Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre sept Comme la nature du traumatisme en cause a pour effet de neutraliser la capacité de prise de conscience et la capacité d’identifier ses propres besoins, il convient d’aller au-devant de toute la population des personnes affligées dès les premières étapes des interventions de guérison, au moyen notamment de l’information sur les séquelles des pensionnats et des activités culturelles pour assurer la sécurité. Si les activités de guérison ont touché 204 564 participants et que les personnes touchées personnellement ou à travers les répercussions intergénérationnelles totalisent 343 350 personnes, on en arrive à la conclusion que, jusqu’à maintenant, les services de guérison ont touché un peu plus de la moitié (55 %) de la population visée. Des indications probantes relatives aux besoins non comblés ressortent des rapports d’enquête, établissant qu’un bon 56 pour cent des projets ont déclaré ne pas être en mesure de répondre aux besoins manifestés dans la zone de service desservie et 36 pour cent des projets ont dit tenir une liste d’attente pour les demandes de participation. Toute appréciation de la portée/zone de rayonnement du programme doit également tenir compte du fait que certaines régions et certains segments de la population autochtone ont besoin d’un laps de temps plus long pour la sensibilisation aux séquelles des pensionnats, pour l’analyse de leurs besoins et pour la préparation de propositions susceptibles d’être financées. Des organisations ont fait parvenir leur proposition alors qu’on avait lancé le dernier appel de propositions. De plus, des segments de la population autochtone, entre autres les Métis, les Inuits, les hommes, les jeunes et les personnes incarcérées, sont sous-représentés parmi les participants aux projets. Parmi les participants aux programmes de guérison, 27 855 ou 37 pour cent ont été identifiés comme des personnes ayant des besoins spéciaux, c’est-à-dire ayant subi des traumatismes graves, incapables de participer dans un groupe, ayant une dépendance mettant leur vie en péril, ou des antécédents de tentative de suicide. Extrapolé à l’ensemble des 725 organisations, ce nombre pourrait signifier que 75 636 personnes ayant des besoins spéciaux ont été touchées dans une certaine mesure par des activités de guérison, alors que, selon les calculs faits précédemment, on avance le nombre de 69 069 personnes pouvant nécessiter des services de cette nature. Là encore, à partir des rapports d’enquête, il est établi que 12,5 pour cent des projets ont indiqué ne pas être en mesure de joindre les personnes ayant les plus grands besoins et un autre 69 pour cent des organisations ont reconnu qu’il y aurait place pour l’amélioration dans les efforts déployés. Beaucoup de projets qui reconnaissent leurs limites en fait de capacités et de ressources ont mis en place un processus de présélection visant à s’assurer que les personnes désireuses de participer au programme sont en mesure de le faire de manière fructueuse. Dans les sections suivantes, nous traiterons de la façon d’évaluer quelle durée et quelle intensité des services peuvent répondre aux besoins de guérison. Comme il est indiqué ci-après, le cheminement de guérison prend du temps, qu’il s’agisse de personnes se rétablissant d’un traumatisme ou de collectivités reconstituant leurs réseaux d’entraide. Le personnel des projets a exprimé des préoccupations sérieuses au sujet des participants ayant des besoins spéciaux qui ont commencé à considérer la possibilité de s’engager dans la guérison; il s’inquiète du risque de causer encore plus de préjudices à ces personnes en cessant brusquement de les soutenir en raison de la fin de l’appui octroyé par la FADG. On connaît encore mal les besoins non comblés dans certains secteurs, la gravité et l’ampleur des besoins spéciaux, ainsi que le nombre de ceux que la FADG n’a pas réussi à joindre dans le laps de temps prévu

chapitre sept pour l’exécution du mandat. Par contre, on sait que les solutions pratiques sont peu nombreuses, vu l’importance des besoins; les deux tiers des personnes participant à des projets financés par la FADG et assumés par la collectivité n’avaient jamais auparavant confronté et traité les incidences que les séquelles des pensionnats ont eues sur leur vie et sur leur famille. En résumé, la projection faite en 2005 du nombre de Survivants et celui des personnes ayant subi les répercussions intergénérationnelles indique que la moitié de la population visée peut avoir été touchée par les activités de guérison financées par la FADG. À mesure que les participants se sont sentis en sécurité sur le plan personnel et culturel grâce à l’information sur les séquelles des pensionnats et aux activités culturelles, ils ont commencé à révéler des besoins graves qu’ils avaient réprimés, ce qui a contribué à mettre à l’épreuve la capacité des projets en fait de nombres de personnes pouvant être desservies et les compétences nécessaires pour répondre aux besoins de guérison. À moyen terme, on peut anticiper qu’un plus grand nombre de personnes dans les collectivités participantes affronteront la nature et l’étendue de leurs besoins, de même que des régions et des populations mal desservies jusqu’à maintenant seront touchées pour la première fois ou de façon plus opportune. Par conséquent, la perspective envisagée, c’est que le volume et la complexité de la demande de services de guérison augmenteront au cours des dix prochaines années. 7.6.2 le temps qu’il faut pour guérir La guérison est définie parfois par les Autochtones comme la démarche de toute une vie. C’est vrai en ce sens que toute personne atteinte dans son bien-être, que ce soit en raison d’une maladie, d’un deuil/ d’une perte ou d’un malheur, a besoin de puiser à l’intérieur de soi pour trouver des ressources et d’aller chercher de l’aide de l’extérieur pour recouvrer son équilibre. Les chapitres 5 et 6 traitent du concept du traumatisme historique (hérité), de la succession d’événements qui ont frappé les Autochtones, génération après génération, provoquant des perturbations sociales et des traumatismes personnels. L’enseignement scolaire des pensionnats a été l’un des événements historiques dont les effets ont été encore plus dévastateurs pour les personnes, les familles et les collectivités en raison de ce qui s’était passé auparavant et des conditions sociales, économiques et politiques limitant les perspectives d’avenir des Autochtones. C’est pourquoi des efforts centrés sur la guérison des traumatismes résultant de l’expérience vécue au pensionnat ne supprimeront pas ces autres conditions, mais ils pourront néanmoins aider les personnes à redevenir en bonne santé, énergiques/dynamiques, capables de participer activement à la réalisation de changements positifs. Pour aider à clarifier la cheminment de guérison dans les collectivités et à apporter des perspectives sur sa durée, la FADG a collaboré avec le ministère du Solliciteur général Canada au financement de l’étude Le balisage de l’expérience de guérison. 266 Pour mener ce projet, les auteurs ont mis à contribution six collectivités autochtones engagées dans un cheminement de guérison depuis 7 à 17 ans, ainsi que des dirigeants et des penseurs (théoriciens) qui facilitaient la cheminement de guérison de personnes et de collectivités depuis encore plus longtemps. Dans le cadre de ce projet, on a invité les participants à définir la guérison comme ils la comprenait. Voici la définition proposée par un participant de Squamish, Colombie-Britannique : volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

chapitre sept<br />

pour l’exécution <strong>du</strong> mandat. Par contre, on sait que les solutions pratiques sont peu nombreuses, vu<br />

l’importance <strong>de</strong>s besoins; les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s personnes participant à <strong>de</strong>s projets financés par la FADG<br />

et assumés par la collectivité n’avaient jamais auparavant confronté et traité les inci<strong>de</strong>nces que les<br />

séquelles <strong>de</strong>s pensionnats ont eues sur leur vie et sur leur famille.<br />

En résumé, la projection faite en 2005 <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> Survivants et celui <strong>de</strong>s personnes ayant subi les<br />

répercussions intergénérationnelles indique que la moitié <strong>de</strong> la population visée peut avoir été touchée<br />

par les activités <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> financées par la FADG. À mesure que les participants se sont sentis en<br />

sécurité sur le plan personnel et culturel grâce à l’information sur les séquelles <strong>de</strong>s pensionnats et<br />

aux activités culturelles, ils ont commencé à révéler <strong>de</strong>s besoins graves qu’ils avaient réprimés, ce qui<br />

a contribué à mettre à l’épreuve la capacité <strong>de</strong>s projets en fait <strong>de</strong> nombres <strong>de</strong> personnes pouvant <strong>être</strong><br />

<strong>de</strong>sservies et les compétences nécessaires pour répondre aux besoins <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. À moyen terme, on<br />

peut anticiper qu’un plus grand nombre <strong>de</strong> personnes dans les collectivités participantes affronteront<br />

la nature et l’éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> leurs besoins, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s régions et <strong>de</strong>s populations mal <strong>de</strong>sservies<br />

jusqu’à maintenant seront touchées pour la première fois ou <strong>de</strong> façon plus opportune. Par conséquent,<br />

la perspective envisagée, c’est que le volume et la complexité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> services <strong>de</strong> <strong>guérison</strong><br />

augmenteront au cours <strong>de</strong>s dix prochaines années.<br />

7.6.2 le temps qu’il faut pour guérir<br />

La <strong>guérison</strong> est définie parfois par les Autochtones comme la démarche <strong>de</strong> toute une vie. C’est vrai en<br />

ce sens que toute personne atteinte dans son bien-<strong>être</strong>, que ce soit en raison d’une maladie, d’un <strong>de</strong>uil/<br />

d’une perte ou d’un malheur, a besoin <strong>de</strong> puiser à l’intérieur <strong>de</strong> soi pour trouver <strong>de</strong>s ressources et d’aller<br />

chercher <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’extérieur pour recouvrer son équilibre. <strong>Le</strong>s chapitres 5 et 6 traitent <strong>du</strong> concept<br />

<strong>du</strong> traumatisme historique (hérité), <strong>de</strong> la succession d’événements qui ont frappé les Autochtones,<br />

génération après génération, provoquant <strong>de</strong>s perturbations sociales et <strong>de</strong>s traumatismes personnels.<br />

L’enseignement scolaire <strong>de</strong>s pensionnats a été l’un <strong>de</strong>s événements historiques dont les effets ont été<br />

encore plus dévastateurs pour les personnes, les familles et les collectivités en raison <strong>de</strong> ce qui s’était<br />

passé auparavant et <strong>de</strong>s conditions sociales, économiques et politiques limitant les perspectives<br />

d’avenir <strong>de</strong>s Autochtones. C’est pourquoi <strong>de</strong>s efforts centrés sur la <strong>guérison</strong> <strong>de</strong>s traumatismes résultant<br />

<strong>de</strong> l’expérience vécue au pensionnat ne supprimeront pas ces autres conditions, mais ils pourront<br />

néanmoins ai<strong>de</strong>r les personnes à re<strong>de</strong>venir en bonne santé, énergiques/dynamiques, capables <strong>de</strong><br />

participer activement à la réalisation <strong>de</strong> changements positifs.<br />

Pour ai<strong>de</strong>r à clarifier la cheminment <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> dans les collectivités et à apporter <strong>de</strong>s perspectives<br />

sur sa <strong>du</strong>rée, la FADG a collaboré avec le ministère <strong>du</strong> Solliciteur général Canada au financement <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>Le</strong> balisage <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. 266 Pour mener ce projet, les auteurs ont mis à contribution<br />

six collectivités autochtones engagées dans un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>de</strong>puis 7 à 17 ans, ainsi que<br />

<strong>de</strong>s dirigeants et <strong>de</strong>s penseurs (théoriciens) qui facilitaient la <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>de</strong> personnes<br />

et <strong>de</strong> collectivités <strong>de</strong>puis encore plus longtemps. Dans le cadre <strong>de</strong> ce projet, on a invité les participants<br />

à définir la <strong>guérison</strong> comme ils la comprenait. Voici la définition proposée par un participant <strong>de</strong><br />

Squamish, Colombie-Britannique :<br />

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong>

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