Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

4.8.2 souvenir et deuil
volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être
chapitre quatre
La deuxième étape de la démarche de guérison du Survivant vers le mieux-être est celle du souvenir et
du deuil. Dans un climat de confiance et de sécurité, les Survivants peuvent arriver à laisser les souvenirs
et les sentiments douloureux qui y sont rattachés émerger et se dévoiler à leur mémoire consciente. À
cette étape de la démarche de guérison, il y a deux facettes qui s’imposent : se remémorer les événements
ayant été cause de traumatismes dans le passé et revivre et manifester des émotions bloquées, tout
comme les souvenirs réprimés et douloureux. Les thérapeutes croient que les dépendances à l’alcool
et à d’autres substances psychodysleptiques qu’on constate souvent chez les personnes affectées par
le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) sont une stratégie qu’adoptent ces personnes pour
bloquer leurs souvenirs et leurs émotions trop pénibles à supporter. Le fait de réprimer ses sentiments
perturbe les relations et contribue finalement à miner toute possibilité chez le Survivant de trouver
du réconfort et le bien-être.
La principale mission que les pensionnats devaient remplir consistait à anéantir chez les élèves des
Premières Nations, des Inuits et des Métis, l’attachement à leur culture et à leur langue et à les intégrer
à la société coloniale. La discipline sévère qu’on leur a infligée visait à les empêcher de parler leur
langue, de rester attachés aux valeurs spirituelles traditionnelles ou de s’enfuir pour retrouver leur
famille. Ces élèves ont donc intériorisé la perception que c’est une honte d’être Autochtone et que
leur identité est la raison pour laquelle ils ont été punis. C’est pourquoi, dans toutes les sources de
données obtenues, le thème commun dégagé évoque l’idée que, pour corriger les effets préjudiciables
causés par les pensionnats, le moyen efficace d’y arriver est de célébrer la culture qui est définie comme
le mode de vie fonctionnel des Autochtones, qu’il soit traditionnel ou moderne. Le fait de parler sa
langue autochtone, de faire la récolte ou de préparer des aliments traditionnels, d’être entouré comme
participant par des repères visuels de l’art et de l’architecture autochtone ou d’aller se ressourcer dans la
nature, toutes ces activités ont permis d’appuyer de façon explicite l’attachement à l’égard de l’identité
autochtone. Les Survivants ayant affirmé leur identité et adopté un mode de vie sain représentent un
modèle et une inspiration pour tous les autres Survivants qui viennent d’entreprendre leur cheminement
de guérison vers le mieux-être.
Les équipes ont souligné l’importance de la responsabilité personnelle et de la confiance en soi qui sont
au coeur même d’une thérapie fructueuse. Alors que les thérapies conventionnelles ou occidentales
font référence à ces qualités, les enseignements associés au Cercle d’influences les considèrent plutôt
comme le pivot de toute la démarche :
[traduction] Le Cercle d’influences permet aux personnes autochtones d’agir de leur propre
chef (au même titre qu’un prêtre [ou] un ministre du culte) alors que, dans les cultures de la
société générale, les gens remettent les tâches d’enseignement et de l’exercice de l’autorité entre
des mains « spéciales; » cette attitude compromet les possibilités de libre choix et d’autogestion
dans le cadre de l’apprentissage et du développement, ce que la plupart des clients veulent et
jugent important. 81