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Techniques et pratiques d'élevage de lamas dans une ... - IRD

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2. Quelques tentatives autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> fertilité<br />

L’<strong>une</strong> <strong>de</strong>s questions posée à l’origine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recherche tournait autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />

fertilité. En eff<strong>et</strong>, en tant que carrefour entre les systèmes <strong>de</strong> culture, les systèmes <strong>d'élevage</strong> <strong>et</strong><br />

l’économie familiale, mais aussi parce qu’elle est signifiante autant en agronomie qu’en<br />

<strong>et</strong>hnologie, il semblait que c<strong>et</strong>te notion puisse être <strong>une</strong> entrée intéressante à examiner. Ou<br />

plutôt <strong>une</strong> sortie : en eff<strong>et</strong>, tentant d’être fidèle à <strong>une</strong> vision issue <strong>de</strong> l’anthropologie <strong>de</strong>s<br />

techniques, je pense que les représentations <strong>et</strong> les catégories liées à la notion <strong>de</strong> fertilité<br />

doivent in fine émerger <strong>de</strong> l’<strong>et</strong>hnographie <strong>de</strong>s techniques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> agricoles. Comme<br />

c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière est très mo<strong>de</strong>ste, il serait très utopique <strong>de</strong> chercher à échafau<strong>de</strong>r <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

théories sur la vision <strong>de</strong> la fertilité <strong>dans</strong> les sociétés andines. Toutefois, il me semble que <strong>de</strong>s<br />

éléments épars <strong>dans</strong> les données <strong>de</strong> terrain peuvent tout <strong>de</strong> même nous indiquer quelques<br />

pistes.<br />

Mais avant <strong>de</strong> revenir à ces <strong>de</strong>rnières, je tenterais un p<strong>et</strong>it détour linguistique emprunté<br />

à la littérature pour tenter <strong>de</strong> mieux cerner les termes quechua se rapportant à c<strong>et</strong>te vaste<br />

notion <strong>de</strong> fertilité. Je m’appuierai pour cela sur les analyses <strong>de</strong> Juan Carlos Go<strong>de</strong>nzzi <strong>et</strong> Jan<strong>et</strong><br />

Vengoa (Go<strong>de</strong>nzzi <strong>et</strong> Vengoa, 1994). Celles-ci concernent surtout la question <strong>de</strong> la fertilité <strong>de</strong><br />

la terre, du sol.<br />

a. P<strong>et</strong>it détour par l’analyse sémantique <strong>de</strong>s différents termes quechuas se rapportant à la<br />

fertilité du sol<br />

Le terme samay<br />

Tant <strong>dans</strong> le vocabulaire quechua étudié par les auteurs <strong>de</strong> l’époque coloniale que <strong>dans</strong><br />

son acception mo<strong>de</strong>rne, le terme samay désigne avant tout l’idée <strong>de</strong> « repos » (« <strong>de</strong>scanso »),<br />

non seulement pour les êtres humains mais également pour la terre. En eff<strong>et</strong>, les textes<br />

anciens tout autant que les <strong>pratiques</strong> agricoles actuelles indiquent que les terrains non irrigués<br />

nécessitent l’intégration <strong>de</strong> plusieurs années <strong>de</strong> repos <strong>dans</strong> la rotation culturale.<br />

Toutefois, comme l’indique les textes coloniaux mais également contemporains, le<br />

terme samay ou les termes dérivés recouvrent aussi l’idée <strong>de</strong> « respirer », « <strong>de</strong> (re)prendre son<br />

souffle ». Ainsi, pour ce qui concerne le repos <strong>de</strong>s terrains agricoles, on voit qu’il ne s’agit<br />

pas simplement d’un repos qu’on pourrait qualifier <strong>de</strong> ‘statique’, « un simple ne rien faire »<br />

(« un mero no hacer nada »), mais bien au contraire qu’il s’agit d’un moment véritablement<br />

actif <strong>de</strong> « récupération <strong>de</strong>s forces » avant le cycle agricole suivant. Il est d’ailleurs

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