Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

chapitre deux avait aucun modèle national de prestation de services ayant rassemblé au sein d’une même organisation toutes ces parties intéressées différentes. Les organisations politiques s’étaient déjà rencontrées brièvement à des points névralgiques, comme au moment de conférences constitutionnelles, mais rapidement elles étaient revenues à leur état de séparation; il était même arrivé que ces organisations aient eu des points de désaccord ou des différends une fois le moment critique passé. La création et la durabilité de la FADG tiennent beaucoup au fait qu’il a été impérieux au début de 1998 de se rallier à une cause commune. Si on perdait le financement promis, on encourait le risque réel et perçu qu’une fois de plus, les questions préoccupantes liées aux pensionnats ne feraient plus partie des priorités, qu’il n’y aurait plus cette conscientisation du public à la problématique. En février 1998, l’établissement prévu d’un organisme sans lien de dépendance avec le gouvernement, indépendante aussi des organisations politiques autochtones, et ayant le mandat de gérer le fonds de guérison a été rendu public. 32 Les cinq organisations autochtones nationales ont collaboré pour mettre sur pied un conseil d’administration et nommer les neuf membres fondateurs qui le composaient. Le conseil est devenu le centre de coordination assurant la conduite de négociations sur la façon dont le fonds de guérison serait distribué aux collectivités. Fondation autochtone de guérison Représentation au Conseil d’administration Membres du Conseil fondateur Trois membres désignés par : l’Assemblée des Premières Nations Un membre désigné par chacune des organisations suivantes : The Inuit Tapiriisat of Canada (devenu Inuit Tapiriit Kanatami) le Ralliement national des Métis le Congrès des Peuples Autochtones l’Association des femmes autochtones du Canada Deux membres désignés par le gouvernement du Canada, de préférence des Autochtones Membres supplémentaires nommés consécutivement à l’incorporation Cinq personnes des Premières Nations Un Inuk Une personne Métis Un Inuk ou une personne Métis S’étant engagé à confier une somme importante d’argent à cette nouvelle organisation autochtone dirigée par des représentants des Autochtones, il était normal que le gouvernement du Canada soit entré en négociation avec la Fondation avec circonspection pour établir le mandat et les conditions du financement. Les membres fondateurs du conseil d’administration ont eux-mêmes subi beaucoup de pressions, principalement en raison de la menace que représentait la date limite, alors que toutes les parties intéressées devaient conclure un accord afin d’obtenir le montant du fonds de guérison volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être 17

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre deux et qu’en plus, ils devaient porter le poids des attentes suscitées dans la communauté autochtone par l’annonce initiale du fonds. En bout de ligne, les membres du conseil d’administration ont eu peu de possibilités et ils ont dû accepter la plupart des conditions proposées par le gouvernement. À la fin mars, les négociations ont pris fin; la demande pour les lettres patentes constituant en corporation la Fondation a été envoyée et approuvée le 30 mars. Quant à l’accord de financement, il a été signé le 31 mars 1998. Bon nombre des conditions établies dans l’accord de financement se rapportaient aux principes de saine gestion publique et le conseil d’administration les a acceptées d’emblée. Le Conseil avait prévu à juste titre que quelques-unes de ces conditions poseraient des problèmes continuels dans la réponse aux besoins de guérison de la population autochtone et la réalisation du mandat de l’organisation. Le fait que l’ensemble des propositions ou des demandes présentées dans le cadre de l’affectation du fonds de guérison devaient, pour être admissibles, être associées au traitement des séquelles des abus physiques et sexuels commis dans les pensionnats, y compris les répercussions intergénérationnelles, a constitué la plus grande contrainte. Qu’on ait accepté d’inclure le traitement des répercussions intergénérationnelles a été une concession faite en raison des recommandations pressantes du conseil d’administration fondateur. Des séquelles des pensionnats comme la carence affective résultant de la privation de l’amour, du réconfort et du soutien de sa famille et le manque de compétences parentales en raison de l’absence du mode de transmission traditionnel de ces compétences, la perte de la culture et de la langue et les offensives qui ont porté atteinte au sentiment d’identité (personnelle) et à la dignité, n’ont pas pu en soi constituer le centre des préoccupations ou la priorité présentée dans le cadre des propositions axées sur la guérison, bien que toutes ces séquelles ont été prises en considération et traitées en même temps que celles répondant au critère obligatoire pour l’obtention du financement. En fait, le critère général servant de base au financement accordait suffisamment de flexibilité pour permettre de répondre aux besoins de prévention et de dépistage précoce des effets lointains causés par les pensionnats, des besoins de recherche, de développement des capacités et des approches de guérison communautaires, comprenant aussi les méthodes traditionnelles. Il n’en reste pas moins que la FADG a dû supporter le poids des critiques provoquées par le fait d’avoir indûment limité les initiatives de guérison qu’elle acceptait de financer. Une autre condition ayant posé problème a été celle d’avoir à distinguer les projets de guérison du flot de litiges qui continuait à s’élargir. L’accord spécifiait que [traduction] « les coûts rattachés au paiement de compensations aux personnes, à tout litige ou à toute enquête publique se rapportant aux pensionnats, ne constituaient pas un coût admissible. » 33 Pour faire la distinction entre un projet visant à venir en aide aux Survivants dans leur cheminement de guérison et un autre ayant pour but de les aider à passer au travers d’une période stressante comme d’intenter une action en justice ou de participer à une enquête, la ligne de démarcation était mince, mais il a fallu tout de même bien marquer la différence. En fait, à certains endroits et dans l’esprit de certains Survivants, la confusion entre l’affectation du fonds pour la guérison et le paiement prévu de compensations a persisté pendant toute la phase de l’octroi de subventions par la FADG. L’exigence liée au fait que la FADG ne pouvait pas allouer des fonds réservés à la guérison, c’est-à-dire à [traduction] « des activités se rapportant à la revendication/défense d’intérêts/assistance (judiciaire) (de la publicité d’opinion autre que la

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et qu’en plus, ils <strong>de</strong>vaient porter le poids <strong>de</strong>s attentes suscitées dans la communauté autochtone par<br />

l’annonce initiale <strong>du</strong> fonds. En bout <strong>de</strong> ligne, les membres <strong>du</strong> conseil d’administration ont eu peu <strong>de</strong><br />

possibilités et ils ont dû accepter la plupart <strong>de</strong>s conditions proposées par le gouvernement. À la fin<br />

mars, les négociations ont pris fin; la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour les lettres patentes constituant en corporation la<br />

Fondation a été envoyée et approuvée le 30 mars. Quant à l’accord <strong>de</strong> financement, il a été signé le 31<br />

mars 1998.<br />

Bon nombre <strong>de</strong>s conditions établies dans l’accord <strong>de</strong> financement se rapportaient aux principes <strong>de</strong><br />

saine gestion publique et le conseil d’administration les a acceptées d’emblée. <strong>Le</strong> Conseil avait prévu à<br />

juste titre que quelques-unes <strong>de</strong> ces conditions poseraient <strong>de</strong>s problèmes continuels dans la réponse<br />

aux besoins <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>de</strong> la population autochtone et la réalisation <strong>du</strong> mandat <strong>de</strong> l’organisation.<br />

<strong>Le</strong> fait que l’ensemble <strong>de</strong>s propositions ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s présentées dans le cadre <strong>de</strong> l’affectation <strong>du</strong><br />

fonds <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>de</strong>vaient, pour <strong>être</strong> admissibles, <strong>être</strong> associées au traitement <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s abus<br />

physiques et sexuels commis dans les pensionnats, y compris les répercussions intergénérationnelles,<br />

a constitué la plus gran<strong>de</strong> contrainte. Qu’on ait accepté d’inclure le traitement <strong>de</strong>s répercussions<br />

intergénérationnelles a été une concession faite en raison <strong>de</strong>s recommandations pressantes <strong>du</strong> conseil<br />

d’administration fondateur. Des séquelles <strong>de</strong>s pensionnats comme la carence affective résultant <strong>de</strong> la<br />

privation <strong>de</strong> l’amour, <strong>du</strong> réconfort et <strong>du</strong> soutien <strong>de</strong> sa famille et le manque <strong>de</strong> compétences parentales<br />

en raison <strong>de</strong> l’absence <strong>du</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission traditionnel <strong>de</strong> ces compétences, la perte <strong>de</strong> la culture et<br />

<strong>de</strong> la langue et les offensives qui ont porté atteinte au sentiment d’i<strong>de</strong>ntité (personnelle) et à la dignité,<br />

n’ont pas pu en soi constituer le centre <strong>de</strong>s préoccupations ou la priorité présentée dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

propositions axées sur la <strong>guérison</strong>, bien que toutes ces séquelles ont été prises en considération et<br />

traitées en même temps que celles répondant au critère obligatoire pour l’obtention <strong>du</strong> financement.<br />

En fait, le critère général servant <strong>de</strong> base au financement accordait suffisamment <strong>de</strong> flexibilité pour<br />

permettre <strong>de</strong> répondre aux besoins <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> dépistage précoce <strong>de</strong>s effets lointains causés<br />

par les pensionnats, <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s capacités et <strong>de</strong>s approches <strong>de</strong><br />

<strong>guérison</strong> communautaires, comprenant aussi les métho<strong>de</strong>s traditionnelles. Il n’en reste pas moins<br />

que la FADG a dû supporter le poids <strong>de</strong>s critiques provoquées par le fait d’avoir indûment limité les<br />

initiatives <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> qu’elle acceptait <strong>de</strong> financer.<br />

<strong>Un</strong>e autre condition ayant posé problème a été celle d’avoir à distinguer les projets <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>du</strong><br />

flot <strong>de</strong> litiges qui continuait à s’élargir. L’accord spécifiait que [tra<strong>du</strong>ction] « les coûts rattachés au<br />

paiement <strong>de</strong> compensations aux personnes, à tout litige ou à toute enquête publique se rapportant<br />

aux pensionnats, ne constituaient pas un coût admissible. » 33 Pour faire la distinction entre un projet<br />

visant à venir en ai<strong>de</strong> aux Survivants dans leur <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> et un autre ayant pour but<br />

<strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à passer au travers d’une pério<strong>de</strong> stressante comme d’intenter une action en justice ou<br />

<strong>de</strong> participer à une enquête, la ligne <strong>de</strong> démarcation était mince, mais il a fallu tout <strong>de</strong> même bien<br />

marquer la différence. En fait, à certains endroits et dans l’esprit <strong>de</strong> certains Survivants, la confusion<br />

entre l’affectation <strong>du</strong> fonds pour la <strong>guérison</strong> et le paiement prévu <strong>de</strong> compensations a persisté pendant<br />

toute la phase <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> subventions par la FADG. L’exigence liée au fait que la FADG ne pouvait<br />

pas allouer <strong>de</strong>s fonds réservés à la <strong>guérison</strong>, c’est-à-dire à [tra<strong>du</strong>ction] « <strong>de</strong>s activités se rapportant<br />

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