Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

0 chapitre cinq Guerre mondiale. Pour ce qui est du troisième fil, il est rattaché à des travaux récents de recherche et d’élaboration d’une théorie qui sont menés par des thérapeutes amérindiens aux États-Unis; ces recherches portent sur la nature du traumatisme collectif dont souffrent les Autochtones et sur les raisons impératives de situer cet état actuel de détresse dans le contexte de traumatismes réitérés aux effets profonds attribuables aux forces colonisatrices qui ont opprimé des générations successives. 113 Dans un rapport rédigé sur demande de la FADG, Cynthia Wesley-Esquimaux et Magdalena Smolewski 114 font l’analyse de publications portant sur le traumatisme historique et elles proposent une théorie relative à la transmission du traumatisme historique. Voici ce qu’elles font valoir : [traduction] Les souvenirs traumatiques sont transmis aux générations subséquentes en empruntant des voies différentes, parmi lesquelles il y a la voie biologique (les prédispositions héréditaires au SSPT), la voie culturelle (au moyen de récits, de comportements sanctionnés culturellement), la voie sociale (par le biais de compétences parentales insuffisantes ou rôle parental inadapté, violence latérale, actualisation de pulsions de violence/passage à des actes d’abus) et la voie psychologique (par des processus mnémoniques). 115 Cynthia Wesley-Esquimaux et Magdalena Smolewski conviennent que, dans la première phase de la démarche de guérison axée sur les effets du traumatisme historique, il est bien inspiré de traiter comme on le fait dans le cas du SSPT. [traduction]« Le but de ces thérapies est d’aider les personnes traumatisées à passer de l’état où elles se sentent dominées, hantées par le passé, à celui où elles vivent dans l’instant présent, capables de satisfaire aux exigences de chaque instant, en possession de leur potentiel. » 116 Elles font référence à des thérapies comme l’approche innovatrice mise de l’avant par Judith Herman qui s’est inspirée de ses interventions auprès des victimes de violence sexuelle et de violence familiale, de même que de celles auprès des victimes de terrorisme politique et des anciens combattants. Judith Herman décrit le traitement du traumatisme comme une démarche qui se déroule en trois étapes : « l’établissement de la sécurité, la reconstitution de l’histoire du traumatisme (évoquée aussi comme le souvenir ou remémoration et le « travail de deuil ») et le rétablissement des liens entre les Survivants et leur communauté. » 117 La démarche de guérison mise de l’avant par Judith Herman en fonction du SSPT présente des similitudes intéressantes avec le processus de décolonisation décrit par le Hawa–en autochtone Poka Laenui. 118 En effet, Poka Laenui envisage la décolonisation comme un processus social caractérisé par cinq phases distinctes mais apparentées : redécouvrir et rétablir la culture, la musique, l’art et la littérature traditionnels; faire le deuil de ce qui a été perdu pendant le processus de la colonisation; imaginer un avenir meilleur; prendre l’engagement de s’employer à changer; prendre des mesures dans un esprit d’autodétermination. 119 Ces stades sont décrits en détail dans le tableau 14 où on juxtapose le processus socio-politique à celui du traitement du SSPT. La première colonne décrit les cinq phases de la décolonisation exposées par le Hawaiian en autochtone Poka Laenui. La deuxième colonne présente les étapes du rétablissement lié au syndrome de stress post-traumatique que Judith Herman a expliquées. En les exposant de cette façon, on révèle les similarités entre ces processus. Pour ce qui est de la dernière colonne – la guérison volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

chapitre cinq d’un traumatisme historique –, l’histoire et la culture sont rattachées à la guérison personnelle et ces dimensions sont réunies dans un même cheminement à la fois individuel et collectif. Pour ce faire, on s’appuie sur l’association des deux premières colonnes. Les leçons dégagées des recherches et les analyses faites à partir des évaluations ont permis à la Fondation autochtone de guérison d’élaborer ce modèle. 120 La démarche de guérison articulée autour du traumatisme historique commence par l’établissement d’un environnement sûr sur le plan personnel et le plan culturel où on peut en toute sécurité analyser les incidences que l’histoire a eues, y compris les séquelles laissées par les abus commis dans les pensionnats. S’enchaîne un processus de remémoration : se souvenir et retracer l’histoire de l’abus, de même que reprendre contact avec les traditions, la langue, ainsi que les pratiques culturelles et spirituelles qui ont été perdues. La troisième phase se rapporte au travail de deuil – parler des pertes personnelles et collectives que la génération actuelle a subies, tout comme les générations précédentes, et exprimer sa douleur morale. Tout au long du processus de guérison, on se livre à des pratiques culturelles et spirituelles. Quant aux dernières phases de la démarche de guérison, les efforts sont centrés sur le développement et le renforcement de relations positives, profondes, dans la famille et la communauté et sur l’établissement de nouveaux rapports; on veut également arriver à un point où, de façon volontaire, la personne apporte son appoint à la famille et à la communauté. Dans l’optique du modèle de guérison hawaïen et aussi du modèle de guérison autochtone proposés, être en mesure de « rendre la pareille » représente une partie essentielle du processus. Suivant ce modèle présenté à l’aide du tableau 14, la relation entre l’histoire, l’environnement social, politique et économique et le vécu des personnes ressort très nettement. Il s’ensuit que des approches thérapeutiques de guérison qui prennent en compte l’histoire autochtone permettront de traiter plus efficacement les causes fondamentales ou les racines mêmes de traumatismes complexes et persistants. Cette conceptualisation ouvre des voies naturelles à de nouvelles approches/méthodes de guérison particulièrement bien adaptées au traitement s’appliquant aux Survivants des pensionnats. La connaissance à propos de l’histoire de la colonisation, le deuil éprouvé à la suite des nombreuses pertes et la reconquête ou la reviviscence des cultures, des valeurs et des pratiques traditionnelles sont devenus les composantes confirmées des programmes de guérison autochtones efficaces. Bon nombre des éléments constitutifs du cadre de travail pour la guérison présentés dans la section précédente sont indiqués dans le tableau 14. volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

0 chapitre cinq<br />

Guerre mondiale. Pour ce qui est <strong>du</strong> troisième fil, il est rattaché à <strong>de</strong>s travaux récents <strong>de</strong> recherche<br />

et d’élaboration d’une théorie qui sont menés par <strong>de</strong>s thérapeutes amérindiens aux États-<strong>Un</strong>is; ces<br />

recherches portent sur la nature <strong>du</strong> traumatisme collectif dont souffrent les Autochtones et sur les<br />

raisons impératives <strong>de</strong> situer cet état actuel <strong>de</strong> détresse dans le contexte <strong>de</strong> traumatismes réitérés aux<br />

effets profonds attribuables aux forces colonisatrices qui ont opprimé <strong>de</strong>s générations successives. 113<br />

Dans un rapport rédigé sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la FADG, Cynthia Wesley-Esquimaux et Magdalena<br />

Smolewski 114 font l’analyse <strong>de</strong> publications portant sur le traumatisme historique et elles proposent<br />

une théorie relative à la transmission <strong>du</strong> traumatisme historique. Voici ce qu’elles font valoir :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] <strong>Le</strong>s souvenirs traumatiques sont transmis aux générations subséquentes en<br />

empruntant <strong>de</strong>s voies différentes, parmi lesquelles il y a la voie biologique (les prédispositions<br />

héréditaires au SSPT), la voie culturelle (au moyen <strong>de</strong> récits, <strong>de</strong> comportements sanctionnés<br />

culturellement), la voie sociale (par le biais <strong>de</strong> compétences parentales insuffisantes ou rôle<br />

parental inadapté, violence latérale, actualisation <strong>de</strong> pulsions <strong>de</strong> violence/passage à <strong>de</strong>s actes<br />

d’abus) et la voie psychologique (par <strong>de</strong>s processus mnémoniques). 115<br />

Cynthia Wesley-Esquimaux et Magdalena Smolewski conviennent que, dans la première phase <strong>de</strong><br />

la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> axée sur les effets <strong>du</strong> traumatisme historique, il est bien inspiré <strong>de</strong> traiter<br />

comme on le fait dans le cas <strong>du</strong> SSPT. [tra<strong>du</strong>ction]« <strong>Le</strong> but <strong>de</strong> ces thérapies est d’ai<strong>de</strong>r les personnes<br />

traumatisées à passer <strong>de</strong> l’état où elles se sentent dominées, hantées par le passé, à celui où elles vivent<br />

dans l’instant présent, capables <strong>de</strong> satisfaire aux exigences <strong>de</strong> chaque instant, en possession <strong>de</strong> leur<br />

potentiel. » 116 Elles font référence à <strong>de</strong>s thérapies comme l’approche innovatrice mise <strong>de</strong> l’avant par<br />

Judith Herman qui s’est inspirée <strong>de</strong> ses interventions auprès <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> violence sexuelle et <strong>de</strong><br />

violence familiale, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong> celles auprès <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> terrorisme politique et <strong>de</strong>s anciens<br />

combattants. Judith Herman décrit le traitement <strong>du</strong> traumatisme comme une démarche qui se déroule<br />

en trois étapes : « l’établissement <strong>de</strong> la sécurité, la reconstitution <strong>de</strong> l’histoire <strong>du</strong> traumatisme (évoquée<br />

aussi comme le souvenir ou remémoration et le « travail <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil ») et le <strong>rétablissement</strong> <strong>de</strong>s liens entre<br />

les Survivants et leur communauté. » 117<br />

La démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> mise <strong>de</strong> l’avant par Judith Herman en fonction <strong>du</strong> SSPT présente <strong>de</strong>s<br />

similitu<strong>de</strong>s intéressantes avec le processus <strong>de</strong> décolonisation décrit par le Hawa–en autochtone Poka<br />

Laenui. 118 En effet, Poka Laenui envisage la décolonisation comme un processus social caractérisé<br />

par cinq phases distinctes mais apparentées : redécouvrir et rétablir la culture, la musique, l’art et la<br />

littérature traditionnels; faire le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> ce qui a été per<strong>du</strong> pendant le processus <strong>de</strong> la colonisation;<br />

imaginer un avenir meilleur; prendre l’engagement <strong>de</strong> s’employer à changer; prendre <strong>de</strong>s mesures dans<br />

un esprit d’autodétermination. 119<br />

Ces sta<strong>de</strong>s sont décrits en détail dans le tableau 14 où on juxtapose le processus socio-politique à celui<br />

<strong>du</strong> traitement <strong>du</strong> SSPT. La première colonne décrit les cinq phases <strong>de</strong> la décolonisation exposées par<br />

le Hawaiian en autochtone Poka Laenui. La <strong>de</strong>uxième colonne présente les étapes <strong>du</strong> <strong>rétablissement</strong><br />

lié au syndrome <strong>de</strong> stress post-traumatique que Judith Herman a expliquées. En les exposant <strong>de</strong> cette<br />

façon, on révèle les similarités entre ces processus. Pour ce qui est <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière colonne – la <strong>guérison</strong><br />

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