Techniques et pratiques d'élevage de lamas dans une ... - IRD
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favoriser la future richesse <strong>et</strong> prospérité du couple <strong>de</strong> pasantes. Il conviendrait donc <strong>de</strong> savoir<br />
en quoi les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> comptages diffèrent, à moins que ce ne soit les obj<strong>et</strong>s comptés (ou<br />
non comptés) qui ne soient pas <strong>de</strong> la même nature.<br />
Ou plutôt, pourquoi compterait-on ?<br />
Quoiqu’il en soit, <strong>dans</strong> tout cela l’agronome reste perplexe : comment peut-on gérer<br />
un troupeau <strong>dans</strong> ce cas, comment savoir que tous ses animaux sont bien tous là quand on les<br />
ramène au corral ? C'est oublier un peu vite que les éleveurs <strong>de</strong> San Agustin disposent <strong>de</strong><br />
mille manières <strong>de</strong> (re)connaître leurs animaux un par un.<br />
“Como conocemos, entonces ya nos fijamos cual falta, cual no falta - esta tal<br />
llama tienen sus nombres también no?”<br />
« Comme on les connaît, ainsi on sait lequel manque, lequel ne manque pas – tel<br />
lama a son nom aussi, non ? »<br />
Florencio, 18 juin 2007, San Agustin.<br />
En eff<strong>et</strong>, il existe <strong>de</strong> très nombreuses <strong>et</strong> très fines modalités <strong>de</strong> reconnaissance <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
dénomination <strong>de</strong>s <strong>lamas</strong>, selon toute <strong>une</strong> série <strong>de</strong> critères. Signalons ici que les éleveurs<br />
marquent par ailleurs leur bétail, à la fois par <strong>de</strong>s entailles <strong>de</strong> forme spécifique aux oreilles<br />
(« señal », littéralement « signal ») <strong>et</strong> par <strong>de</strong>s « fleurs » (t’ika), p<strong>et</strong>its pompons <strong>de</strong> laine<br />
accrochés sur les oreilles ou <strong>dans</strong> la laine du pelage. Toutefois, l’objectif n’est pas <strong>de</strong><br />
distinguer chaque animal <strong>de</strong> son voisin ; il s’agit plutôt <strong>de</strong> reconnaître les troupeaux<br />
(familiaux) les uns <strong>de</strong>s autres (si l’on laisse <strong>de</strong> côté la valeur symbolique du marquage par les<br />
« fleurs » - voir paragraphe 4 <strong>de</strong> la partie IV sur ce suj<strong>et</strong>). Nous reviendrons donc ailleurs sur<br />
ces <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> marquage.<br />
Pour ce qui concerne spécifiquement les techniques <strong>de</strong> reconnaissance <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
dénomination <strong>de</strong>s animaux, J. Flores Ochoa les a largement étudiées <strong>dans</strong> <strong>de</strong> nombreux<br />
articles (en particulier Flores Ochoa, 1988). Selon c<strong>et</strong> auteur, outre <strong>de</strong>s noms propres donnés à<br />
certains <strong>lamas</strong> nés sous un patronage particulier, les éleveurs <strong>de</strong> « la haute puna andine »<br />
utilisent plusieurs systèmes emboîtés <strong>de</strong> catégories <strong>de</strong>scriptives pour ‘nommer’ 26 ou disons<br />
pour distinguer individuellement leurs animaux. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s catégories, assez génériques<br />
pour tous les animaux, <strong>de</strong> « sauvages » <strong>et</strong> « domestiqués » (« salqa » <strong>et</strong> « uywa » en quechua)<br />
26 Les éleveurs rencontrés à San Agustin parlent eux-mêmes <strong>de</strong> noms qu’ils donnent à leurs <strong>lamas</strong>, le terme<br />
utilisé étant « nombre » en espagnol.