Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre quatre particulièrement au sein de la jeunesse et des fournisseurs de services non autochtones. D’après toutes les sources consultées, l’information dispensée sur les questions liées aux pensionnats et à leurs répercussions a joué un rôle de catalyseur dans la démarche de guérison. En réalisant de façon nette et précise que le fardeau accablant sous lequel les personnes ploient ne doit pas être attribué à quelque défaut ou vice inexplicable, mais qu’il s’agit bien de conséquences normales et prévisibles d’un traumatisme (hérité) qui est le résultat d’abus en établissement, les Survivants ont été capables d’envisager le mouvement de guérison comme un geste de courage, non de faiblesse, visant à recouvrer l’équilibre et le mieux-être. Cette prise de conscience a été particulièrement constructive dans le cas des hommes qui sont portés à rejeter le rôle de victimes, rebutés trop souvent par le discours lié à la démarche de guérison; l’information leur a permis de surmonter leur résistance et de participer. Dans la même veine, les Inuits ont aussi de la difficulté à s’engager dans les initiatives de guérison, en partie, en raison de la traduction en inuktitut du terme « guérison » qui, dans le contexte culturel inuit, évoque l’idée de faiblesse chez les hommes et les femmes. En prenant conscience par le biais de l’information sur les séquelles des pensionnats des souffrances éprouvées qu’ils ont et de leur résilience, les Survivants ont reconquis leur dignité. Dans certains cas, l’information sur les séquelles des pensionnats a fait partie intégrante de la transmission de connaissances plus vastes associées à la colonisation et à la décolonisation, présentant un tableau plus approfondi et détaillé des dynamiques individuelle et communautaire à l’appui du counselling. Pour la plupart des gens, l’information sur les séquelles des pensionnats leur a permis de se sentir en sécurité, les a aidés à prendre des mesures immédiates pour traiter les besoins de guérison avant le déclenchement d’une crise. [traduction] La possibilité offerte d’informer les personnes non autochtones sur les répercussions ou les effets lointains qu’a causés le régime des pensionnats [sur les Autochtones] a eu des retombées incroyables et tellement fructueuses. Des effets d’autant plus puissants du fait que, d’après la rétroaction obtenue à la fin des séances d’information, les gens ont rapporté n’avoir jamais vraiment été amenés à examiner les séquelles laissées par un tel régime. 79 Dans les études de cas, les efforts effectués auprès des médias locaux, particulièrement la radio diffusée en langue autochtone, de même que des approches visuelles et interactives, qui visaient la conscientisation au sujet des séquelles des pensionnats se sont avérés les plus fréquents et ont été considérés les plus efficaces. Des pièces de théâtre, des psychodrames et des films ont aidé les gens à obtenir de l’information et à mieux comprendre grâce à une présentation facile d’accès et expérientielle. Nombreux sont ceux qui ont considéré les écoles comme des partenaires importants pour l’éducation des séquelles. Dans une des études de cas, de nombreuses révélations ont été exprimées pour la première fois pendant la séance de retour sur la pièce de théâtre Every Warrior’s Song, une pièce de théâtre qui rend hommage aux Survivants; certains parmi eux ont partagé leur expérience au moment de l’élaboration du scénario. Entourés de leur famille, de leur communauté, de conseillers et de facilitateurs chevronnés, les Survivants se sont sentis appuyés et suffisamment sûrs et confiants pour faire des révélations. [traduction] Les Survivants ont assisté aux répétitions, aux représentations, et très souvent ils pleuraient, nous parlaient et nous encourageaient. Ils nous ont dit à quel point ils étaient heureux

chapitre quatre qu’on raconte ce qu’ils avaient vécu. Certains d’entre eux nous ont aidés lors des animations qui se déroulaient après la pièce de théâtre et d’autres nous ont enseignés des chansons. 80 Les équipes de projet ont centré les efforts sur l’importance de l’acceptation totale et de la sécurité pour faire progresser la participation. L’attitude d’acceptation s’est traduit par une ouverture à tous et la reconnaissance des forces chez les autres, le fait d’honorer les Survivants et d’accueillir les gens en tenant compte de leurs besoins actuels. L’instauration d’un sentiment de confiance est essentiel pour commencer la démarche portant sur des problèmes profonds de nature délicate et qui accablent la personne depuis longtemps. Grâce à un climat non critique, chaleureux, les personnes se sentent capables d’exprimer et de valider des émotions de forte intensité comme la honte, la culpabilité et la colère, de les considérer comme des étapes normales et nécessaires du travail de deuil, notamment pleurer ses pertes et mettre un baume sur les souffrances du passé. Les équipes sont devenues profondément conscientes de la nécessité d’acquérir des compétences pour être en mesure de faire face aux émotions intenses générées par les séances thérapeutiques et de s’adapter aux façons différentes qu’ont les hommes et les femmes de les manifester. La sécurité sur les plans physique et émotionnel a été assurée par le biais d’un code d’éthique clair, bien connu de tous, de même que par des règles de conduite pour la conduite des activités de guérison. On a accordé aux besoins des clients la priorité absolue et le personnel n’a pas hésité à défendre au besoin les droits des clients. Une importance particulière a été accordée à l’établissement d’un environnement exempt de déclencheurs (déclics) non voulus des souvenirs rappelant les traumatismes antérieurs et exempt de tout risque de conséquences punitives par suite des divulgations. Les équipes de projet ont indiqué clairement qu’il était crucial de faire des révélations dans le but d’instaurer un système de freins et de contrepoids capable d’enrayer la violence et les abus à l’endroit des victimes. Les équipes reconnaissent la valeur des célébrations culturelles, non seulement comme une façon de prendre contact avec les Survivants, mais également comme un moyen de les faire participer en reconnaissant tout ce qu’ils ont perdu aux niveaux personnel, spirituel et linguistique. Les Aînés sont très populaires; on les considère des médiateurs de la sensibilisation à la culture, des agents respectueux des traditions culturelles et des exemples d’honnêteté, d’empathie, d’attitude d’acceptation sans réserve des autres et d’altruisme dans les relations interpersonnelles. Les projets ont souvent créé des environnements physiques qui renforçaient l’identité culturelle, affichant le drapeau des Métis, le chariot de la Rivière rouge, des inuksuks et de l’art autochtone. Les camps dans un cadre naturel où les Aînés et les jeunes pouvaient s’adonner à la chasse traditionnelle, et à la cueillette, un environnement naturel où les participants pouvaient communiquer avec la terre et les eaux, se sont avérés un moyen de guérison discret, silencieux, mais puissant. Une fois que le déni et la résistance ont été vaincus, la demande de services a souvent dépassé la capacité d’intervention des projets en ce qui a trait au nombre de personnes desservies et aux compétences requises. Les équipes ont donc essayé de répondre en établissant des priorités, en déterminant si les besoins présentés cadraient bien ou étaient à la mesure des services offerts et en ciblant des interventions adressées à des segments de population ayant des niveaux différents de réceptivité et de préparation en fonction de la démarche exigeante de guérison. Le tableau 10 décrit les stratégies auxquelles on a eu recours pour aller chercher et pour faire participer les gens. volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre quatre<br />

particulièrement au sein <strong>de</strong> la jeunesse et <strong>de</strong>s fournisseurs <strong>de</strong> services non autochtones. D’après<br />

toutes les sources consultées, l’information dispensée sur les questions liées aux pensionnats et à<br />

leurs répercussions a joué un rôle <strong>de</strong> catalyseur dans la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>. En réalisant <strong>de</strong> façon<br />

nette et précise que le far<strong>de</strong>au accablant sous lequel les personnes ploient ne doit pas <strong>être</strong> attribué<br />

à quelque défaut ou vice inexplicable, mais qu’il s’agit bien <strong>de</strong> conséquences normales et prévisibles<br />

d’un traumatisme (hérité) qui est le résultat d’abus en établissement, les Survivants ont été capables<br />

d’envisager le mouvement <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> comme un geste <strong>de</strong> courage, non <strong>de</strong> faiblesse, visant à recouvrer<br />

l’équilibre et le <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong>. Cette prise <strong>de</strong> conscience a été particulièrement constructive dans le cas<br />

<strong>de</strong>s hommes qui sont portés à rejeter le rôle <strong>de</strong> victimes, rebutés trop souvent par le discours lié à<br />

la démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>; l’information leur a permis <strong>de</strong> surmonter leur résistance et <strong>de</strong> participer.<br />

Dans la même veine, les Inuits ont aussi <strong>de</strong> la difficulté à s’engager dans les initiatives <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>,<br />

en partie, en raison <strong>de</strong> la tra<strong>du</strong>ction en inuktitut <strong>du</strong> terme « <strong>guérison</strong> » qui, dans le contexte culturel<br />

inuit, évoque l’idée <strong>de</strong> faiblesse chez les hommes et les femmes.<br />

En prenant conscience par le biais <strong>de</strong> l’information sur les séquelles <strong>de</strong>s pensionnats <strong>de</strong>s souffrances éprouvées<br />

qu’ils ont et <strong>de</strong> leur résilience, les Survivants ont reconquis leur dignité. Dans certains cas, l’information sur<br />

les séquelles <strong>de</strong>s pensionnats a fait partie intégrante <strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong> connaissances plus vastes associées<br />

à la colonisation et à la décolonisation, présentant un tableau plus approfondi et détaillé <strong>de</strong>s dynamiques<br />

indivi<strong>du</strong>elle et communautaire à l’appui <strong>du</strong> counselling. Pour la plupart <strong>de</strong>s gens, l’information sur les<br />

séquelles <strong>de</strong>s pensionnats leur a permis <strong>de</strong> se sentir en sécurité, les a aidés à prendre <strong>de</strong>s mesures immédiates<br />

pour traiter les besoins <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> avant le déclenchement d’une crise.<br />

[tra<strong>du</strong>ction] La possibilité offerte d’informer les personnes non autochtones sur les répercussions<br />

ou les effets lointains qu’a causés le régime <strong>de</strong>s pensionnats [sur les Autochtones] a eu <strong>de</strong>s retombées<br />

incroyables et tellement fructueuses. Des effets d’autant plus puissants <strong>du</strong> fait que, d’après la<br />

rétroaction obtenue à la fin <strong>de</strong>s séances d’information, les gens ont rapporté n’avoir jamais vraiment<br />

été amenés à examiner les séquelles laissées par un tel régime. 79<br />

Dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas, les efforts effectués auprès <strong>de</strong>s médias locaux, particulièrement la radio diffusée en<br />

langue autochtone, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s approches visuelles et interactives, qui visaient la conscientisation au<br />

sujet <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s pensionnats se sont avérés les plus fréquents et ont été considérés les plus efficaces.<br />

Des pièces <strong>de</strong> théâtre, <strong>de</strong>s psychodrames et <strong>de</strong>s films ont aidé les gens à obtenir <strong>de</strong> l’information et à <strong>mieux</strong><br />

comprendre grâce à une présentation facile d’accès et expérientielle. Nombreux sont ceux qui ont considéré<br />

les écoles comme <strong>de</strong>s partenaires importants pour l’é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>s séquelles.<br />

Dans une <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas, <strong>de</strong> nombreuses révélations ont été exprimées pour la première fois pendant<br />

la séance <strong>de</strong> retour sur la pièce <strong>de</strong> théâtre Every Warrior’s Song, une pièce <strong>de</strong> théâtre qui rend hommage<br />

aux Survivants; certains parmi eux ont partagé leur expérience au moment <strong>de</strong> l’élaboration <strong>du</strong> scénario.<br />

Entourés <strong>de</strong> leur famille, <strong>de</strong> leur communauté, <strong>de</strong> conseillers et <strong>de</strong> facilitateurs chevronnés, les Survivants<br />

se sont sentis appuyés et suffisamment sûrs et confiants pour faire <strong>de</strong>s révélations.<br />

[tra<strong>du</strong>ction] <strong>Le</strong>s Survivants ont assisté aux répétitions, aux représentations, et très souvent ils<br />

pleuraient, nous parlaient et nous encourageaient. Ils nous ont dit à quel point ils étaient heureux

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!