Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

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28.08.2013 Views

0 chapitre cinq à l’égard des activités où les Aînés participent, notamment dans la transmission d’enseignements traditionnels et la démarche de guérison. 5.14 Conclusion Le cadre de travail présenté au commencement de ce chapitre est fondé sur l’idée que l’histoire du traumatisme et des perturbations dont les Autochtones subissent le contrecoup dans de multiples dimensions de leur vie depuis des générations sont à l’origine du besoin de guérison. Le traumatisme est donc associé à une continuité transgénérationnelle des séquelles collectives et individuelles laissées par les pensionnats. Les pratiques de guérison prometteuses tiennent compte par le fait même de ce contexte historique et commun lié aux besoins de guérison. Elles donnent lieu à des approches qui intègrent trois éléments essentiels : conformité avec les valeurs et la vision du monde des Autochtones, établissement de la sécurité personnelle et culturelle, ainsi que la capacité nécessaire pour faciliter la guérison qui est fonction des compétences et des ressources des personnes et des communautés autochtones. Comme méthodes principales mises de l’avant par les pratiques de guérison prometteuses, on fait mention des suivantes : la reconquête de l’histoire, les interventions culturelles, la guérison thérapeutique qui puise de façon créative son fondement dans les méthodes traditionnelles de guérison et les thérapies culturelles occidentales. Les personnes font aussi leur propre cheminement de guérison assistées ou freinées par leur force et leur vulnérabilité personnelles. L’environnement communautaire exerce une influence cruciale en facilitant la démarche ou en l’empêchant de progresser. Les guérisseurs, aidants et conseillers autochtones ont toujours eu des pratiques de guérison holistiques, mais l’importance, l’acuité, la multiplication des besoins de guérison émanant du traumatisme historique et des séquelles des abus subis dans les pensionnats font en sorte que les réseaux informels de soutien, organismes d’aide, sont dépassés par l’immense tâche à accomplir. Les programmes offerts par des organismes externes sont fragmentés et, dans la plupart des cas, les objectifs restreints de leur mandat contribuent davantage à contrecarrer les efforts visant à mettre en application une démarche de guérison holistique. L’exemple le plus frappant de cette situation se rapporte à l’exclusion d’activités culturelles dans les programmes cadres en matière de santé et de guérison, à de rares exceptions près. Les résultats de recherche sur les pratiques de guérison prometteuses attestent du fait que les activités culturelles sont considérées fondamentales et qu’elles constituent des interventions efficaces. En réalité, la notion d’« interventions culturelles » est utilisée intentionnellement pour appuyer le fait que les activités culturelles ne sont pas complémentaires dans le contexte d’un processus de guérison, mais qu’elles sont plutôt partie intégrante de ce processus. Il y a bon nombre d’incidences découlant de ces constatations qui se rapportent aux critères de financement et aux programmes. En voici quelques-unes : • Les critères de financement doivent être suffisamment généraux, facilement applicables et souples pour être adaptés à la diversité des cultures et des conditions, notamment à tout le spectre des environnements socioéconomiques et politiques des collectivités et de leur situation différente. volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

chapitre cinq • Les critères de financement doivent faciliter également le développement /l’établissement de programmes qui répondent à toute l’étendue des besoins individuels. Les personnes ayant des besoins pressants sont confrontées à des difficultés différentes de celles qu’ont à surmonter les personnes engagées depuis un certain temps dans leur démarche de guérison. Les ressources personnelles, les forces, les préoccupations, les défis et les responsabilités des personnes – de même que les liens qu’elles entretiennent avec leur famille, leur culture et leurs traditions – influeront sur leur capacité de poursuivre une démarche de guérison et sur les approches qui leur conviennent. En outre, certaines approches vont mieux convenir à des groupes en particulier, c’est-à-dire une approche est plus efficace auprès des femmes ou des hommes ou des jeunes; auprès de groupes autochtones en particulier (Premières Nations, Métis ou Inuits); et en fonction de conditions communautaires particulières (milieux urbains, ruraux, éloignés). • Les programmes et les critères de financement doivent reconnaître la diversité des approches de guérison qui fonctionnent bien, notamment la vaste gamme d’approches traditionnelles associées à des thérapies occidentales et alternatives et l’efficacité liée au fait de combiner des interventions thérapeutiques et culturelles. • Un moyen de pourvoir aux exigences de flexibilité des critères mentionnés précédemment est d’attribuer aux collectivités le pouvoir et la capacité de concevoir et de mettre en application leurs propres programmes de guérison. Il faut également prendre en considération d’autres aspects. Le développement d’un programme de guérison efficace (prometteur) demande du temps, tout comme la démarche de guérison elle-même. La guérison se fait par étapes. À certains moments, les personnes ont l’impression de faire de grands progrès, alors qu’à d’autres moments elles semblent être au point mort. Il est normal de connaître des hauts et des bas. La démarche de guérison de la collectivité suit un mouvement semblable de montée et de descente. Les agences de financement doivent accepter d’accorder le temps nécessaire et appuyer les efforts qu’exigent la mise sur pied et l’implantation d’initiatives de guérison efficaces. Elles doivent également allouer le temps nécessaire pour que les participants entreprennent leur cheminement et qu’ils atteignent leurs objectifs. De plus, on augmente les chances que le programme réussisse en suivant continuellement l’évolution du projet et en l’évaluant. Des programmes de guérison qui promettent évoluent et ils s’adaptent au fur et à mesure aux besoins des participants; c’est pourquoi obtenir la rétroaction des participants et l’analyser est crucial. Les interventions positives, fécondes doivent être reconnues et appuyées, alors que les moins bonnes doivent être modifiées. Pour soutenir des programmes de guérison fondés sur l’examen de l’évolution, il faut que les évaluations soient financées et, si besoin est, que l’aide technique soit fournie. Finalement, les équipes de projets devraient avoir accès continuellement à de l’information sur les stratégies de guérison, les interventions et les programmes efficaces. Un forum national ou semestriel permettant de partager les pratiques de guérison prometteuses et les résultats des évaluations faciliterait volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

0 chapitre cinq<br />

à l’égard <strong>de</strong>s activités où les Aînés participent, notamment dans la transmission d’enseignements<br />

traditionnels et la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>.<br />

5.14 Conclusion<br />

<strong>Le</strong> cadre <strong>de</strong> travail présenté au commencement <strong>de</strong> ce chapitre est fondé sur l’idée que l’histoire <strong>du</strong><br />

traumatisme et <strong>de</strong>s perturbations dont les Autochtones subissent le contrecoup dans <strong>de</strong> multiples<br />

dimensions <strong>de</strong> leur vie <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s générations sont à l’origine <strong>du</strong> besoin <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. <strong>Le</strong> traumatisme<br />

est donc associé à une continuité transgénérationnelle <strong>de</strong>s séquelles collectives et indivi<strong>du</strong>elles laissées<br />

par les pensionnats. <strong>Le</strong>s pratiques <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> prometteuses tiennent compte par le fait même <strong>de</strong> ce<br />

contexte historique et commun lié aux besoins <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. Elles donnent lieu à <strong>de</strong>s approches qui<br />

intègrent trois éléments essentiels : conformité avec les valeurs et la vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Autochtones,<br />

établissement <strong>de</strong> la sécurité personnelle et culturelle, ainsi que la capacité nécessaire pour faciliter<br />

la <strong>guérison</strong> qui est fonction <strong>de</strong>s compétences et <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s personnes et <strong>de</strong>s communautés<br />

autochtones. Comme métho<strong>de</strong>s principales mises <strong>de</strong> l’avant par les pratiques <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> prometteuses,<br />

on fait mention <strong>de</strong>s suivantes : la reconquête <strong>de</strong> l’histoire, les interventions culturelles, la <strong>guérison</strong><br />

thérapeutique qui puise <strong>de</strong> façon créative son fon<strong>de</strong>ment dans les métho<strong>de</strong>s traditionnelles <strong>de</strong> <strong>guérison</strong><br />

et les thérapies culturelles occi<strong>de</strong>ntales. <strong>Le</strong>s personnes font aussi leur propre <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong><br />

assistées ou freinées par leur force et leur vulnérabilité personnelles. L’environnement communautaire<br />

exerce une influence cruciale en facilitant la démarche ou en l’empêchant <strong>de</strong> progresser.<br />

<strong>Le</strong>s guérisseurs, aidants et conseillers autochtones ont toujours eu <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> holistiques,<br />

mais l’importance, l’acuité, la multiplication <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> émanant <strong>du</strong> traumatisme<br />

historique et <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s abus subis dans les pensionnats font en sorte que les réseaux informels<br />

<strong>de</strong> soutien, organismes d’ai<strong>de</strong>, sont dépassés par l’immense tâche à accomplir. <strong>Le</strong>s programmes offerts<br />

par <strong>de</strong>s organismes externes sont fragmentés et, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, les objectifs restreints <strong>de</strong> leur<br />

mandat contribuent davantage à contrecarrer les efforts visant à mettre en application une démarche<br />

<strong>de</strong> <strong>guérison</strong> holistique. L’exemple le plus frappant <strong>de</strong> cette situation se rapporte à l’exclusion d’activités<br />

culturelles dans les programmes cadres en matière <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>, à <strong>de</strong> rares exceptions près.<br />

<strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong> recherche sur les pratiques <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> prometteuses attestent <strong>du</strong> fait que les activités<br />

culturelles sont considérées fondamentales et qu’elles constituent <strong>de</strong>s interventions efficaces. En réalité,<br />

la notion d’« interventions culturelles » est utilisée intentionnellement pour appuyer le fait que les<br />

activités culturelles ne sont pas complémentaires dans le contexte d’un processus <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>, mais<br />

qu’elles sont plutôt partie intégrante <strong>de</strong> ce processus.<br />

Il y a bon nombre d’inci<strong>de</strong>nces découlant <strong>de</strong> ces constatations qui se rapportent aux critères <strong>de</strong><br />

financement et aux programmes. En voici quelques-unes :<br />

• <strong>Le</strong>s critères <strong>de</strong> financement doivent <strong>être</strong> suffisamment généraux, facilement applicables et souples<br />

pour <strong>être</strong> adaptés à la diversité <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong>s conditions, notamment à tout le spectre <strong>de</strong>s<br />

environnements socioéconomiques et politiques <strong>de</strong>s collectivités et <strong>de</strong> leur situation différente.<br />

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