Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre sept un mandat restreint concernant les sévices infligés aux enfants dans des établissements. Son rapport, La dignité retrouvée : la réparation des sévices infligés aux enfants dans des établissements canadiens, met en doute la validité d’une analyse restrictive de ces préjudices particuliers : [traduction] La ministre … a mandaté la Commission du droit pour examiner les mesures à prendre/ les moyens de réparer les sévices physiques et sexuels infligés à des enfants placés dans des établissements. Ce rapport a identifié de nombreuses situations où des sévices de cette nature ont été perpétrés. Cependant, il y a plusieurs autres types de mauvais traitement, comme les préjudices émotionnels, spirituels, psychologiques, raciaux et culturels. Les torts causés par ces autres formes de violence ont également eu un effet dévastateur. Effectivement, il y a peu de cas où l’abus physique et sexuel ne constitue pas, en soi, de la violence émotionnelle et psychologique. C’est pourquoi on ne devrait pas recourir à l’abus physique et sexuel comme excuse parce qu’on veut se dispenser de considérer les séquelles profondes entraînées par des préjudices émotionnels, psychologiques et culturels. Dans le contexte d’un rapport comme celui-ci, établir des distinctions entre les diverses formes de violence s’avère inutile et injuste [offensant]. 249 L’appui apporté par la FADG aux initiatives de guérison a été dispensé en même temps que des milliers de Survivants engageaient des procédures pour obtenir une indemnisation en raison des préjudices subis dans les pensionnats. Pour l’octroi de l’appui de la FADG, on a tenté en restreignant les activités autorisées de faire la distinction entre la démarche de guérison et les efforts visant à obtenir des mesures de réparation, ce qui a suscité de la confusion et du ressentiment. Des projets communautaires ayant pour but de valider l’expérience des Survivants faisaient obstacle aux procédures judiciaires, ce qui a été perçu comme un cadre où on refusait de reconnaître les torts et on essayait de rejeter les recours/ mesures de réparation ou de les limiter. À l’heure actuelle, la possibilité existe de faciliter et d’appuyer la démarche de guérison qui est plutôt considérée comme un complément nécessaire à la reconnaissance du préjudice et à la réparation. Et, par conséquent, il y a peu de chances qu’elle soit perçue comme une mesure offerte à contrecœur en remplacement du dédommagement ou comme une tentative de dévier le litige. Une solution globale aux demandes de compensation pour les préjudices subis dans les pensionnats trace la voie à la quatrième composante du règlement : la réconciliation. Depuis la Déclaration de réconciliation en 1998 émise par la ministre, on fait référence à la réconciliation relativement au règlement sur les questions liées aux pensionnats. La réconciliation a été le but premier de l’accord politique de 2005. Mais que faut-il entendre par « réconciliation? » L’une des définitions de « se réconcilier » est «[traduction] adopter une attitude de résignation ou se soumettre avec contentement [à son sort]. » 250 Des Autochtones, y compris des membres du conseil d’administration de la FADG, soutiennent que la réconciliation pris en ce sens, sans les conditions préalables de la reconnaissance du préjudice, de la réparation et de la guérison, contribue à perpétuer la violence initiale. Dans les études sur la paix suite aux guerres et aux conflits à l’origine d’atrocités, on propose une définition plus optimiste de la réconciliation. Dans ce contexte, la réconciliation signifie :

chapitre sept [traduction] En arriver à accepter l’autre et à développer une confiance mutuelle. Pour cela, il faut pardonner. La réconciliation exige que les victimes et les auteurs de violence, les agresseurs, en viennent à accepter le passé, à ne pas le considérer comme la détermination de ce que sera l’avenir, c’est-à-dire une simple continuation du passé; qu’ils finissent par reconnaître l’humanité chez l’autre, par s’accepter mutuellement, et par envisager la possibilité d’établir une relation constructive. 251 Les termes qu’on applique à la réconciliation laissent entendre l’existence d’une relation harmonieuse entre les parties. Le rapport de la CRPA a indiqué que les relations entre les Autochtones et les nouveaux venus européens ont été au départ harmonieuses; en effet, les Autochtones ont bien accueilli les nouveaux venus sur leurs terres et ils ont établi des relations en fonction d’un avantage mutuel. Par ailleurs, dans le cas des Survivants dont l’expérience vécue au sein d’organisations de la société canadienne a été pénible, douloureuse, et aliénante, le développement de la confiance vient à peine de commencer. Le thème de la réconciliation nous ramène à la grande question des relations entre les peuples et du rétablissement de la dignité et du respect mutuel. Pour arriver à bien circonscrire le rôle que la FADG a joué et celui qu’elle peut exercer pour faire avancer l’atteinte de ce grand objectif, il faut prendre en considération toute l’ampleur du défi que représente la guérison et les progrès accomplis jusqu’à maintenant. 7.3 Démarche individuelle et collective de guérison Selon la coutume générale, la guérison est associée à la maladie et à des interventions médicales, ce qui laisse dans le flou la portée des malaises liés à la vie des Autochtones et les mesures nécessaires qui pourraient y remédier. Les participants à la rencontre nationale organisée par la FADG en 2004 ont fait valoir auprès des facilitateurs des ateliers que le terme « guérison » évoquait pour certaines personnes l’idée de faiblesse, ce qui constituait par conséquent une barrière à la participation aux activités. Ils recommandaient fortement que des termes aux connotations plus positives soient adoptés. 252 C’est pourquoi le présent rapport s’intitule Un cheminement de guérison, le rétablissement du mieux-être, signifiant ainsi que la guérison se fait en empruntant des chemins divers pour rétablir l’équilibre personnel et sociétal, un équilibre rompu par suite des perturbations qui ont sévi pendant des générations. Tout au long de ce rapport, nous avons retenu la terminologie de la guérison afin de centrer l’attention sur les interventions pouvant être réalisées conformément au mandat de la FADG. Il est admis que le mieux-être a un sens plus large et qu’il fait appel à la résilience des Autochtones, ce ressort psychologique qui les habilite, comme les humains en général, à remonter la pente, une fois l’adversité conjurée. Par contre, la résilience a ses limites. Les enfants ayant été victimes de privation et de violence portent un fardeau persistant qui s’alourdit en raison des conditions de pauvreté et d’impuissance. Si les répercussions des attaques séculaires maintes fois répétées se répercutent sur les familles et les communautés, les soins attentifs et le soutien affectueux dont les enfants perturbés auraient besoin pour les aider à se rétablir du traumatisme font défaut, de même que la capacité de relever de façon créative volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre sept<br />

un mandat restreint concernant les sévices infligés aux enfants dans <strong>de</strong>s établissements. Son rapport,<br />

La dignité retrouvée : la réparation <strong>de</strong>s sévices infligés aux enfants dans <strong>de</strong>s établissements canadiens, met<br />

en doute la validité d’une analyse restrictive <strong>de</strong> ces préjudices particuliers :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] La ministre … a mandaté la Commission <strong>du</strong> droit pour examiner les mesures<br />

à prendre/ les moyens <strong>de</strong> réparer les sévices physiques et sexuels infligés à <strong>de</strong>s enfants placés<br />

dans <strong>de</strong>s établissements. Ce rapport a i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong> nombreuses situations où <strong>de</strong>s sévices <strong>de</strong><br />

cette nature ont été perpétrés. Cependant, il y a plusieurs autres types <strong>de</strong> mauvais traitement,<br />

comme les préjudices émotionnels, spirituels, psychologiques, raciaux et culturels. <strong>Le</strong>s torts<br />

causés par ces autres formes <strong>de</strong> violence ont également eu un effet dévastateur. Effectivement, il<br />

y a peu <strong>de</strong> cas où l’abus physique et sexuel ne constitue pas, en soi, <strong>de</strong> la violence émotionnelle<br />

et psychologique. C’est pourquoi on ne <strong>de</strong>vrait pas recourir à l’abus physique et sexuel comme<br />

excuse parce qu’on veut se dispenser <strong>de</strong> considérer les séquelles profon<strong>de</strong>s entraînées par <strong>de</strong>s<br />

préjudices émotionnels, psychologiques et culturels. Dans le contexte d’un rapport comme<br />

celui-ci, établir <strong>de</strong>s distinctions entre les diverses formes <strong>de</strong> violence s’avère inutile et injuste<br />

[offensant]. 249<br />

L’appui apporté par la FADG aux initiatives <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> a été dispensé en même temps que <strong>de</strong>s milliers<br />

<strong>de</strong> Survivants engageaient <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res pour obtenir une in<strong>de</strong>mnisation en raison <strong>de</strong>s préjudices<br />

subis dans les pensionnats. Pour l’octroi <strong>de</strong> l’appui <strong>de</strong> la FADG, on a tenté en restreignant les activités<br />

autorisées <strong>de</strong> faire la distinction entre la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> et les efforts visant à obtenir <strong>de</strong>s mesures<br />

<strong>de</strong> réparation, ce qui a suscité <strong>de</strong> la confusion et <strong>du</strong> ressentiment. Des projets communautaires ayant<br />

pour but <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’expérience <strong>de</strong>s Survivants faisaient obstacle aux procé<strong>du</strong>res judiciaires, ce qui a<br />

été perçu comme un cadre où on refusait <strong>de</strong> reconnaître les torts et on essayait <strong>de</strong> rejeter les recours/<br />

mesures <strong>de</strong> réparation ou <strong>de</strong> les limiter.<br />

À l’heure actuelle, la possibilité existe <strong>de</strong> faciliter et d’appuyer la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> qui est plutôt<br />

considérée comme un complément nécessaire à la reconnaissance <strong>du</strong> préjudice et à la réparation. Et,<br />

par conséquent, il y a peu <strong>de</strong> chances qu’elle soit perçue comme une mesure offerte à contrecœur en<br />

remplacement <strong>du</strong> dédommagement ou comme une tentative <strong>de</strong> dévier le litige. <strong>Un</strong>e solution globale aux<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> compensation pour les préjudices subis dans les pensionnats trace la voie à la quatrième<br />

composante <strong>du</strong> règlement : la réconciliation.<br />

Depuis la Déclaration <strong>de</strong> réconciliation en 1998 émise par la ministre, on fait référence à la réconciliation<br />

relativement au règlement sur les questions liées aux pensionnats. La réconciliation a été le but premier<br />

<strong>de</strong> l’accord politique <strong>de</strong> 2005. Mais que faut-il entendre par « réconciliation? » L’une <strong>de</strong>s définitions<br />

<strong>de</strong> « se réconcilier » est «[tra<strong>du</strong>ction] adopter une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> résignation ou se soumettre avec<br />

contentement [à son sort]. » 250 Des Autochtones, y compris <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> conseil d’administration<br />

<strong>de</strong> la FADG, soutiennent que la réconciliation pris en ce sens, sans les conditions préalables <strong>de</strong> la<br />

reconnaissance <strong>du</strong> préjudice, <strong>de</strong> la réparation et <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong>, contribue à perpétuer la violence<br />

initiale. Dans les étu<strong>de</strong>s sur la paix suite aux guerres et aux conflits à l’origine d’atrocités, on propose<br />

une définition plus optimiste <strong>de</strong> la réconciliation. Dans ce contexte, la réconciliation signifie :

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