Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être
chapitre six
associée aux émotions. Les émotions intenses soulevées au cours de cette expérience traumatisante
affectent ce qu’on appelle généralement le souvenir (le fait de se souvenir), c’est-à-dire la capacité
narrative de se rappeler et de penser à un événement, d’arriver à bien en saisir la signification comme
partie de notre emmagasinage d’informations. Ces narrations montrent bien que les expériences passées
d’une personne peuvent être faussées ou modifiées; prenons par exemple les histoires de pêche. Elles
peuvent être également sélectives comme dans le cas des femmes qui se souviennent de leur joie au
moment de l’accouchement et non de la douleur ressentie. Des souvenirs traumatiques peuvent être
poussés hors de la conscience et, au moment où ils resurgissent, ils sont aussi intenses et inchangés
que si l’événement se produisait à l’instant même. 207
Des souvenirs traumatiques peuvent être évoqués par le biais de signaux qui sont directement reliés
au traumatisme ou par des signaux qui semblent n’avoir aucun rapport avec le traumatisme initial.
Bessel van der Kolk, un spécialiste du SSPT, fait observer :
[traduction] Dans une tentative apparente visant à neutraliser leur réaction d’alerte
excessive chronique (hyperarousal), les personnes traumatisées semblent se refermer sur
elles-mêmes (devenir inaccessibles) – au niveau comportemental, en évitant tout stimulus
qui pourrait leur rappeler le traumatisme; au niveau psychologique, une insensibilité aux
émotions (imperméabilité) qui peut s’étendre à ce qui se rapporte au traumatisme, mais aussi
à tout ce qui se vit au quotidien.…[L]’incapacité de ces personnes touchées par le SSPT à faire
normalement l’intégration des souvenirs du traumatisme, les laissant plutôt dans le bourbier de
la continuelle évocation/rappel du passé, [cette impuissance] se manifeste physiologiquement
en faisant une interprétation erronée de stimulis inoffensifs comme de sursauter aux bruits,
les considérant des menaces potentielles. 208
Pour les besoins de traitement du SSPT, on assure un fondement psychologique en établissant des
environnements sûrs où on peut faire le rappel de souvenirs traumatiques et les entrelacer pour
les insérer dans la mémoire narrative, là où il y a indication que ces derniers ont moins de pouvoir
terrorisant. En tout cas, il est essentiel de s’assurer que ce traitement favorise également le rétablissement
des relations interpersonnelles et des milieux sûrs à l’extérieur du lieu du traitement.
Une grande partie de la recherche sur le SSPT décrit des symptômes qui surviennent si une personne est
confrontée à un événement traumatique de courte durée comme un épisode atroce pendant la guerre ou
un viol. Judith Herman, une spécialiste reconnue du traitement de traumatismes, a recommandé qu’un
diagnostic du SSPT complexe soit formulé pour décrire les changements/troubles de la personnalité
qui surviennent si une personne est assujettie pendant des mois ou des années au contrôle absolu
d’autres personnes dans des situations comme des camps de prisonniers de guerre, de la violence
familiale prolongée ou de la violence sexuelle à l’endroit des enfants. Sur la fiche d’information publiée
par le National Center for PTSD au US Department of Veterans Affairs, on a identifié les symptômes
du SSPT complexe, en partie, comme des :
* altérations de la régulation émotionnelle, ce qui peut… comporter une tristesse persistante,
des pensées suicidaires, de la colère explosive ou de la colère réprimée;