Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre cinq communautaire. Par conséquent, il n’est pas surprenant de constater qu’un grand nombre de pratiques de guérison prometteuses (80,6 %) comprennent un volet culturel. On associe aux activités et aux interventions culturelles des démarches comme la mise en valeur des enseignements des Aînés, du récit ou du conte et du savoir traditionnel, des programmes axés sur la langue, des activités en milieu naturel, les fêtes/célébrations et les pow-wows, l’apprentissage de formes d’art traditionnel, la récolte de plantes médicinales, le tambour, les chants et les danses. En s’appuyant sur les résultats de la recherche menée pour les besoins de ce rapport, nous concluons que les activités culturelles sont un bon moyen de guérison. Dans la pratique, ces activités viennent presque invariablement compléter d’autres interventions visant la guérison des séquelles des abus physiques et sexuels subis dans les pensionnats, des activités intégrées sans discontinuité au programme cadre par les thérapeutes autochtones, les Aînés et les équipes de guérison. La culture est également associée aux valeurs et à la vision du monde communes aux peuples autochtones. Par conséquent, la culture est une composante de la guérison holistique, indissociable d’une vision du monde enracinée dans des concepts d’équilibre et d’interdépendance. Les Aînés sont la principale source de connaissances liées à la culture et ils sont mis à contribution pour de nombreuses interventions. Reprendre contact avec sa culture donne une grande capacité d’action. En effet, le renforcement du sentiment d’identité culturelle concourt à recouvrer la confiance en soi et l’estime de soi, ce qui, par ricochet, facilite la guérison. Dans l’ensemble, les interventions culturelles sont considérées comme des activités collectives et, à ce titre, elles suscitent un sentiment d’appartenance. Elles peuvent atténuer la tension associée à une séance de thérapie intensive, de même qu’elles peuvent fournir un moyen non menaçant de présenter des sujets délicats, difficiles ou douloureux. La culture joue un rôle encore plus crucial dans le cadre de la guérison : [traduction] Les programmes axés sur les traditions et la guérison traditionnelle puisent leur fondement dans des interventions culturelles thérapeutiques, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour guérir des problèmes fondamentaux découlant de l’abus physique et sexuel subi au pensionnat comme la dévalorisation de soi, la victimisation et la vulnérabilité, les problèmes d’identité, l’affliction due au deuil ou pertes, le sentiment d’être dissocié de soi et des autres. Le pouvoir [de guérison] de la thérapie axée sur la culture émane de son caractère holistique et de sa capacité d’amener les Survivants à reprendre contact avec eux-mêmes, leur famille et leur communauté. L’activité traditionnelle donne la possibilité d’assurer un contexte sûr, non menaçant et naturel, où l’effort de rétablissement des séquelles de l’abus physique et sexuel peut s’opérer. 151 Les langues autochtones, les fêtes traditionnelles et les activités en milieu naturel représentent des moyens importants de transmission du savoir traditionnel et d’intégration de la culture aux activités axées sur le guérison.

chapitre cinq 5.10.1 savoir traditionnel Le savoir traditionnel est spécifiquement culturel, étroitement lié à l’environnement naturel et social de la communauté, contribuant ainsi à créer une extraordinaire diversité chez les peuples autochtones au Canada. Thomas King fait valoir ces variations même dans ses récits composant son livre The Truth About Stories : [traduction] Il y a une histoire que je connais. Elle parle de la terre et de la façon qu’elle flotte dans l’espace sur le dos d’une tortue. J’ai entendu cette histoire maintes et maintes fois; mais à chaque fois que quelqu’un la raconte, elle change. Parfois ce changement n’est perceptible que dans la voix du conteur. Il arrive d’autres fois que le changement soit perçu dans les détails. Tantôt, c’est dans l’ordre des événements. À d’autres moments, c’est le dialogue ou la réaction de l’auditoire. Pourtant, dans tous ces récits de tous ces conteurs, le monde ne quitte jamais le dos de la tortue. Et la tortue ne s’éloigne jamais. 152 Dans l’introduction de la section sur les Inuits faisant partie du rapport final du Comité canadien sur la violence faite aux femmes, on explique le rôle des histoires et des légendes dans la culture inuite : [traduction] Le récit est un moyen primordial d’information; les légendes et les mythes perpétuent l’apprentissage des règles de vie (de conduite) d’une génération à l’autre. Beaucoup de légendes inuites illustrent le fait que la violence envers les femmes et les enfants est inacceptable, ces légendes étant étonnamment semblables à celles en Alaska, dans l’Arctique canadien et au Groenland. 153 La culture métisse – comme Carole Leclair et Lynn Nicholson le font remarquer – reste distincte, même si elle a été soumise à un processus de transition ou d’adaptation culturelle; elle est transmise oralement : [traduction] La tradition orale métisse nous enseigne qu’on n’est jamais complètement « autre, » que notre identité sociale et spirituelle a toujours recoupé celle de notre parenté tribale, [pris la teinte de] nos rapports avec les Européens et d’autres entités en changeant nos comportements pour combler de façon ingénieuse nos besoins. Les Métis qui se souviennent « de la façon de vivre en forêt » [c’est souligné dans le texte original] restent en liaison avec notre premier maître, la nature. En agissant ainsi, nous représentons une écologie humaine autochtone qui s’adapte, au lieu de s’assimiler, à la culture commune générale. 154 5.10.2 langues autochtones Au sujet de la langue, Leroy Little Bear écrit : [traduction] La langue traduit la façon de penser d’une société. Grâce à l’apprentissage et à l’utilisation d’une langue en particulier, une personne assimile le processus de pensée commun d’un peuple. 155 volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre cinq<br />

communautaire. Par conséquent, il n’est pas surprenant <strong>de</strong> constater qu’un grand nombre <strong>de</strong> pratiques<br />

<strong>de</strong> <strong>guérison</strong> prometteuses (80,6 %) comprennent un volet culturel. On associe aux activités et aux<br />

interventions culturelles <strong>de</strong>s démarches comme la mise en valeur <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong>s Aînés, <strong>du</strong><br />

récit ou <strong>du</strong> conte et <strong>du</strong> savoir traditionnel, <strong>de</strong>s programmes axés sur la langue, <strong>de</strong>s activités en milieu<br />

naturel, les fêtes/célébrations et les pow-wows, l’apprentissage <strong>de</strong> formes d’art traditionnel, la récolte<br />

<strong>de</strong> plantes médicinales, le tambour, les chants et les danses.<br />

En s’appuyant sur les résultats <strong>de</strong> la recherche menée pour les besoins <strong>de</strong> ce rapport, nous concluons que<br />

les activités culturelles sont un bon moyen <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. Dans la pratique, ces activités viennent presque<br />

invariablement compléter d’autres interventions visant la <strong>guérison</strong> <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s abus physiques et<br />

sexuels subis dans les pensionnats, <strong>de</strong>s activités intégrées sans discontinuité au programme cadre par<br />

les thérapeutes autochtones, les Aînés et les équipes <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. La culture est également associée<br />

aux valeurs et à la vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> communes aux peuples autochtones. Par conséquent, la culture<br />

est une composante <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong> holistique, indissociable d’une vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> enracinée dans <strong>de</strong>s<br />

concepts d’équilibre et d’interdépendance. <strong>Le</strong>s Aînés sont la principale source <strong>de</strong> connaissances liées<br />

à la culture et ils sont mis à contribution pour <strong>de</strong> nombreuses interventions.<br />

Reprendre contact avec sa culture donne une gran<strong>de</strong> capacité d’action. En effet, le renforcement <strong>du</strong><br />

sentiment d’i<strong>de</strong>ntité culturelle concourt à recouvrer la confiance en soi et l’estime <strong>de</strong> soi, ce qui, par<br />

ricochet, facilite la <strong>guérison</strong>. Dans l’ensemble, les interventions culturelles sont considérées comme <strong>de</strong>s<br />

activités collectives et, à ce titre, elles suscitent un sentiment d’appartenance. Elles peuvent atténuer la<br />

tension associée à une séance <strong>de</strong> thérapie intensive, <strong>de</strong> même qu’elles peuvent fournir un moyen non<br />

menaçant <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s sujets délicats, difficiles ou douloureux. La culture joue un rôle encore plus<br />

crucial dans le cadre <strong>de</strong> la <strong>guérison</strong> :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] <strong>Le</strong>s programmes axés sur les traditions et la <strong>guérison</strong> traditionnelle puisent<br />

leur fon<strong>de</strong>ment dans <strong>de</strong>s interventions culturelles thérapeutiques, c’est-à-dire qu’ils sont<br />

conçus pour guérir <strong>de</strong>s problèmes fondamentaux découlant <strong>de</strong> l’abus physique et sexuel subi<br />

au pensionnat comme la dévalorisation <strong>de</strong> soi, la victimisation et la vulnérabilité, les problèmes<br />

d’i<strong>de</strong>ntité, l’affliction <strong>du</strong>e au <strong>de</strong>uil ou pertes, le sentiment d’<strong>être</strong> dissocié <strong>de</strong> soi et <strong>de</strong>s autres.<br />

<strong>Le</strong> pouvoir [<strong>de</strong> <strong>guérison</strong>] <strong>de</strong> la thérapie axée sur la culture émane <strong>de</strong> son caractère holistique<br />

et <strong>de</strong> sa capacité d’amener les Survivants à reprendre contact avec eux-mêmes, leur famille et<br />

leur communauté. L’activité traditionnelle donne la possibilité d’assurer un contexte sûr, non<br />

menaçant et naturel, où l’effort <strong>de</strong> <strong>rétablissement</strong> <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong> l’abus physique et sexuel<br />

peut s’opérer. 151<br />

<strong>Le</strong>s langues autochtones, les fêtes traditionnelles et les activités en milieu naturel représentent <strong>de</strong>s<br />

moyens importants <strong>de</strong> transmission <strong>du</strong> savoir traditionnel et d’intégration <strong>de</strong> la culture aux activités<br />

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