Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

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28.08.2013 Views

Mais, comme nous l’ont dit les autochtones, le passé se pardonne, mais il ne s’oublie pas. Il colore tout le présent, en ce sens qu’il a façonné les institutions, les attitudes et les pratiques canadiennes qui font sérieusement obstacle aux autochtones désireux de prendre la place qui leur revient dans une fédération canadienne renouvelée. À leur avis, un véritable processus de guérison et de réconciliation ne pourra véritablement être entrepris que si le Canada reconnaît les contradictions fondamentales d’un colonialisme encore bien vivant. 240 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre sept Depuis maintenant près d’une décennie que le rapport de la CRPA a été publié, des démarches ont été entreprises dans le but de régler les questions liées aux pensionnats et d’amener la réconciliation. L’honorable Jane Stewart, alors ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada, a reconnu en 1998 les torts que la politique d’assimilation gouvernementale avait causés. Elle a exprimé avec circonspection des regrets pour les abus physiques et sexuels dont des élèves ont été victimes dans les pensionnats. Cette admission mitigée des préjudices causés et l’établissement d’un fonds de guérison de 350 millions $, de même que la formation de la FADG pour la gestion du fonds, ont permis d’amorcer la démarche de guérison. Par ailleurs, le mouvement des litiges alléguant qu’on avait porté atteinte à la langue, à la culture, aux relations familiales, a pris tout au long de cette décennie de l’ampleur et de la force, témoignant de l’inadéquation de la déclaration de réconciliation du gouvernement [à satisfaire les attentes] et du peu d’empressement de l’État à réparer les torts causés. Donnant suite à une consultation auprès des collectivités, le gouvernement a institué à la fin de 2004 un mode alternatif de règlement des conflits en réponse aux litiges. En raison de cette démarche, il a essuyé bien des critiques provenant de plusieurs milieux, notamment du comité parlementaire devant lequel le Chef Fontaine a témoigné au nom de l’APN. 241 Le 30 mai 2005, une étape majeure vers la réconciliation a été franchie lors de la signature de l’accord politique entre la vice première ministre Anne McLellan au nom du Canada et le Chef national Phil Fontaine au nom de l’Assemblée des Premières Nations. Grâce à cet accord, on a reconnu la nécessité d’adopter une nouvelle approche permettant d’amener la réconciliation. L’accord atteste du besoin de présenter des excuses reconnaissant les vastes implications des séquelles que les pensionnats ont laissées et de prendre l’engagement d’œuvrer pour l’établissement de toute une série de mesures visant la réconciliation, notamment un versement global destiné aux anciens élèves. Simultanément, le gouvernement fédéral a annoncé la nomination de Monsieur le juge, l’honorable Frank Iacobucci, juge de la Cour suprême à la retraite; il lui a confié le mandat d’élaborer et de préciser le mode alternatif de règlement des conflits (MARC), de le mettre au point, afin que les anciens élèves déclarant avoir été victimes d’abus graves puissent y recourir. 242 Il existe actuellement une occasion unique et historique de se doter d’une vision stratégique et globale axée sur la guérison des séquelles des pensionnats. Ce chapitre final de Un cheminement de guérison, le rétablissement du mieux-être situe la démarche de guérison dans le contexte d’une vision holistique orientée vers le règlement des différends, ce qui comprend la reconnaissance (des préjudices causés), la réparation, la guérison et la réconciliation. Nous explorons les données attestant du nombre de Survivants et de membres de leur famille touchés par les répercussions intergénérationnelles et du temps requis que les personnes, les familles et les collectivités prennent pour se guérir de traumatismes. Les données statistiques que le champ d’investigation du programme de la FADG a permis de corroborer

chapitre sept jusqu’à maintenant sont analysées dans le but d’évaluer les efforts qu’il reste à faire, De plus, on fait ressortir la place que les services de la FADG occupent dans le spectre des services et des initiatives établis en vue du règlement des questions liées aux pensionnats et de l’accroissement du mieux-être des collectivités. Une projection de l’investissement nécessaire en matière de guérison pour arriver à conclure la démarche y est présentée. Finalement, nous faisons des recommandations concernant le renouvellement et la modification du mandat de la FADG. 7.2 reconnaissance des préjudices, réparation, guérison et réconciliation En 1997, le ministre de la Justice a chargé la Commission du droit du Canada de mener une étude sur les moyens de réparer les sévices physiques et sexuels infligés à des enfants placés dans des établissements financés par le gouvernement. Le rapport de la Commission, Restoring Dignity: Responding to Child Abuse in Canadian Institutions [traduction] La dignité retrouvée : la réparation des sévices infligés aux enfants dans des établissements canadiens, 243 publié en 2000, est l’aboutissement de recherches révélant de nombreux cas de mauvais traitements faits aux enfants dans des établissements et identifiant des types de recours possibles, notamment pour réparer les préjudices subis dans les pensionnats. Ce rapport affirme avec insistance que le fait d’appliquer une ou deux mesures de réparation s’avère inadapté vu la diversité des besoins et des préférences des Survivants. Il devient donc essentiel d’optimiser les solutions possibles, celles qui ne s’excluent pas mutuellement, et de faciliter la prise de décision des Survivants, voilà le but visé. La recherche et l’analyse effectuées par la Commission du droit du Canada ont apporté bien des précisions utiles, intéressantes, et les résultats obtenus ont été adaptés pour la formulation du cadre conceptuel de la FADG illustré par la figure 27 ci-après. 244 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

Mais, comme nous l’ont dit les autochtones, le passé se pardonne, mais il ne s’oublie pas. Il<br />

colore tout le présent, en ce sens qu’il a façonné les institutions, les attitu<strong>de</strong>s et les pratiques<br />

canadiennes qui font sérieusement obstacle aux autochtones désireux <strong>de</strong> prendre la place qui<br />

leur revient dans une fédération canadienne renouvelée. À leur avis, un véritable processus <strong>de</strong><br />

<strong>guérison</strong> et <strong>de</strong> réconciliation ne pourra véritablement <strong>être</strong> entrepris que si le Canada reconnaît<br />

les contradictions fondamentales d’un colonialisme encore bien vivant. 240<br />

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre sept<br />

Depuis maintenant près d’une décennie que le rapport <strong>de</strong> la CRPA a été publié, <strong>de</strong>s démarches ont<br />

été entreprises dans le but <strong>de</strong> régler les questions liées aux pensionnats et d’amener la réconciliation.<br />

L’honorable Jane Stewart, alors ministre <strong>de</strong>s Affaires indiennes et <strong>du</strong> Nord Canada, a reconnu en 1998<br />

les torts que la politique d’assimilation gouvernementale avait causés. Elle a exprimé avec circonspection<br />

<strong>de</strong>s regrets pour les abus physiques et sexuels dont <strong>de</strong>s élèves ont été victimes dans les pensionnats. Cette<br />

admission mitigée <strong>de</strong>s préjudices causés et l’établissement d’un fonds <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> <strong>de</strong> 350 millions $, <strong>de</strong><br />

même que la formation <strong>de</strong> la FADG pour la gestion <strong>du</strong> fonds, ont permis d’amorcer la démarche<br />

<strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. Par ailleurs, le mouvement <strong>de</strong>s litiges alléguant qu’on avait porté atteinte à la langue, à<br />

la culture, aux relations familiales, a pris tout au long <strong>de</strong> cette décennie <strong>de</strong> l’ampleur et <strong>de</strong> la force,<br />

témoignant <strong>de</strong> l’inadéquation <strong>de</strong> la déclaration <strong>de</strong> réconciliation <strong>du</strong> gouvernement [à satisfaire les<br />

attentes] et <strong>du</strong> peu d’empressement <strong>de</strong> l’État à réparer les torts causés. Donnant suite à une consultation<br />

auprès <strong>de</strong>s collectivités, le gouvernement a institué à la fin <strong>de</strong> 2004 un mo<strong>de</strong> alternatif <strong>de</strong> règlement<br />

<strong>de</strong>s conflits en réponse aux litiges. En raison <strong>de</strong> cette démarche, il a essuyé bien <strong>de</strong>s critiques provenant<br />

<strong>de</strong> plusieurs milieux, notamment <strong>du</strong> comité parlementaire <strong>de</strong>vant lequel le Chef Fontaine a témoigné<br />

au nom <strong>de</strong> l’APN. 241<br />

<strong>Le</strong> 30 mai 2005, une étape majeure vers la réconciliation a été franchie lors <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> l’accord<br />

politique entre la vice première ministre Anne Mc<strong>Le</strong>llan au nom <strong>du</strong> Canada et le Chef national Phil<br />

Fontaine au nom <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong>s Premières Nations. Grâce à cet accord, on a reconnu la nécessité<br />

d’adopter une nouvelle approche permettant d’amener la réconciliation. L’accord atteste <strong>du</strong> besoin<br />

<strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s excuses reconnaissant les vastes implications <strong>de</strong>s séquelles que les pensionnats ont<br />

laissées et <strong>de</strong> prendre l’engagement d’œuvrer pour l’établissement <strong>de</strong> toute une série <strong>de</strong> mesures visant<br />

la réconciliation, notamment un versement global <strong>de</strong>stiné aux anciens élèves. Simultanément, le<br />

gouvernement fédéral a annoncé la nomination <strong>de</strong> Monsieur le juge, l’honorable Frank Iacobucci, juge<br />

<strong>de</strong> la Cour suprême à la retraite; il lui a confié le mandat d’élaborer et <strong>de</strong> préciser le mo<strong>de</strong> alternatif<br />

<strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s conflits (MARC), <strong>de</strong> le mettre au point, afin que les anciens élèves déclarant avoir<br />

été victimes d’abus graves puissent y recourir. 242<br />

Il existe actuellement une occasion unique et historique <strong>de</strong> se doter d’une vision stratégique et globale<br />

axée sur la <strong>guérison</strong> <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s pensionnats. Ce chapitre final <strong>de</strong> <strong>Un</strong> <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>,<br />

le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong> situe la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> dans le contexte d’une vision holistique<br />

orientée vers le règlement <strong>de</strong>s différends, ce qui comprend la reconnaissance (<strong>de</strong>s préjudices causés),<br />

la réparation, la <strong>guérison</strong> et la réconciliation. Nous explorons les données attestant <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong><br />

Survivants et <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> leur famille touchés par les répercussions intergénérationnelles et <strong>du</strong> temps<br />

requis que les personnes, les familles et les collectivités prennent pour se guérir <strong>de</strong> traumatismes. <strong>Le</strong>s<br />

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