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Les consommateurs et leurs marques - cergam

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UNIVERSITE DE DROIT, D'ECONOMIE ET DES SCIENCES D'AIX MARSEILLE<br />

INSTITUT D'ADMINISTRATION DES ENTREPRISES<br />

CENTRE D’ETUDES ET DE RECHERCHE<br />

SUR LES ORGANISATIONS ET LA GESTION<br />

LES CONSOMMATEURS ET LEURS MARQUES :<br />

ETUDE DE LA PREDISPOSITION DU CONSOMMATEUR<br />

A S’ENGAGER DANS LA RELATION<br />

Idir OUZAKA*<br />

W.P. n° 649 Novembre 2002<br />

* Etudiant en Doctorat en Sciences de Gestion ,CEROG-IAE d’Aix-en-Provence , Université Aix-Marseille III, Clos<br />

Guiot, Boulevard des Camus, 13540 Puyricard, ATER , Université Paris XII, Val de Marne<br />

Toute reproduction interdite<br />

L'institut n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans ces publications :<br />

ces opinions doivent être considérées comme propres à <strong>leurs</strong> auteurs.<br />

Institut d’Administration des Entreprises, Clos Guiot, 13540 Puyricard, France<br />

Tel. : 04 42 28 08 08.- Fax : 04 42 28 08 00.


<strong>Les</strong> <strong>consommateurs</strong> <strong>et</strong> <strong>leurs</strong> <strong>marques</strong> :<br />

Etude de la prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation.<br />

Idir Ouzaka<br />

ATER, Université Paris XII Val de Marne<br />

Résumé<br />

C<strong>et</strong> article porte sur la relation consommateur-marque en s’interrogeant sur l’eff<strong>et</strong> de la prédisposition du<br />

consommateur à s’engager dans la relation sur l’intensité <strong>et</strong> la durabilité de la relation. Considérant c<strong>et</strong>te variable<br />

comme une caractéristique individuelle du consommateur, nous avons proposé une définition <strong>et</strong> présenté un<br />

cadre conceptuel r<strong>et</strong>raçant les relations entre c<strong>et</strong>te variable <strong>et</strong> d’autres concepts relationnels tels que la confiance<br />

à l’égard de la marque, l’attachement à la marque, l’engagement envers la marque <strong>et</strong> la fidélité à la marque.<br />

Mots clés : relation consommateur-marque, prédisposition à s’engager dans la relation, caractéristique<br />

individuelle, confiance, attachement, engagement.<br />

Abstract<br />

This research focuses on consumer brand relationship domain. Our main goal is to introduce the<br />

concept of consumer relationship proneness and to study its role on relationship closeness. We have<br />

proposed a definition of this concept and model its relationships with relational concepts like trust,<br />

attachment, commitment and loyalty.<br />

Key words: consumer-brand relationship, consumer relationship proneness, individual characteristic,<br />

trust, attachment, commitment, loyalty.<br />

1


1. Introduction<br />

L’approche relationnelle est largement développée en mark<strong>et</strong>ing industriel, dans le domaine des<br />

services <strong>et</strong> dans la distribution (Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar, 2000). Il s’agit de passer d’un mark<strong>et</strong>ing fondé sur<br />

le concept de transactions à un mark<strong>et</strong>ing basé sur le concept de relations, d’un mark<strong>et</strong>ing orienté<br />

produit à un mark<strong>et</strong>ing orienté relations-client. Pour Christy, Oliver <strong>et</strong> Penn (1996), il est clair que les<br />

idées du mark<strong>et</strong>ing relationnel sont tirées (1) de l’expérience en milieu industriel, dans lequel les<br />

relations avec les comptes clés ont toujours été importantes, <strong>et</strong> (2) du domaine des services, où les<br />

interactions avec les clients font partie intégrante du processus de servuction.<br />

Dans le domaine du comportement du consommateur, c<strong>et</strong>te approche relationnelle reste peu<br />

développée. Dans la mesure où la métaphore de la relation domine la théorie <strong>et</strong> la pratique du<br />

mark<strong>et</strong>ing contemporain, il est étonnant de voir que peu de travaux empiriques se sont intéressés aux<br />

phénomènes relationnels dans le domaine de produits de consommation, <strong>et</strong> en particulier au niveau de<br />

la marque (Fournier, 1998). <strong>Les</strong> travaux existants sont essentiellement de nature managériale avec<br />

pour objectif de conseiller les managers sur la manière d’améliorer <strong>leurs</strong> relations avec <strong>leurs</strong> clients<br />

(Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar, 2000).<br />

L’intérêt théorique <strong>et</strong> managérial de l’approche relationnelle au niveau de la marque est incontestable.<br />

Sur un plan théorique, l’étude de la relation consommateur-marque perm<strong>et</strong> de mieux appréhender des<br />

concepts tels que la fidélité à la marque, dont les tribus de marque (brand community), <strong>et</strong> le capital<br />

marque. L’intégration de concepts ‘relationnels’ tels que l’attachement, la confiance <strong>et</strong> l’engagement<br />

perm<strong>et</strong>tent en eff<strong>et</strong> une meilleure compréhension de phénomènes tels que le bouche-à-oreille, la<br />

résistance au changement des <strong>consommateurs</strong> de la marque, la résistante à la contre persuasion <strong>et</strong><br />

aux promotions des concurrents, <strong>et</strong>c.<br />

D’un point de vue managérial, si le réachat reste la préoccupation principale des entreprises, le<br />

développement -au-delà des transactions- de relations fortes avec les clients présente des avantages<br />

importants. L’essor des bases de données mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> des techniques du mark<strong>et</strong>ing direct témoignent<br />

de c<strong>et</strong>te volonté des entreprises à entr<strong>et</strong>enir <strong>et</strong> développer des relations avec <strong>leurs</strong> clients. Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong><br />

Parvatiyar (2000), ont signalé l’intérêt, pour l’entreprise, de développer des relations à long terme avec<br />

les clients en raison notamment, des avantages liés à la réduction des coûts mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> aux<br />

économies relatives à la rétention des clients ainsi qu’à l’avantage concurrentiel qui en découle. Si c<strong>et</strong>te<br />

relation entre le consommateur <strong>et</strong> la marque s’avère être un déterminant de la rétention, une meilleure<br />

connaissance de ses fondements perm<strong>et</strong>tra aux managers de savoir comment agir pour renforcer c<strong>et</strong>te<br />

relation au lieu de se centrer uniquement sur la répétition de la transaction.<br />

C<strong>et</strong>te recherche s’intéresse à la relation consommateur-marque dans le domaine des biens de grande<br />

consommation. Après avoir présenté l’intérêt de l’approche relationnelle, nous cherchons à comprendre<br />

pourquoi les <strong>consommateurs</strong> ne sont pas tous favorables à l’établissement de relations avec les<br />

<strong>marques</strong>. C<strong>et</strong>te recherche s’interroge tout particulièrement sur l’existence de caractéristiques<br />

individuelles pouvant expliquer que certains <strong>consommateurs</strong> aient des relations plus solides avec les<br />

<strong>marques</strong> que d’autres. Nous pensons que la volonté d’une marque à développer des relations avec ses<br />

<strong>consommateurs</strong> est une condition nécessaire mais non suffisante de la réussite de la relation. En eff<strong>et</strong>,<br />

il reste à savoir si le consommateur souhaite s’engager dans c<strong>et</strong>te relation. Notre but est ainsi<br />

d’introduire le concept de prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation.<br />

Notre problématique est inspirée du travail de De Wulf, Odekerken-Schröder <strong>et</strong> Iacobucci (2001), mais<br />

notre contexte de recherche est différent. Ces auteurs travaillent sur les relations ach<strong>et</strong>eurs-vendeurs<br />

<strong>et</strong> s’intéressent à la prédisposition de l’ach<strong>et</strong>eur à s’engager dans une relation avec le magasin ou avec<br />

le détaillant. Ils ont appréhendé le rôle modérateur de la prédisposition relationnelle de l’ach<strong>et</strong>eur sur le<br />

lien entre certaines tactiques relationnelles (notamment le courrier, la communication interpersonnelle,<br />

le traitement préférentiel, les récompenses tangibles) <strong>et</strong> la qualité de la relation (satisfaction vis-à-vis de<br />

la relation, engagement dans la relation). Notre problématique concerne la relation consommateurmarque<br />

(relation individu-obj<strong>et</strong>) <strong>et</strong> surtout la motivation du consommateur à s’engager dans une relation<br />

avec une marque de produits de grande consommation.<br />

Avant d’introduire le concept de prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation, nous<br />

présenterons une brève revue de littérature de l’approche relationnelle en mark<strong>et</strong>ing puis les principaux<br />

travaux appliqués à la marque de grande consommation. Ensuite, nous proposerons une définition de<br />

ce concept <strong>et</strong> nous m<strong>et</strong>trons en évidence son apport à la recherche sur la marque.<br />

2. La place de la relation dans la recherche en mark<strong>et</strong>ing<br />

2


C<strong>et</strong>te partie expose l’émergence de l’approche relationnelle en mark<strong>et</strong>ing puis elle souligne la portée de<br />

c<strong>et</strong>te approche au niveau de la marque.<br />

2.1 L’approche relationnelle à travers la littérature mark<strong>et</strong>ing<br />

Le terme de mark<strong>et</strong>ing relationnel a émergé dans les travaux en mark<strong>et</strong>ing industriel <strong>et</strong> fut tout d’abord<br />

opposé au mark<strong>et</strong>ing transactionnel. Dans le domaine des services, le terme du mark<strong>et</strong>ing relationnel<br />

fut utilisé pour la première fois par Berry dans une conférence en 1983. La définition proposée par<br />

celui-ci demeure la plus citée dans la littérature des services (Grönroos, 1994) : « le mark<strong>et</strong>ing<br />

relationnel consiste à attirer, à maintenir <strong>et</strong> à renforcer la relation avec le client ». Pour Chistopher,<br />

Payne <strong>et</strong> Ballantyne (1991), le mark<strong>et</strong>ing de la relation comprend les idées de service client, de<br />

management de la qualité <strong>et</strong> des activités mark<strong>et</strong>ing afin d’améliorer la qualité <strong>et</strong> la valeur du service<br />

délivré au client. Selon Morgan <strong>et</strong> Hunt (1994) les éléments qui entrent dans c<strong>et</strong>te nouvelle approche<br />

comme le contrat relationnel (dans lequel sont incluses certaines obligations ne figurant pas dans<br />

l’accord écrit <strong>et</strong> auxquelles sont tenues les deux parties), le partenariat, les alliances stratégiques visent<br />

au premier chef la rétention des clients. Ces deux auteurs avancent que le mark<strong>et</strong>ing relationnel doit se<br />

référer à « toutes les activités mark<strong>et</strong>ing orientées vers l’établissement, le développement <strong>et</strong> le maintien<br />

d’échanges relationnels réussis avec le client » (Morgan <strong>et</strong> Hunt, 1994).<br />

L’intérêt porté à c<strong>et</strong>te approche relationnelle du mark<strong>et</strong>ing peut être expliqué par le besoin de nouvelles<br />

réflexions en mark<strong>et</strong>ing industriel <strong>et</strong> en mark<strong>et</strong>ing des services pour répondre aux pressions<br />

permanentes <strong>et</strong> accrues de la concurrence ainsi qu’à l’évolution de ces marchés. Un réseau relationnel<br />

impliquant clients, distributeurs, fournisseurs <strong>et</strong> autres partenaires, ne peut que constituer une source<br />

inépuisable d’avantages concurrentiels. Morgan <strong>et</strong> Hunt (1994) présentent une gamme de relations<br />

dans le domaine industriel que les entreprises doivent gérer <strong>et</strong> proposent un modèle relationnel qui se<br />

focalise sur deux concepts clés : le niveau d’engagement dans la relation <strong>et</strong> la confiance entre les<br />

parties. Dans le domaine de services financiers, Perrien <strong>et</strong> al. (1993) avancent que le mark<strong>et</strong>ing<br />

relationnel est une issue stratégique clé pour les banques afin d’améliorer la rétention de la clientèle.<br />

2.2 L’approche relationnelle appliquée à la marque<br />

La dimension affective de la valeur qu’une marque ajoute à un produit intéresse depuis plusieurs<br />

années les chercheurs travaillant sur la fidélité <strong>et</strong> le capital marque. En s’inspirant du contexte des<br />

relations interpersonnelles, certains auteurs sont allés jusqu’à envisager une relation interactive<br />

bilatérale entre le consommateur <strong>et</strong> la marque, perçue alors comme un partenaire <strong>et</strong> non plus<br />

seulement comme un obj<strong>et</strong> symbolique. Cook (1992) parle même d’une éventuelle « histoire d’amour »<br />

entre le consommateur <strong>et</strong> la marque qu’il ne faut pas négliger dans l’estimation de la valeur d’une<br />

marque. Dans le cadre de c<strong>et</strong>te anthropomorphisation de la marque, celle-ci est dotée d’une<br />

personnalité définie par Aaker J. (1997) comme« l’ensemble des caractéristiques humaines associées<br />

à la marque ». Aaker D. en 1994 a également introduit la notion de « liking » (qu’on peut traduire par<br />

affection pour une marque) pour rendre compte de c<strong>et</strong>te relation affective entre le consommateur <strong>et</strong> la<br />

marque. L’affection pour une marque est « un sentiment général qu’on ne peut relier à rien de précis,<br />

qui est animé d’une vie propre... distinct des attributs spécifiques de la marque » (Aaker D., 1994).<br />

Ainsi, l’utilisation de concepts tels que la personnalité de la marque, l’affection pour la marque, la<br />

confiance à l’égard de la marque, l’attachement à la marque, l’engagement envers la marque <strong>et</strong> la<br />

fidélité à la marque, concepts jadis utilisés pour l’étude des relations humaines, justifie l’adaptation de<br />

l’approche relationnelle appliquée à la marque.<br />

L’étude de c<strong>et</strong>te relation s’inscrit dans une vision globale de la fidélité réunissant les deux approches<br />

traditionnelles (comportementale <strong>et</strong> attitudinale) <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’appréhender la fidélité comme un<br />

phénomène relationnel (Dick & Basu, 1994). Moulins (1998), en évoquant le caractère dynamique de la<br />

fidélité, la conçoit ainsi comme une relation <strong>et</strong> non plus comme un état. Cristau (2001) envisage la<br />

fidélité comme une véritable relation psychologique <strong>et</strong> émotionnelle intense, dynamique, durable,<br />

évolutive, qui réconcilie les démarches cognitives <strong>et</strong> affectives tout en reconnaissant la marque comme<br />

un partenaire actif. C<strong>et</strong>te approche relationnelle paraît pertinente pour l’étude de la fidélité à la marque<br />

dans la mesure où l’on s’intéresse à de multiples dimensions d’une relation globale entre un<br />

consommateur <strong>et</strong> une marque.<br />

L’ambition aujourd’hui des adeptes de l’approche relationnelle est d’identifier les éléments significatifs<br />

qui perm<strong>et</strong>tent le développement de la relation consommateur-marque, sa stabilité <strong>et</strong> sa durabilité.<br />

Fournier (1998) insiste sur la nécessité de porter davantage l’attention sur les fondements <strong>et</strong> les<br />

manifestations de c<strong>et</strong>te relation, c’est à dire « pour quelles raisons <strong>et</strong> sous quelles formes les<br />

<strong>consommateurs</strong> cherchent <strong>et</strong> valorisent des relations durables avec les <strong>marques</strong> ». C<strong>et</strong> auteur définit la<br />

relation consommateur-marque comme « une interdépendance volontaire ou imposée entre une<br />

personne <strong>et</strong> une marque, caractérisée par une histoire unique d’interactions <strong>et</strong> une anticipation des<br />

3


occurrences futures, ceci est supposé faciliter les objectifs socio-émotionnels ou instrumentaux des<br />

participants, <strong>et</strong> implique une sorte de renforcement du lien entre le consommateur <strong>et</strong> la marque »<br />

(Fournier 1994).<br />

A l’issue d’une étude qualitative exploratoire conduite avec des consommatrices racontant <strong>leurs</strong><br />

histoires avec des <strong>marques</strong>, Fournier (1994, 1998) propose un modèle multidimensionnel de la qualité<br />

de la relation consommateur-marque (BRQ : Brand Relationship Quality) à six fac<strong>et</strong>tes : la connexion<br />

au concept de soi, l’interdépendance comportementale, l’engagement personnel, l’intimité,<br />

l’amour/passion <strong>et</strong> la qualité de la marque comme partenaire.<br />

Pour justifier c<strong>et</strong>te conception multidimensionnelle, Fournier (1994) soutient qu’une seule fac<strong>et</strong>te ne<br />

peut capturer la richesse conceptuelle de ce construit car « la qualité de la relation peut provenir de<br />

sources diverses, certaines relations peuvent être caractérisées fortement par une fac<strong>et</strong>te <strong>et</strong> faiblement<br />

par une autre, certaines fac<strong>et</strong>tes peuvent s’adapter à différentes étapes de développement de la<br />

relation ou à différents types de personnes ». Le modèle BRQ suggère que les relations à travers les<br />

six fac<strong>et</strong>tes soient additives ; si une relation donnée est déficiente sur une fac<strong>et</strong>te, la qualité globale de<br />

la relation en serait affectée (Fournier, 1994).<br />

Dans une analyse critique du modèle BRQ, Cristau (2001) souligne que certaines fac<strong>et</strong>tes constituent<br />

des antécédents de la relation (notamment la connexion au concept de soi <strong>et</strong> la qualité de la marque en<br />

tant que partenaire) <strong>et</strong> d’autres des conséquences (l’indépendance comportementale <strong>et</strong> l’engagement).<br />

Pour c<strong>et</strong> auteur, la relation de proximité entre le consommateur <strong>et</strong> la marque se limite à deux<br />

composantes : la dépendance psychologique à la marque <strong>et</strong> l’amitié ressentie pour la marque. La<br />

première composante est définie comme la sensation d’incapacité à se séparer définitivement de la<br />

marque sans tristesse, alors que la seconde est envisagée comme la relation sentimentale de<br />

connivence avec c<strong>et</strong>te marque.<br />

A l’issue de c<strong>et</strong>te revue de littérature nous définissons la relation comme une proximité psychologique<br />

volontaire entre un consommateur <strong>et</strong> une marque dans une catégorie de produits donnée. Elle se<br />

manifeste par une dépendance psychologique <strong>et</strong> comportementale <strong>et</strong> engendre une volonté ferme de<br />

continuer <strong>et</strong> faire durer la relation à long terme. Nous postulons que la dépendance psychologique<br />

engendre une dépendance comportementale. Il s’agit d’une attention permanente portée par le<br />

consommateur à la marque dans ses pensées <strong>et</strong> ses comportements. La marque est perçue comme un<br />

partenaire dont la séparation serait désagréable. C<strong>et</strong>te proximité psychologique s’explique par le fait<br />

que la marque, comme tout autre possession, peut être décrite comme un système identitaire <strong>et</strong><br />

considérée comme un moyen de communication avec les autres mais également constituer un repère<br />

par rapport à soi-même (Lacoeuilhe, 2000).<br />

Nous insistons sur l’importance de la catégorie du produit dans l’étude de la relation consommateurmarque,<br />

car comme le souligne Fournier (1994), certaines catégories de produits sont plus favorables à<br />

la naissance <strong>et</strong> l’établissement des relations consommateur-marque que d’autres. Dans ce sens,<br />

l’auteur a distingué les catégories à risque (des niveaux élevés d’incertitude ou d’investissements<br />

monétaires), les catégories à forte interactivité <strong>et</strong> à forte implication. D’autres chercheurs plaident pour<br />

l’idée selon laquelle certaines catégories de produits possèdent des caractéristiques intrinsèques<br />

favorisant un développement naturel <strong>et</strong> facile de relations consommateur-marque (Christy <strong>et</strong> al., 1996).<br />

Parmi ces caractéristiques, on peut citer le besoin de maintenance ou de réparation régulière du produit<br />

(notamment pour les voitures <strong>et</strong> les produits électroniques), la fréquence d’achat élevée qui augmente<br />

l’opportunité de contact avec le consommateur <strong>et</strong> enfin la capacité de différenciation ou de<br />

personnalisation du produit (ordinateurs, vêtements sur mesure).<br />

Après avoir étudié l’approche relationnelle en mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> expliqué son intérêt au niveau de la marque,<br />

nous nous intéresserons à la prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation.<br />

3. La prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation avec la marque<br />

La relation, qu’elle soit humaine ou commerciale, suppose deux partenaires, <strong>et</strong> la volonté de l’un<br />

n’implique pas forcément la volonté de l’autre. Il ne suffit pas que la marque se lance dans une<br />

démarche relationnelle, il faut aussi que le consommateur, partenaire à part entière de c<strong>et</strong> échange,<br />

soit prédisposé à s’engager dans la relation.<br />

3.1. Contexte <strong>et</strong> intérêt du concept<br />

Plusieurs auteurs ont souligné que les <strong>consommateurs</strong> ne sont pas tous favorables aux relations<br />

mark<strong>et</strong>ing (Barnes 1997 ; Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar 2000 ; Christy, Oliver <strong>et</strong> Penn 1996 ; Bendapudi <strong>et</strong> Berry<br />

1997 ; De Wulf, Odekerken-Schröder <strong>et</strong> Iacobucci 2001). Ainsi, dans la littérature on r<strong>et</strong>rouve des<br />

concepts tels que l’investissement motivationnel dans la relation (Dwyer <strong>et</strong> al. 1987), la motivation dans<br />

la relation (Beatty <strong>et</strong> al. 1996), la réceptivité au maintien de la relation (Bendapudi <strong>et</strong> Berry 1997), la<br />

4


prédisposition à entrer dans la relation (De Wulf, Odekerken-Schröder <strong>et</strong> Iacobucci 2001). Tous ces<br />

concepts sous-entendent d’une manière ou d’une autre le rôle actif du consommateur.<br />

Dans sa définition de la relation consommateur-marque, Fournier (1994) insiste sur le caractère<br />

volontaire de l’interdépendance entre les deux partenaires de la relation. Ce qui implique que la relation<br />

avec la marque fait appel implicitement ou explicitement à la volonté du consommateur.<br />

Aussi, Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar 1 (2000) soulignent une condition nécessaire pour la constitution de la<br />

relation : la volonté du consommateur à s’engager dans celle-ci. Le postulat principal de leur conception<br />

est que la capacité de la marque à initier une relation mark<strong>et</strong>ing est conditionnée par la motivation du<br />

consommateur à entrer dans c<strong>et</strong>te relation. Toutefois, les auteurs assimilent l’engagement dans la<br />

relation au fait que le consommateur continue à ach<strong>et</strong>er la même marque malgré la multitude de choix<br />

dont il dispose. Quand le consommateur s’engage vis-à-vis de la marque, il s’engage à ach<strong>et</strong>er celle-ci<br />

de façon répétitive, <strong>et</strong> renonce à l’opportunité de choisir ou même de considérer d’autres <strong>marques</strong> qui<br />

peuvent répondre aux mêmes besoins. En eff<strong>et</strong>, ces auteurs considèrent la réduction volontaire du<br />

choix de la part du consommateur comme un comportement relationnel (relational behavior) (Sh<strong>et</strong>h &<br />

Parvatiyar, 2000).<br />

Ainsi, le consommateur s’engage dans une telle relation dans le but d'atteindre un processus de<br />

décision efficient, de réduire la tâche de recherche <strong>et</strong> de traitement de l’information, pour parvenir à une<br />

grande consistance cognitive dans sa décision <strong>et</strong> réduire le risque perçu. Dans c<strong>et</strong>te conception de<br />

Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar (2000), basée sur les théories de prise de décision, on peut noter l’importance des<br />

éléments cognitifs <strong>et</strong> l’absence de la dimension affective. Or, c<strong>et</strong>te dimension forme l’essence même de<br />

la relation consommateur-marque.<br />

En eff<strong>et</strong>, nous pensons comme le souligne P<strong>et</strong>erson (1995) à juste titre, que s’engager dans une<br />

relation avec une marque est un phénomène plus profond <strong>et</strong> plus complexe qu’on ne peut limiter à une<br />

simple réduction de choix <strong>et</strong> à des facteurs utilitaires/cognitifs. Le consommateur peut procéder à une<br />

réduction de choix même sans vouloir s’engager dans une relation avec une quelconque marque. En<br />

eff<strong>et</strong>, le consommateur choisit de s'investir dans une relation intense avec une marque pour des raisons<br />

multiples, <strong>et</strong> surtout parce qu’il en a envie. Il existe une multitude de raisons de nature cognitive mais<br />

surtout affective qui expliquent la participation des <strong>consommateurs</strong> dans des relations mark<strong>et</strong>ing.<br />

Bendapudi <strong>et</strong> Berry (1997) ont introduit la notion de réceptivité du client au maintien de la<br />

relation. Constatant qu’il existe des ‘clients plus réceptifs’ <strong>et</strong> des ‘clients moins réceptifs’ au<br />

maintien d’une relation de service, ces auteurs se sont interrogés sur les motivations qui<br />

poussent ces clients à maintenir des relations proches avec leur fournisseur de service, ils se<br />

sont aussi interrogés sur les conditions favorisant c<strong>et</strong>te réceptivité envers la relation.<br />

Bendapudi <strong>et</strong> Berry (1997) recommandent ensuite aux entreprises de service de se concentrer<br />

sur l’identification de ces clients, plus réceptifs, ces derniers ayant une probabilité plus forte<br />

de maintenir une relation à long terme.<br />

Concernant les motivations qui incitent les clients au maintien de relations de service stables, les<br />

auteurs en proposent deux principales, sur la base de la littérature sur les relations interpersonnelles :<br />

la confiance <strong>et</strong> la dépendance. Ces motivations impliquent une gestion de la relation fondée sur des<br />

processus différents : le maintien de la relation par consentement ou dévouement fondés sur la<br />

confiance dans le premier cas (le client a confiance <strong>et</strong> désire délibérément maintenir la relation) <strong>et</strong> le<br />

maintien de la relation par contrainte fondé sur la dépendance avec le fournisseur dans le deuxième<br />

cas (le client est dépendant <strong>et</strong> donc contraint de rester). Ainsi, un client maintient une relation stable<br />

avec son banquier parce qu’il lui fait confiance ou parce qu’il a contracté un crédit sur plusieurs années<br />

<strong>et</strong> qu’il ne peut pas interrompre la relation même si il n’en est pas content.<br />

C<strong>et</strong>te notion de réceptivité à la relation peut être transposée au contexte de la marque. Il s’agit dans ce<br />

cas d’une réceptivité du consommateur aux efforts des managers des <strong>marques</strong> qui amène à se<br />

demander si tous les <strong>consommateurs</strong> sont réceptifs à ces efforts, <strong>et</strong> quelles sont <strong>leurs</strong> motivations<br />

sous-jacentes ?<br />

1 Sh<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Parvatiyar, (2000), “We believe that such advantages of relationship mark<strong>et</strong>ing can accrue to a firm if,<br />

and only if, consumers are willing and able to engage in relationship patronage”, p. 172, Handbook of<br />

Relationship Mark<strong>et</strong>ing, Sage Publications.<br />

5


Nous nous intéressons, dans le cadre de c<strong>et</strong>te recherche, aux motivations délibérées, <strong>et</strong> sans<br />

contraintes, des <strong>consommateurs</strong> à s’engager dans des relations avec la marque (relations basées sur<br />

la consentement au sens de Bendapudi <strong>et</strong> Berry, 1997). Nous supposons que de telles motivations<br />

s'appliquent principalement aux environnements fortement compétitifs <strong>et</strong> transparents (produits de<br />

grande consommation ou produits banalisés), puisque les <strong>consommateurs</strong> ne sont pas contraints par<br />

un choix limité, un manque d'information ou toute autre barrière. Il ne s’agit donc pas d’une relation<br />

établie sur la contrainte, mais plutôt sur le consentement <strong>et</strong> le dévouement.<br />

Christy <strong>et</strong> al. 2 (1996, p.177) dans leur définition de la relation mark<strong>et</strong>ing, introduisent des éléments que<br />

nous estimons importants pour le succès de c<strong>et</strong>te démarche relationnelle : la volonté d’engagement des<br />

parties <strong>et</strong> la réciprocité des actions. La relation mark<strong>et</strong>ing est définie par ces auteurs comme étant « un<br />

contexte géré dans lequel des transactions formelles, entre un consommateur <strong>et</strong> un fournisseur, sont<br />

complétées par des actions volontaires <strong>et</strong> réciproques, dont l'eff<strong>et</strong> augmente la probabilité de<br />

transactions futures entre les deux parties ». C<strong>et</strong>te volonté de la part du consommateur joue un rôle<br />

important dans le développement <strong>et</strong> le maintien de la relation. Gwinner <strong>et</strong> al. (1998) soutiennent que le<br />

succès d’une relation mark<strong>et</strong>ing dépend non seulement de sa mise en œuvre mais aussi des attitudes<br />

des <strong>consommateurs</strong> à l’égard de la relation. Toutefois, on précise qu’il ne s’agit pas ici d’une évaluation<br />

de la relation, mais de l’attitude de l’individu vis-à-vis de l’idée de s’engager dans la relation. On n’est<br />

pas encore dans la relation mais bien en amont. La prédisposition relationnelle du consommateur<br />

envers une marque correspond à une tendance psychologique relativement stable à évaluer<br />

favorablement l’idée de s’engager dans la relation avec une marque. Christy <strong>et</strong> al. (1996) utilisent le<br />

terme ‘psychologiquement prédisposé’ pour designer c<strong>et</strong>te tendance du consommateur à vouloir<br />

s’engager dans la relation mark<strong>et</strong>ing. Il s’agit d’exprimer l’idée que certains <strong>consommateurs</strong> sont<br />

intrinsèquement enclins à s’engager dans des relations avec les <strong>marques</strong>.<br />

De Wulf <strong>et</strong> al. (2001), ont présenté un modèle pour tester l’eff<strong>et</strong> de certaines tactiques relationnelles -<br />

considérées comme antécédents de l’investissement perçu dans la relation- sur la qualité de celle-ci. Il<br />

s’agit dans leur recherche de la relation entre l’ach<strong>et</strong>eur <strong>et</strong> le détaillant. Ils ont introduit deux variables<br />

modératrices dans leur modèle : l’implication dans la catégorie du produit <strong>et</strong> la disposition du<br />

consommateur à s’engager dans la relation mark<strong>et</strong>ing (consumer relationship proneness). Ils<br />

définissent c<strong>et</strong>te dernière variable comme « une tendance relativement stable <strong>et</strong> consciente de la part<br />

du consommateur à s’engager dans des relations avec les distributeurs (détaillants) d’une catégorie de<br />

produit particulière » 3 . En insistant sur le caractère conscient de c<strong>et</strong>te variable, ces auteurs veulent la<br />

différencier d’une tendance basée sur l’inertie ou la commodité. Ils considèrent que c<strong>et</strong>te variable relève<br />

du domaine de l’attitude puisque les <strong>consommateurs</strong> peuvent avoir des attitudes envers des obj<strong>et</strong>s<br />

physiques, sociaux <strong>et</strong> imaginaires comme envers <strong>leurs</strong> propres comportements ou actions.<br />

Dans le contexte ach<strong>et</strong>eur-détaillant, ces chercheurs considèrent que la prédisposition du<br />

consommateur à s’engager dans la relation doit être définie dans le cadre de la catégorie du produit,<br />

car ils estiment que, selon le niveau d’implication dans les catégories du produit, ce concept varie<br />

considérablement (De Wulf <strong>et</strong> al. 2001).<br />

Ces auteurs cherchent à appréhender les relations ach<strong>et</strong>eurs-distributeur <strong>et</strong> la prédisposition de<br />

l’ach<strong>et</strong>eur à s’engager dans une relation avec le magasin (store) ou avec le distributeur/détaillant<br />

(r<strong>et</strong>ailer). Cependant, l’échelle 4 utilisée dans l’étude mesure la tendance à être fidèle au point de vente.<br />

Ainsi, la notion de relation est limitée de fait à une intention de comportement <strong>et</strong>/ou de régularité de<br />

comportement sans prendre en compte les éléments psychologiques <strong>et</strong> affectifs qui sont à la base de<br />

relation. C<strong>et</strong>te ambiguïté au niveau de la conception <strong>et</strong> la mesure de ce concept est probablement due<br />

à la difficulté d’appréhension du concept lui-même.<br />

3.2. Définition <strong>et</strong> modèle de la recherche<br />

2 Christy, Oliver & Penn (1996), “Mark<strong>et</strong>ing relationship is defined as being a managed context within which<br />

formal transactions b<strong>et</strong>ween a consumer and supplier are supplemented by voluntary and reciprocated actions by<br />

both parties, the effect of which is that the probability of future transactions b<strong>et</strong>ween the two parties is<br />

increased”. Journal of Mark<strong>et</strong>ing Management, p.177.<br />

3 De Wulf, Odekerken-Schröder & Iacobucci (2001), “We define consumer relationship proneness as a consumer<br />

relatively stable and conscious tendency to engage in relationships with r<strong>et</strong>ailers of a particular product<br />

category”. Journal of Mark<strong>et</strong>ing, Vol. 65, p. 38.<br />

4 <strong>Les</strong> trois items utilisés par De Wulf <strong>et</strong> al. (2001) pour mesurer ce concept :<br />

Generally, I am someone who likes to be a regular customer of an apparel store.<br />

Generally, I am someone who wants to be a steady customer of the same apparel store.<br />

Generally, I am someone who is willing to “go the extra mile” to purchase at the same apparel store.<br />

6


Dans le cadre de c<strong>et</strong>te recherche nous définissons le concept de prédisposition à s’engager dans la<br />

relation comme une tendance psychologique consciente <strong>et</strong> volontaire, relativement stable, du<br />

consommateur à s’engager dans une relation affective avec une marque.<br />

(1) Tendance psychologique consciente <strong>et</strong> volontaire : La prédisposition relationnelle du consommateur<br />

ne reflète pas un comportement, mais peut être décrite comme une tendance psychologique. En<br />

s’inspirant de la littérature sur la fidélité, nous proposons d’appréhender ce concept comme une<br />

tendance consciente <strong>et</strong> volontaire, c’est-à-dire non aléatoire <strong>et</strong> fonction d’un processus psychologique,<br />

pour m<strong>et</strong>tre l’accent sur le consentement <strong>et</strong> la volonté du consommateur.<br />

(2) Relativement stable : Nous postulons que la prédisposition relationnelle du consommateur est une<br />

caractéristique individuelle qui varie d’un individu à un autre. C’est un trait individuel, donc relativement<br />

stable.<br />

(3) A s’engager dans une relation : Nous nous intéressons à la tendance à s’engager dans la relation <strong>et</strong><br />

non à la tendance à maintenir, continuer ou renforcer la relation. Le consommateur n’est pas encore<br />

engagé dans la relation.<br />

Ainsi, nous postulons que la prédisposition à s’engager dans une relation avec une marque est une<br />

caractéristique personnelle intrinsèque qui varie d’un individu à un autre. En la considérant ainsi, nous<br />

voulons préciser la caractéristique motivationnelle du concept.<br />

Son rôle peut être constaté à travers ses liens avec des variables relationnelles comme la confiance,<br />

l’attachement, l’engagement <strong>et</strong> la fidélité (pour une revue plus exhaustive sur ces variables voir Gurviez<br />

1999, Lacoeuihle 2000 <strong>et</strong> Amine 1998).<br />

Nous avons formulé -sous forme d’un modèle conceptuel- des propositions sur les liens que la<br />

Prédisposition à<br />

s’engager dans la<br />

relation avec la<br />

marque<br />

Confiance<br />

Attachement<br />

Engagement<br />

Figure 1 : modèle conceptuel de la prédisposition relationnelle <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s<br />

Fidélité<br />

comportementale<br />

prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation est susceptible d’avoir avec ces variables.<br />

P1. Le lien entre prédisposition relationnelle <strong>et</strong> la confiance à l’égard de la marque : La confiance<br />

constitue une composante importante de la relation de consentement établie entre le<br />

consommateur <strong>et</strong> la marque (Gurviez, 1999).Etre psychologiquement prédisposé à s’engager<br />

dans une relation de proximité avec une marque implique le fait d’être prêt à lui faire confiance.<br />

7


Plus c<strong>et</strong>te prédisposition sera forte, plus la confiance résultante le sera également. Nous<br />

supposons donc un lien fort entre ces deux variables.<br />

P2. Le lien entre prédisposition relationnelle <strong>et</strong> l’attachement à la marque : nous considérons<br />

l’attachement comme un indicateur d’intensité du lien affectif entre le consommateur <strong>et</strong> la marque.<br />

C’est un indice de la force de la relation entre le consommateur <strong>et</strong> la marque. Nous avons<br />

argumenté <strong>et</strong> soutenu dans c<strong>et</strong>te recherche que la volonté du consommateur à s’engager joue un<br />

rôle important sur la qualité de la relation. Ce qui sous-entend que la prédisposition du<br />

consommateur à s’engager dans la relation avec la marque aurait un eff<strong>et</strong> positif sur son<br />

attachement envers celle-ci.<br />

P3. Le lien entre prédisposition relationnelle <strong>et</strong> l’engagement envers la marque : l’engagement<br />

représente la volonté de maintenir durablement une relation avec un partenaire donné. Il traduit<br />

une tendance à résister au changement qui implique la fixation <strong>et</strong> la conviction de l’individu dans<br />

son choix de la marque. Ce concept est toujours lié à la notion de continuité ou du changement<br />

de comportement. Il s’agit de vérifier si la relation à la marque est stable <strong>et</strong> durable dans le temps<br />

<strong>et</strong> à travers les différentes situations d’achat. D’autre part, si la prédisposition à s’engager se<br />

traduit par une relation plus longue avec la marque, alors le niveau d’engagement du<br />

consommateur devrait être plus fort.<br />

P4. Le lien entre prédisposition relationnelle <strong>et</strong> la fidélité : plusieurs résultats de l’engagement dans<br />

la relation peuvent être attendus : l’achat répété, la résistance à la promotion <strong>et</strong> aux actions des<br />

concurrents, le bouche-à-oreille positif, la coopération <strong>et</strong> l’adoption d’un comportement loyal (non<br />

opportuniste) vis-à-vis de la marque. Dans le cas d’un consommateur prédisposé à s’engager <strong>et</strong><br />

manifestant de ce fait des niveaux élevés de confiance, d’attachement <strong>et</strong> d’engagement, on<br />

s’attend à constater une fidélité non seulement forte mais aussi présente dans toutes ses<br />

conséquences (de l’achat répété aux bouche à oreille visant à influencer l’achat de la marque).<br />

L’existence d’une relation entre le consommateur <strong>et</strong> la marque dépend à la fois des <strong>consommateurs</strong> <strong>et</strong><br />

des catégories de produits. Certaines catégories du produit sont en soi propices au développement de<br />

relations (choix important, transparence de l’information).<br />

Selon Christy & al. (1996), ces considérations peuvent affecter directement les règles concurrentielles<br />

du jeu dans ces marchés : dans les marchés où les relations ont un terrain favorable à leur<br />

développement, les entreprises désireuses d’adopter une démarche relationnelle doivent avoir les<br />

compétences nécessaires <strong>et</strong> être capable de gérer de telles relations. Ce qui en r<strong>et</strong>our, va renforcer la<br />

position concurrentielle de ces entreprises dans les catégories de produit ou les segments de<br />

<strong>consommateurs</strong> où ces conditions sont établies. Cependant, disposer de ces compétences <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre ces moyens ne garantissent la réussite de la démarche. Vu l’importance de la confiance dans<br />

l’établissement <strong>et</strong> le maintien de ces relations, les <strong>marques</strong> avec une bonne réputation <strong>et</strong> une forte<br />

image dans ce segment en question auront plus de chance de réussir c<strong>et</strong>te démarche relationnelle<br />

(Christy & al., 1996).<br />

4. Conclusion<br />

C<strong>et</strong>te recherche traite de la relation consommateur-marque du point de vue du consommateur. Nous<br />

avons présenté une synthèse de l’approche relationnelle en mark<strong>et</strong>ing en général puis appliquée à la<br />

marque. Nous avons proposé une définition de la relation en m<strong>et</strong>tant en évidence le rôle de la catégorie<br />

de produit avant de nous interroger sur le rôle de la prédisposition du consommateur à s’engager dans<br />

la relation avec la marque. Nous estimons que ce dernier concept est d’une grande importance pour<br />

8


comprendre le fondement des relations consommateur-marque. En se positionnant du point de vue du<br />

consommateur, notre objectif est d’appréhender le rôle de celui-ci en tant que partenaire actif de la<br />

relation. La prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation avec la marque est un<br />

élément déterminant de l’existence même de la relation.<br />

Sur un plan théorique, l’étude de la prédisposition du consommateur à s’engager dans la relation avec<br />

la marque constitue une voie de recherche riche <strong>et</strong> intéressante, notamment dans le domaine de la<br />

fidélité à la marque. L’intérêt du concept de prédisposition à s’engager dans une relation avec la<br />

marque réside dans son caractère motivationnel stable, perm<strong>et</strong>tant (1) de mieux expliquer des<br />

différences de niveau <strong>et</strong> d’intensité sur des concepts relationnels tels que la confiance, l’attachement <strong>et</strong><br />

l’engagement <strong>et</strong> (2) de mieux comprendre l’impact de ces variables sur la fidélité à la marque <strong>et</strong> son<br />

intensité (en termes notamment de conséquences).<br />

Sur un plan managérial, les investissements dans l’établissement <strong>et</strong> le suivi de relations mark<strong>et</strong>ing<br />

impliquent des dépenses considérables. En conséquence, les entreprises doivent faire des choix<br />

concernant les <strong>consommateurs</strong> à cibler dans le cadre d’une démarche relationnelle. <strong>Les</strong> budg<strong>et</strong>s des<br />

entreprises étant limités, ces dernières doivent concentrer <strong>leurs</strong> efforts sur l’identification des<br />

<strong>consommateurs</strong> les plus intéressants pour la marque <strong>et</strong> les plus rentables. Dans un souci de<br />

rentabilisation des budg<strong>et</strong>s engagés, il est donc judicieux d’identifier les groupes de clients prédisposés<br />

à s’engager dans des relations durables avec la marque dans l’objectif de les cibler pour établir avec<br />

eux des relations privilégiées .<br />

Enfin, Benavent <strong>et</strong> Crié (1999) ont montré à l’issue d’une étude sur l’efficacité des programmes de<br />

fidélisation, que l'impact de ces programmes est faible mais surtout sélectif. Ne serait-il pas plus<br />

pertinent de cibler les clients prédisposés à s’engager dans de tels programmes ?<br />

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