Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

28.08.2013 Views

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être chapitre quatre Avant de commencer une démarche de guérison, une personne semble passer par une séquence naturelle d’événements qui l’amène à une prise de conscience des problèmes l’empêchant de mener une vie satisfaisante et à l’acceptation de la nécessité de changer. Cette conscientisation peut se faire progressivement, mais, elle peut également être déclenchée par une crise comme des ennuis de santé, une rupture ou une inculpation. La progression vers l’atteinte du but final se fait dans le contexte de la famille et de la collectivité; c’est pourquoi les relations et les événements dans ce cadre peuvent aider ou peuvent faire obstacle à la réalisation des aspirations. Tout au long du chemin de la guérison, l’apprentissage est continu, le besoin de conseils et de soutien l’emportant sur toute autre exigence dans des périodes de transformation importante. La création de liens dans le contexte du nouveau mode de vie devient cruciale alors que la personne se dépouille de son identité de « victime » et adopte celle « d’aidant » ou de « collaborateur » dans la communauté. 4.8.1 Prise de conscience et compréhension : établir un environnement sécuritaire La nécessité de conscientiser est formulée ici sous la perspective du Survivant et de ses besoins. Plus de la moitié des participants aux activités de guérison sont identifiés comme des personnes touchées par les répercussions intergénérationnelles des pensionnats. Les études, tout particulièrement celles consacrées aux enfants des survivants de l’holocauste, ont montré que des générations subséquentes peuvent ressentir les effets d’expériences traumatisantes vécues par une génération antérieure, même si les descendants ont été éparngés de la connaissance personnelle des faits à l’origine de ces traumatismes antérieurs. Cette continuité transgénérationnelle des séquelles de traumatismes est traitée dans Traumatisme historicque et guérison autochtone, 75 un article rédigé pour le compte de la FADG. L’information entourant les abus commis dans les pensionnats est généralement présentée dans un contexte d’incitation à « rompre le silence. » Les résultats de la recherche sur le traumatisme et le rétablissement indiquent de façon constante que les victimes d’abus tentent d’éviter toute pensée, sentiment ou conversation associée au traumatisme et, plus encore, elles essaient de fuir les gens, les endroits, les activités qui peuvent leur rappeler les événements traumatisants. 76 Il n’est donc pas étonnant que, pour bien des projets, vaincre cette résistance et ce déni paralysants a été une source de préoccupation critique pendant les premières étapes. Les collectivités minimisent l’impact des séquelles des pensionnats, de même que les personnes refusent d’admettre qu’elles sont des Survivants : [traduction] Les gens avaient le droit de refuser de participer. Et, ils avaient le droit d’être libres de toute contrainte... La situation devenait parfois délicate du fait que nos questions réitérées pouvaient ressembler... à de la coercition. Cependant, nous étions également très conscients [de ce qu’ils ressentaient], étant nous-mêmes des Survivants des pensionnats; nous savions que ces secrets bien gardés exigeaient quelquefois d’être poussés doucement pour qu’ils remontent à la surface. 77 La réticence à s’engager dans une démarche de guérison a été en général considérée comme un mur d’émotions multi-niveaux recouvert en surface par une attitude de refus dissimulant la honte, la

chapitre quatre culpabilité, la colère et la peur d’être traumatisé de nouveau. À titre d’exemple, si un Survivant a déjà eu un comportement violent, une divulgation peut faire craindre des représailles, une conséquence pouvant s’avérer bien plausible pour des détenus dans un centre correctionnel. D’autres exemples de barrières à la participation font état notamment de la loyauté qu’éprouve un jeune envers sa famille lui infligeant de mauvais traitements, de la réticence de chrétiens fervents à retracer des faits pouvant porter ombrage à leur Église. Dans une petite minorité de cas, des dirigeants avaient encore grand besoin d’effectuer une démarche de guérison, fermant les yeux sur les comportements de violence, créant un milieu hostile pour les équipes de projet. Il arrive aussi parfois que, dans le cadre de la guérison, les efforts rivalisent sans succès avec d’autres priorités sur le plan politique qui demandent l’attention et l’appui des dirigeants. De plus, les membres de la communauté peuvent ne pas avoir la tête à s’occuper de la guérison alors qu’ils se préoccupent essentiellement de satisfaire à leurs besoins de survivance – se procurer de la nourriture et un logement adéquat. Dans le cas où la collectivité est perturbée par une crise, particulièrement s’il s’agit d’un suicide, les efforts orientés vers la guérison des séquelles des pensionnats sont mis de côté pendant cette période tragique. Sans compter que, dans le milieu communautaire, les poursuites judiciaires visant à citer en justice les auteurs d’actes de violence dans les pensionnats et les procédures pour obtenir réparation des préjudices subis se déroulent en même temps. La FADG a dû se distancer des recherches et des actions revendicatrices visant à appuyer les poursuites en justice; il s’est aussi avéré difficile de transmettre le message aux Survivants engagés dans ces poursuites qu’ils pouvaient aussi participer aux activités de guérison. Il reste toutefois que certaines personnes se sont montrées réticentes à s’engager dans la guérison, convaincues que les ressources auraient dû être affectées aux compensations plutôt qu’à la guérison. D’autres Survivants ont eu l’impression qu’en centrant l’attention sur les conséquences désastreuses des abus commis dans les pensionnats, on avait stigmatisé tous les Survivants les tenant responsables des problèmes dans la collectivité : [traduction] On ne peut blâmer les Survivants d’être à l’origine des problèmes dans la réserve. Je n’ai pas grandi dans la réserve. 78 Dans l’ensemble des stratégies destinées à surmonter le déni et la résistance, les participants aux forums de discussion, aux rencontres régionales et aux études de cas ont affirmé que l’établissement de liens était crucial. Les membres du personnel affecté aux projets ont été principalement recrutés à l’échelon local, un personnel qui a été secondé par des professionnels autochtones provenant de la communauté élargie et, dans une minorité de cas, a été assisté par des spécialistes non autochtones du domaine. De ce fait, les membres de l’équipe ont pu offrir ou profiter de nombreuses possibilités d’échanges informels entre Survivants dans des situations et des lieux moins intimidants que ceux des milieux thérapeutiques. Les projets ont facilité des rencontres pendant les premières étapes en organisant des événements culturels comme des festivités ou des cérémonies visant à rendre hommage aux Survivants. Des séances d’information ou de sensibilisation du public sur les séquelles des pensionnats ont permis de motiver les gens et de prendre contact avec les Survivants. Les responsables de projets ont exprimé leur surprise devant le peu de connaissances et de compréhension au sujet des séquelles des pensionnats, volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong><br />

chapitre quatre<br />

Avant <strong>de</strong> commencer une démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong>, une personne semble passer par une séquence<br />

naturelle d’événements qui l’amène à une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s problèmes l’empêchant <strong>de</strong> mener<br />

une vie satisfaisante et à l’acceptation <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> changer. Cette conscientisation peut se faire<br />

progressivement, mais, elle peut également <strong>être</strong> déclenchée par une crise comme <strong>de</strong>s ennuis <strong>de</strong> santé,<br />

une rupture ou une inculpation. La progression vers l’atteinte <strong>du</strong> but final se fait dans le contexte<br />

<strong>de</strong> la famille et <strong>de</strong> la collectivité; c’est pourquoi les relations et les événements dans ce cadre peuvent<br />

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l’apprentissage est continu, le besoin <strong>de</strong> conseils et <strong>de</strong> soutien l’emportant sur toute autre exigence dans<br />

<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transformation importante. La création <strong>de</strong> liens dans le contexte <strong>du</strong> nouveau mo<strong>de</strong><br />

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« d’aidant » ou <strong>de</strong> « collaborateur » dans la communauté.<br />

4.8.1 Prise <strong>de</strong> conscience et compréhension : établir un environnement sécuritaire<br />

La nécessité <strong>de</strong> conscientiser est formulée ici sous la perspective <strong>du</strong> Survivant et <strong>de</strong> ses besoins. Plus<br />

<strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s participants aux activités <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> sont i<strong>de</strong>ntifiés comme <strong>de</strong>s personnes touchées<br />

par les répercussions intergénérationnelles <strong>de</strong>s pensionnats. <strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s, tout particulièrement celles<br />

consacrées aux enfants <strong>de</strong>s survivants <strong>de</strong> l’holocauste, ont montré que <strong>de</strong>s générations subséquentes<br />

peuvent ressentir les effets d’expériences traumatisantes vécues par une génération antérieure, même si<br />

les <strong>de</strong>scendants ont été éparngés <strong>de</strong> la connaissance personnelle <strong>de</strong>s faits à l’origine <strong>de</strong> ces traumatismes<br />

antérieurs. Cette continuité transgénérationnelle <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong> traumatismes est traitée dans<br />

Traumatisme historicque et <strong>guérison</strong> autochtone, 75 un article rédigé pour le compte <strong>de</strong> la FADG.<br />

L’information entourant les abus commis dans les pensionnats est généralement présentée dans un<br />

contexte d’incitation à « rompre le silence. » <strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong> la recherche sur le traumatisme et le<br />

<strong>rétablissement</strong> indiquent <strong>de</strong> façon constante que les victimes d’abus tentent d’éviter toute pensée,<br />

sentiment ou conversation associée au traumatisme et, plus encore, elles essaient <strong>de</strong> fuir les gens,<br />

les endroits, les activités qui peuvent leur rappeler les événements traumatisants. 76 Il n’est donc pas<br />

étonnant que, pour bien <strong>de</strong>s projets, vaincre cette résistance et ce déni paralysants a été une source <strong>de</strong><br />

préoccupation critique pendant les premières étapes.<br />

<strong>Le</strong>s collectivités minimisent l’impact <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong>s pensionnats, <strong>de</strong> même que les personnes refusent<br />

d’admettre qu’elles sont <strong>de</strong>s Survivants :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] <strong>Le</strong>s gens avaient le droit <strong>de</strong> refuser <strong>de</strong> participer. Et, ils avaient le droit d’<strong>être</strong><br />

libres <strong>de</strong> toute contrainte... La situation <strong>de</strong>venait parfois délicate <strong>du</strong> fait que nos questions<br />

réitérées pouvaient ressembler... à <strong>de</strong> la coercition. Cependant, nous étions également très<br />

conscients [<strong>de</strong> ce qu’ils ressentaient], étant nous-mêmes <strong>de</strong>s Survivants <strong>de</strong>s pensionnats; nous<br />

savions que ces secrets bien gardés exigeaient quelquefois d’<strong>être</strong> poussés doucement pour qu’ils<br />

remontent à la surface. 77<br />

La réticence à s’engager dans une démarche <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> a été en général considérée comme un mur<br />

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