Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

0 6.7 Culture et guérison volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre six La prescription ou le principe voulant que les services communautaires devraient être « adaptés à la réalité culturelle » a été répétée comme un mantra depuis au moins 20 ans. Pourtant, alors que les collectivités se démènent pour que leurs besoins s’ajustent aux étapes prescrites par des programmes fragmentés ayant des mandats différents et des exigences astreignantes en matière de rapports, la plupart des administrations octroyant des contributions ou d’organismes concernés ne font aucun cas des demandes réitérées d’un traitement holistique. En examinant les rapports de progrès périodiques présentés à la FADG, les enquêtes nationales, les études de cas, ainsi que les résultats du questionnaire à l’intention des participants et les réponses au questionnaire sur les pratiques de guérison prometteuses, le tableau de ce que les Autochtones entendent par des « programmes de guérison appropriés à la culture ou adaptés à la réalité culturelle » se dégage de plus en plus clairement. Au moment où les projets ont été conviés à présenter leurs propositions visant la démarche de guérison des séquelles des abus physiques et sexuels subis dans les pensionnats, ils ont répondu à l’appel en envoyant un vaste éventail de propositions. Il y avait quatre critères obligatoires à respecter : les projets devaient traiter les séquelles des abus physiques et sexuels commis dans les pensionnats; répondre de leurs activités devant les Survivants et la collectivité desservis; démontrer qu’ils étaient appuyés et œuvreraient en partenariat; se conformer à la Charte canadienne des droits et libertés. D’autres critères appliqués pour évaluer les propositions avaient été établis, notamment si le projet répondait à un besoin réel, était doté d’un plan réalisable et d’une équipe ayant la capacité de le mener à terme et pouvait assurer la sécurité des participants. Pour ce qui était des autres aspects touchant le contenu des programmes, ils n’avaient pas à le déterminer (à cette étape). Les décisions que les collectivités ont prises démontrent une uniformité ou une convergence remarquable des efforts. D’après les réponses au questionnaire (QIP), les cercles de guérison et de la parole, ainsi que l’information sur les séquelles des pensionnats, ont été les services les plus souvent dispensés, de même que l’apport des Aînés et des cérémonies s’est avéré d’une très grande valeur (utilité). Bien que les services spécifiquement liés à la culture autochtone aient joué un rôle très important, ce sont les séances d’information/ateliers et le counselling individuel qui sont ressortis en fait de recours et de préférence au deuxième rang. En réalité, la recherche sur les pratiques de guérison prometteuses a révélé que les interventions culturelles étaient fréquemment offertes en association avec le counselling, les sessions de groupe et les thérapies non verbales comme le psychodrame et la thérapie par l’art. La priorité accordée à la culture dans le cadre des projets de guérison communautaires est révélatrice de l’importance que les participants ont donné aux activités culturelles, à l’attachement envers leur culture, à la spiritualité inspirée des traditions et à la langue autochtone comme l’ont rapporté les Survivants des pensionnats au moment de l’EPA et de l’ERS et d’une étude auprès des détenus des établissements correctionnels fédéraux. En effet, à l’ERS 2002, 56,3 pour cent des répondants vivant dans une réserve et ayant fréquenté un pensionnat ont indiqué que les événements culturels traditionnels étaient très importants, tout comme 52 pour cent ont affirmé que la spiritualité était très importante, comparativement à 39,9 pour cent et

chapitre six à 38,2 pour cent (respectivement) des répondants qui ne sont jamais allés au pensionnat. 225 Quant à l’EPA, 82,5 pour cent de ceux vivant hors réserve et ayant été au pensionnat ont dit que de préserver la langue autochtone était très important pour eux ou assez important. Ces résultats se comparent aux 57,9 pour cent (autres répondants) ayant indiqué que le maintien de la langue était important. En 2001, l’APN a co-subventionné une étude intitulée Effect of Family Disruption on Aboriginal and Non-Aboriginal Inmates. 226 Cette étude a mis à contribution 172 détenus dont 35 (20 %) avait fréquenté un pensionnat et 110 (63 %) avait été associé au service de l’aide sociale à l’enfance. Ceux qui avaient fréquenté le pensionnat ont considéré cette expérience comme négative, alors que 77 pour cent ont dit avoir été victimes d’abus physique et/ou sexuel au pensionnat. L’âge moyen de ces détenus autochtones au moment de leur admission étaient chez les hommes de 29,9 ans et chez les femmes, 31,7 ans, l’âge de la cohorte étant ainsi plus jeune que la majeure partie des Survivants des pensionnats. À la question posée sur leur attachement envers la culture autochtone, il y a eu peu de différence au niveau de la participation à la culture/aux activités culturelles pendant leur enfance entre ceux qui ont fréquenté les pensionnats et ceux n’ayant pas fréquenté les pensionnats (57 % et 50 % respectivement). Tant du côté des anciens élèves que de celui des personnes n’ayant jamais fréquenté le pensionnat, ils ont dit ressentir actuellement un profond attachement envers la culture autochtone (anciens élèves : 83 %; n’ayant pas fréquenté le pensionnat : 73 %). 227 L’augmentation de l’attachement à la culture était plus marquée chez les détenus qui avaient fait l’expérience de l’aide sociale à l’enfance, soit de l’adoption, du placement familial ou du foyer de groupe. Malgré que les pourcentages indiquant la participation aux activités culturelles autochtones étaient assez similaires chez ceux ayant fait l’expérience de l’aide sociale à l’enfance et les autres n’ayant pas eu ce type d’expérience pendant leur enfance (57 % et 49 % respectivement) et que la participation actuelle aux activités culturelles offertes dans l’établissement n’indiquait qu’une faible différence (82 % pour ceux de l’aide sociale à l’enfance et 77 % chez ceux ne l’ayant pas vécue), l’attachement envers la culture qu’ils ont rapportée différait de façon significative. Quatre-vingt-un pour cent de ceux ayant fait l’expérience du placement disaient être attachés à leur culture, alors que 63 pour cent de ceux n’ayant pas vécu le placement pendant l’enfance indiquaient un attachement. 228 L’importance de la culture a été décrite par deux répondants : [traduction] [ Je me] sens plus [engagé] dans la culture autochtone pendant que je suis à l’ombre [en institution]. Cela m’aide à rester sain d’esprit. Je vais aux sueries une couple de fois par semaine. Ils me font comprendre l’importance de la vie et ils m’aident à garder l’estime et le respect de soi. [Au dehors de l’institution], la culture autochtone permet de se centrer sur les objectifs, les priorités, et non sur d’autres options comme faire la fête, etc. Le respect envers soi-même et les autres. J’ai beaucoup appris de mon grand-père. 229 [traduction] Je suis devenu plus attaché à la culture depuis que je suis en prison. [Il y a] plus de possibilités de participation /d’engagement dans la culture qu’en ville. Au dehors, je vis en ville. C’est dur d’être engagé dans la culture à ce moment-là. 230 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être 0

chapitre six<br />

à 38,2 pour cent (respectivement) <strong>de</strong>s répondants qui ne sont jamais allés au pensionnat. 225 Quant à<br />

l’EPA, 82,5 pour cent <strong>de</strong> ceux vivant hors réserve et ayant été au pensionnat ont dit que <strong>de</strong> préserver<br />

la langue autochtone était très important pour eux ou assez important. Ces résultats se comparent<br />

aux 57,9 pour cent (autres répondants) ayant indiqué que le maintien <strong>de</strong> la langue était important.<br />

En 2001, l’APN a co-subventionné une étu<strong>de</strong> intitulée Effect of Family Disruption on Aboriginal and<br />

Non-Aboriginal Inmates. 226 Cette étu<strong>de</strong> a mis à contribution 172 détenus dont 35 (20 %) avait fréquenté<br />

un pensionnat et 110 (63 %) avait été associé au service <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance. Ceux qui avaient<br />

fréquenté le pensionnat ont considéré cette expérience comme négative, alors que 77 pour cent ont dit<br />

avoir été victimes d’abus physique et/ou sexuel au pensionnat. L’âge moyen <strong>de</strong> ces détenus autochtones<br />

au moment <strong>de</strong> leur admission étaient chez les hommes <strong>de</strong> 29,9 ans et chez les femmes, 31,7 ans, l’âge<br />

<strong>de</strong> la cohorte étant ainsi plus jeune que la majeure partie <strong>de</strong>s Survivants <strong>de</strong>s pensionnats. À la question<br />

posée sur leur attachement envers la culture autochtone, il y a eu peu <strong>de</strong> différence au niveau <strong>de</strong> la<br />

participation à la culture/aux activités culturelles pendant leur enfance entre ceux qui ont fréquenté<br />

les pensionnats et ceux n’ayant pas fréquenté les pensionnats (57 % et 50 % respectivement). Tant <strong>du</strong><br />

côté <strong>de</strong>s anciens élèves que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s personnes n’ayant jamais fréquenté le pensionnat, ils ont dit<br />

ressentir actuellement un profond attachement envers la culture autochtone (anciens élèves : 83 %;<br />

n’ayant pas fréquenté le pensionnat : 73 %). 227<br />

L’augmentation <strong>de</strong> l’attachement à la culture était plus marquée chez les détenus qui avaient fait<br />

l’expérience <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance, soit <strong>de</strong> l’adoption, <strong>du</strong> placement familial ou <strong>du</strong> foyer <strong>de</strong> groupe.<br />

Malgré que les pourcentages indiquant la participation aux activités culturelles autochtones étaient<br />

assez similaires chez ceux ayant fait l’expérience <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance et les autres n’ayant pas<br />

eu ce type d’expérience pendant leur enfance (57 % et 49 % respectivement) et que la participation<br />

actuelle aux activités culturelles offertes dans l’établissement n’indiquait qu’une faible différence<br />

(82 % pour ceux <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance et 77 % chez ceux ne l’ayant pas vécue), l’attachement<br />

envers la culture qu’ils ont rapportée différait <strong>de</strong> façon significative. Quatre-vingt-un pour cent <strong>de</strong><br />

ceux ayant fait l’expérience <strong>du</strong> placement disaient <strong>être</strong> attachés à leur culture, alors que 63 pour cent<br />

<strong>de</strong> ceux n’ayant pas vécu le placement pendant l’enfance indiquaient un attachement. 228 L’importance<br />

<strong>de</strong> la culture a été décrite par <strong>de</strong>ux répondants :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] [ Je me] sens plus [engagé] dans la culture autochtone pendant que je suis à<br />

l’ombre [en institution]. Cela m’ai<strong>de</strong> à rester sain d’esprit. Je vais aux sueries une couple <strong>de</strong> fois<br />

par semaine. Ils me font comprendre l’importance <strong>de</strong> la vie et ils m’ai<strong>de</strong>nt à gar<strong>de</strong>r l’estime et<br />

le respect <strong>de</strong> soi. [Au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’institution], la culture autochtone permet <strong>de</strong> se centrer sur<br />

les objectifs, les priorités, et non sur d’autres options comme faire la fête, etc. <strong>Le</strong> respect envers<br />

soi-même et les autres. J’ai beaucoup appris <strong>de</strong> mon grand-père. 229<br />

[tra<strong>du</strong>ction] Je suis <strong>de</strong>venu plus attaché à la culture <strong>de</strong>puis que je suis en prison. [Il y a]<br />

plus <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong> participation /d’engagement dans la culture qu’en ville. Au <strong>de</strong>hors, je<br />

vis en ville. C’est <strong>du</strong>r d’<strong>être</strong> engagé dans la culture à ce moment-là. 230<br />

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