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Techniques et pratiques d'élevage de lamas dans une ... - IRD

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intéressant <strong>de</strong> noter que la même association se r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> la racine aymara sama- du<br />

terme samaña, qui désigne les années ou les terrains en repos : « repos certes, mais aussi<br />

souffle, haleine, récupération <strong>de</strong>s forces, <strong>et</strong>c. […] on considère que la terre « souffle »,<br />

« récupère ses forces » grâce à la fertilisation animale, aux pluies,au travail naturel du sol, <strong>et</strong>c.<br />

mais aussi aux ‘forces/énergie’ transmises par les dieux… » (Rivière, 1996).<br />

Notons toutefois, comme le soulignent Go<strong>de</strong>nzzi <strong>et</strong> Vengoa, que le discours paysans<br />

révèle également un autre élément tout à fait passionnant : en eff<strong>et</strong>, la terre est considérée<br />

véritablement comme un « être animé » (« ser animado »), qui, au même titre que nous-<br />

même, à besoin <strong>de</strong> reprendre <strong>de</strong>s forces, <strong>de</strong> « s’alimenter », non comme nous en mangeant<br />

mais bien grâce à ces pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> repos. Ainsi, la relation du producteur à la terre apparaît<br />

comme <strong>une</strong> véritable « interaction entre <strong>de</strong>ux entités animées » (« una interaccion entre<br />

entida<strong>de</strong>s animadas ») <strong>et</strong> non comme <strong>une</strong> relation « entre un suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> un obj<strong>et</strong> » (« entre un<br />

suj<strong>et</strong>o y un obj<strong>et</strong>o »).<br />

Le terme chakmay<br />

L’analyse sémantique du terme chakmay d’après les documents d’époque coloniale<br />

nous présente surtout l’idée assez ‘simplement’ technique <strong>de</strong> « rompre la terre » (« romper la<br />

tierra »), donc correspondrait simplement à l’action <strong>de</strong> « labour » (« barbecho ») <strong>dans</strong> le<br />

cycle agricole. Toutefois, les textes coloniaux précisent bien qu’il s’agit du premier labour<br />

après le temps <strong>de</strong> repos, <strong>de</strong> jachère, par opposition au terme « yapuy » qui désigne quant à lui<br />

les labours annuels réalisés pour les différentes cultures <strong>de</strong> la rotation. Dans ses acceptions<br />

actuelles, le terme semble avoir parfois subi <strong>de</strong>s glissements <strong>de</strong> sens (vers l’idée plus<br />

spécifique <strong>de</strong> « labour sur les pentes » - « barbecho hecho en la la<strong>de</strong>ra » - ou encore celle <strong>de</strong><br />

« ramasser les produits restés en terre » - « recoger los productos que han quedado en la<br />

tierra »). Plus généralement, il semble également quelque peu supplanté par les termes<br />

génériques dérivés <strong>de</strong> l’espagnol barbecho (labour) : barbechay ou warwichay.<br />

Quoiqu’il en soit, l’analyse du discours paysan sur c<strong>et</strong>te notion souligne bien qu’il<br />

reste rattaché fortement à plusieurs notions essentielles qui peuvent concourir à alimenter<br />

notre réflexion la fertilité <strong>et</strong> sa reproduction. Tout d’abord, un élément indispensable à<br />

l’action <strong>de</strong> chakmay, c'est l’eau, ou plutôt la pluie. Les auteurs soulignent son rôle crucial tant<br />

pour la reconstitution du sol que pour la facilité du travail. Je nuancerais pour ma part le<br />

premier élément invoqué : il semble en eff<strong>et</strong> que c'est surtout pour son action sur la structure

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