strong>de</strong> grossulaire.<br />
Références<br />
(1) exposé <strong>de</strong> Yves Masson au club minéralogique stéphanois<br />
(2) Ste marie <strong>de</strong> campan Gérard Artigue, mon<strong>de</strong> et <strong>minéraux</strong> n°83 pp 4-6<br />
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