bulletin des seances mededelingen der zittingen - Royal Academy ...
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Cette alternance correspond à une règle morphologique, rare également,<br />
qui contracte <strong>des</strong> voyelles mises en contact à la limite de morphèmes, par<br />
exemple :<br />
a-ba-izâ devient abéezâ «les bons»<br />
-tâ-ur- devient -tôor- «ramasser»<br />
(-tâ- «laisser tomber» ; -ur- suffixe réversif formant un dérivé de sens contraire<br />
à celui du radical).<br />
Un sixième mécanisme de la variabilité iconique consiste en l’insertion d’une<br />
consonne ou d ’une semi-voyelle à l’intérieur d ’un morphème. Il apparaît<br />
fréquemment entre la première consonne et la première voyelle d ’un radical.<br />
Exem ples :<br />
-jeend- ~ -jweend-, etc. dans le tableau de 20 variantes<br />
-shâmarar- ~ -shwâmarar- «se dresser en désordre»<br />
-shâshagir- ~ -shwâshwagir- «scintiller»<br />
-shâshagur- ~ -shwâshwagur- «grésiller (viande)»<br />
-mâamfuuz- ~ -myâamfuuz- «arracher prestement»<br />
-méemeeduk- ~ -myéemeeduk- «être très propre»<br />
-séenyeer- ~ -syéenyeer- «former un dépôt»<br />
Les trois exemples qui ont l’initiale s présentent une anomalie phonologique :<br />
leur première voyelle est brève alors qu’elle est précédée de la séquence<br />
«consonne plus semi-voyelle», position où une voyelle est normalement longue.<br />
Voici donc encore un cas d’anomalie lié à la redondance iconique.<br />
Les variantes iconiques tendent en outre à employer <strong>des</strong> consonnes dans<br />
<strong>des</strong> positions où elles sont normalement rares. Ainsi la consonne d n’est<br />
fréquente qu’après n ou lorsqu’elle résulte de la dissimilation consonantique,<br />
par exemple dans tu-kaat-a devenant dukaata «nous pétrissons l’argile» (la<br />
consonne sourde t passe à la sonore correspondante d devant la sourde k<br />
initiale du radical) [5]. Mais on la trouve hors de ces positions dans le tableau<br />
de 12 variantes (-dâdari 11, etc.) et dans de nombreuses autres variantes.<br />
Comme on le voit, les mécanismes de la variabilité iconique se laissent<br />
définir avec précision mais, contrairement à ceux de la grammaire canonique,<br />
leur emploi n’est pas prévisible. La variabilité iconique est donc non seulement<br />
aberrante par rapport aux principes du langage, mais aussi fondamentalement<br />
irrégulière. Ce trait est d’autant plus frappant que le rwanda, comme la<br />
majorité <strong>des</strong> langues bantoues, possède une grammaire très régulière. Paradoxalement,<br />
c’est d’ailleurs cette régularité qui permet, par contraste, d’identifier<br />
clairement le secteur irrégulier de la langue. Il serait beaucoup plus difficile<br />
de le faire en français ou en anglais, où l’irrégularité fondamentale se distingue<br />
mal d ’irrégularités occasionnelles.<br />
La régularité du rwanda connaît une exception notable dans la dérivation<br />
verbale, où elle côtoie une infinité de particularités lexicales. La notion de