Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

[traduction] Être rétabli veut dire avoir les idées claires, une façon de penser inspirée par la spiritualité, croire au Créateur, en soi et en les autres, à l’abri de la rage, de la colère et de la peine.... Au moment où une personne reprend le contrôle sur ses sentiments négatifs, elle se sent moins paralysée, davantage en mesure de penser clairement, de se voir comme agent de changement actif, (dynamique), dans sa vie, et capable d’assumer la responsabilité de ses décisions personnelles. 267 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre sept La cheminement de guérison communautaire se fait par étapes : d’abord la phase de démarrage/ conscientisation, suivie de la période où on gagne du terrain (le vent dans les voiles), pour ensuite frapper le mur alors que le changement se stabilise, stagne, que les intervenants sont surmenés et que les forces d’opposition se manifestent, aboutissant finalement aux nouveaux défis ou à des interpellations auparavant masquées qui surviennent sur le chemin du recouvrement du mieux-être. Maggie Hodgson, une survivante des pensionnats qu’on a consulté pour Mapping the Healing Journey, a émis l’opinion suivante en 1993 lors de son témoignage à la Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA) au sujet du laps de temps nécessaire pour la cheminement de guérison communautaire : [traduction] traduction] À un moment donné, j’ai cru ce mythe que si nos gens devenaient sobres, nos problèmes seraient résolus. Maintenant, je sais que tout ce que (cela) fait, c’est comme d’enlever une pelure à un oignon. On est confronté à bon nombre de problèmes différents … liés à l’expérience que nos gens ont vécue depuis les 80-90 dernières années... Je crois que toute la question des pensionnats [et de leurs séquelles] est une problématique qui prendra au minimum 20 ans à [assumer]. 268 Judith Herman, dans son ouvrage classique Trauma and Recovery, tient les propos suivants au sujet de la progression du cheminement personnel de guérison : [traduction] traduction] La résolution d’un traumatisme n’est jamais achevée; le rétablissement n’est jamais chose réglée. Les conséquences d’un événement traumatisant continuent de se manifester (de se répercuter) tout au long de la vie du Survivant. Des aspects problématiques ayant été suffisamment résolus à une étape du rétablissement peuvent ressurgir au moment où le survivant atteint de nouveaux jalons dans son développement. 269 Ce parcours itératif de guérison menant vers une vie saine est décrit à l’aide d’un graphique dans l’étude de cas Building A Nation (BAN), un programme de traitement et de counselling financé par la FADG qui dessert une population particulièrement défavorisée du centre-ville de Saskatoon. Un client du BAN a partagé avec le chercheur son point de vue personnel : [traduction] traduction] Je vais avoir à consacrer tout le reste de ma vie à ma guérison; il n’y a aucun doute à ce sujet. Il y aura toujours quelque chose qui viendra déclencher… quelque chose du passé. Comment composer avec cela? Être capable de venir ici et de parler à d’autres de mes expériences personnelles et de la façon dont je compose avec cela, [parler] de toute cette négativité, de tout ce qui m’est arrivé, vous savez, au pensionnat et quand je suis allé en foyer d’accueil. Vous savez, de quelle façon cela a affecté mon bien-être, ma personne, physiquement?

chapitre sept Non, il n’y a aucun moyen [qu’une personne arrive à se rétablir totalement], pas l’atteinte psychologique, le dommage affectif, le tort causé à la santé, l’atteinte à ma spiritualité, tout ce qu’on m’a fait. C’est encore là. Peu importe où on va dans la vie, il y aura toujours quelque chose à cet endroit qui aura un impact, qui [soudainement] nous frappera, qui nous frappera et réveillera des souvenirs, nous ramènera directement dans le passé, là où on ne veut pas aller. C’est de savoir cela, je pense, en être conscient et en parler et commencer à s’y attaquer. C’est à ce moment-là qu’on devient une personne forte. Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’on est réellement rétabli, parce que c’est impossible. 270 Dans la même veine, les conseillers œuvrant dans le cadre du programme BAN acceptent la réalité d’une progression irrégulière : [traduction] traduction] Dans beaucoup de récits faits par les clients, il ressort des caractéristiques comme le retour en arrière, les grands efforts pour aller jusqu’au bout du chemin de guérison. « La démarche de guérison, c’est difficile, » fait observer un thérapeute, « et il est parfois plus facile de faire demi-tour, de revenir au moment où on fuyait » (thérapeute, BAN). Une autre a ajouté : « ce qui se passe ici, c’est qu’ils viennent vers nous, ils reçoivent des conseils, ils avancent, font des progrès, et ensuite ils se remettent à boire, ils bousillent tout (gâchent tout) et puis, ils reviennent … des semaines plus tard, et nous les ré-acceptons. Et ils se remettent à la tâche, font un peu plus de chemin, et puis, une autre fois ils bousillent tout » (thérapeute, BAN). Ce comportement peut se répéter dans le cas de clients en particulier cinq ou six fois. 271 Les personnes victimes d’abus, aux prises avec des séquelles graves, peuvent être en voie de guérison pendant leur vie entière, ne s’adressant aux services de guérison et aux groupes de soutien communautaires qu’en période de crise. Les collectivités qui ont subi la perte de générations successives d’enfants, parallèlement à d’autres pertes dévastatrices, peuvent prendre plus qu’une durée de vie pour se redresser. La recherche sur la transmission intergénérationnelle de traumatismes présentée au chapitre 6 fait bien comprendre que les personnes ayant subi les effets du stress traumatique transmettent ces séquelles à leurs proches et génèrent ainsi la vulnérabilité chez leurs enfants. À leur tour, les enfants subissent leur propre traumatisme historique. D’après la nouvelle théorie sur le traumatisme historique, on soutient que les traumatismes successifs à travers les générations superposent des couches de souffrances et de vulnérabilité, ce qui doit être traité strate par strate – comme les pelures de l’oignon qu’évoquait Maggie Hodgson. Dans Choosing Life, le rapport spécial de la CRPA sur le suicide chez les Autochtones, la Commission a établi un cadre d’intervention à trois niveaux : • mettre en place des services de première ligne d’intervention immédiate [suicide]; • promouvoir à grande échelle des mesures préventives au niveau communautaire; • des efforts à long terme pour réaliser l’autodétermination, l’autonomie, la guérison des Autochtones, de même que la réconciliation au Canada. 272 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

[tra<strong>du</strong>ction] Être rétabli veut dire avoir les idées claires, une façon <strong>de</strong> penser inspirée par<br />

la spiritualité, croire au Créateur, en soi et en les autres, à l’abri <strong>de</strong> la rage, <strong>de</strong> la colère et <strong>de</strong><br />

la peine.... Au moment où une personne reprend le contrôle sur ses sentiments négatifs, elle<br />

se sent moins paralysée, davantage en mesure <strong>de</strong> penser clairement, <strong>de</strong> se voir comme agent<br />

<strong>de</strong> changement actif, (dynamique), dans sa vie, et capable d’assumer la responsabilité <strong>de</strong> ses<br />

décisions personnelles. 267<br />

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre sept<br />

La <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> communautaire se fait par étapes : d’abord la phase <strong>de</strong> démarrage/<br />

conscientisation, suivie <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> où on gagne <strong>du</strong> terrain (le vent dans les voiles), pour ensuite<br />

frapper le mur alors que le changement se stabilise, stagne, que les intervenants sont surmenés et que les<br />

forces d’opposition se manifestent, aboutissant finalement aux nouveaux défis ou à <strong>de</strong>s interpellations<br />

auparavant masquées qui surviennent sur le chemin <strong>du</strong> recouvrement <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong>. Maggie Hodgson,<br />

une survivante <strong>de</strong>s pensionnats qu’on a consulté pour Mapping the Healing Journey, a émis l’opinion<br />

suivante en 1993 lors <strong>de</strong> son témoignage à la Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA)<br />

au sujet <strong>du</strong> laps <strong>de</strong> temps nécessaire pour la <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> communautaire :<br />

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nos problèmes seraient résolus. Maintenant, je sais que tout ce que (cela) fait, c’est comme<br />

d’enlever une pelure à un oignon. On est confronté à bon nombre <strong>de</strong> problèmes différents …<br />

liés à l’expérience que nos gens ont vécue <strong>de</strong>puis les 80-90 <strong>de</strong>rnières années... Je crois que<br />

toute la question <strong>de</strong>s pensionnats [et <strong>de</strong> leurs séquelles] est une problématique qui prendra<br />

au minimum 20 ans à [assumer]. 268<br />

Judith Herman, dans son ouvrage classique Trauma and Recovery, tient les propos suivants au sujet<br />

<strong>de</strong> la progression <strong>du</strong> <strong>cheminement</strong> personnel <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> :<br />

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tra<strong>du</strong>ction] La résolution d’un traumatisme n’est jamais achevée; le <strong>rétablissement</strong> n’est<br />

jamais chose réglée. <strong>Le</strong>s conséquences d’un événement traumatisant continuent <strong>de</strong> se manifester<br />

(<strong>de</strong> se répercuter) tout au long <strong>de</strong> la vie <strong>du</strong> Survivant. Des aspects problématiques ayant<br />

été suffisamment résolus à une étape <strong>du</strong> <strong>rétablissement</strong> peuvent ressurgir au moment où le<br />

survivant atteint <strong>de</strong> nouveaux jalons dans son développement. 269<br />

Ce parcours itératif <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> menant vers une vie saine est décrit à l’ai<strong>de</strong> d’un graphique dans<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas Building A Nation (BAN), un programme <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> counselling financé par<br />

la FADG qui <strong>de</strong>ssert une population particulièrement défavorisée <strong>du</strong> centre-ville <strong>de</strong> Saskatoon. <strong>Un</strong><br />

client <strong>du</strong> BAN a partagé avec le chercheur son point <strong>de</strong> vue personnel :<br />

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tra<strong>du</strong>ction] Je vais avoir à consacrer tout le reste <strong>de</strong> ma vie à ma <strong>guérison</strong>; il n’y a aucun<br />

doute à ce sujet. Il y aura toujours quelque chose qui viendra déclencher… quelque chose<br />

<strong>du</strong> passé. Comment composer avec cela? Être capable <strong>de</strong> venir ici et <strong>de</strong> parler à d’autres <strong>de</strong><br />

mes expériences personnelles et <strong>de</strong> la façon dont je compose avec cela, [parler] <strong>de</strong> toute cette<br />

négativité, <strong>de</strong> tout ce qui m’est arrivé, vous savez, au pensionnat et quand je suis allé en foyer<br />

d’accueil. Vous savez, <strong>de</strong> quelle façon cela a affecté mon bien-<strong>être</strong>, ma personne, physiquement?

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