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Techniques et pratiques d'élevage de lamas dans une ... - IRD

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Ainsi, malgré <strong>une</strong> légère mise à distance critique <strong>de</strong>s « croyances » <strong>de</strong>s « anciens »,<br />

« en vérité » l’habitu<strong>de</strong> reste <strong>de</strong> ne pas compter. Il n’y a que <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> ‘personnes’ qui<br />

comptent, m’indiquera-t-on en plaisantant :<br />

“Cancahaman yupaska - O sea cuando sale la llama <strong>de</strong>l corral, la puerta cuanta<br />

dice.”<br />

« [en quechua] La porte compte. [On me traduit] C'est-à-dire que quand les <strong>lamas</strong><br />

sortent du corral, on dit que la porte compte. »<br />

Florencio, 18 juin 2007, San Agustin.<br />

Autrement, mes interlocuteurs me confieront que ce sont les enfants qui s’amusent à<br />

jouer à compter. Ainsi, eux-mêmes :<br />

“Florencio: Yo a mis ovejas hacia eso, saliendo <strong>de</strong> su corral a mis ovejas yo<br />

contaba.<br />

Celina: Cuando era niña, yo hacia eso no? ahora ya no hago…”<br />

« Florencio : Moi avec mes brebis je faisais ça, elles sortaient <strong>de</strong> leur corral <strong>et</strong> je<br />

comptais.<br />

Celina : quand j’était p<strong>et</strong>it, je le faisais, non ? Maintenant je ne le fais plus… »<br />

(rires)<br />

Florencio <strong>et</strong> Doña Celina, 18 juin 2007, San Agustin.<br />

Compter c'est donc juste un jeu d’enfant, auquel on ne joue plus <strong>une</strong> fois adulte. Car<br />

ne pas compter, c'est <strong>une</strong> question (sérieuse s’il en est) <strong>de</strong> « suerte » (chance) me dira-t-on<br />

aussi à plusieurs reprises, ou du moins <strong>une</strong> question <strong>de</strong> ne pas s’attirer <strong>une</strong> « mala suerte »<br />

(malchance) pour le futur accroissement <strong>de</strong> son troupeau. Ceci pourrait s’expliquer par la<br />

nécessité <strong>de</strong>s éleveurs du Lipez <strong>de</strong> conserver l’unité <strong>de</strong> leurs troupeaux, nécessité <strong>de</strong> ne pas<br />

séparer les animaux pour en assurer <strong>et</strong> en préserver la fertilité (Bolton, 2001). Or, compter<br />

serait <strong>une</strong> manière <strong>de</strong> séparer conceptuellement (Urton, 1997, cité par Bolton, 2001).<br />

Toutefois, c<strong>et</strong>te hypothèse peut-être remise en doute par l’observation d’autres <strong>pratiques</strong> :<br />

ainsi, quand on procè<strong>de</strong> au marquage <strong>de</strong>s oreilles <strong>de</strong>s <strong>lamas</strong>, les morceaux d’oreilles coupés<br />

sont conservés <strong>et</strong> comptés 25 afin <strong>de</strong> favoriser la multiplication du troupeau pour l’année à<br />

venir. Ils sont à c<strong>et</strong>te fin précieusement conservés <strong>dans</strong> un paqu<strong>et</strong> rituel. De même, on procè<strong>de</strong><br />

à la comptabilité <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux reçus par le pasante lors <strong>de</strong> la fête patronale, qui sont ensuite<br />

« mis à la banque », c'est-à-dire conservés : là aussi, on compte, on stocke, le tout pour<br />

25 On compte même chaque morceau, doublant ainsi le chiffre obtenu par rapport à un comptage <strong>de</strong>s animaux.

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