Réconciliation - Fondation autochtone de guérison
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eligion organisée. Bien que je me souvienne de la haine bien enracinée de mon père pour les églises, 36 mes parents ne se rappellent pas comment ils en sont venus à participer au centre. Selon ma mère, la plupart des personnes du conseil étaient des Autochtones, inscrits ou non. Le Friendship Centre organisait des fêtes, comme des danses (et on demandait à des membres du conseil comme mon père d’être des chaperons), ainsi que des programmes culturels et du patrimoine pour les jeunes. Le cours de perlage était l’un des nombreux programmes culturels au centre. Il était important pour ma mère de se tourner vers la Première Nation Snuneymuxw en raison de ce qu’elle pouvait enseigner à sa fille au sein d’une ville ouvrière blanche divisée sur le plan racial dans les années 1960. Il s’agissait d’un petit geste, mais dont je me rappelle très bien. Les autres filles du cours étaient beaucoup plus avancées que moi, mais les femmes qui dirigeaient le cours m’ont patiemment enseigné comment perler des guirlandes et autres créations merveilleuses. Je pense à cette nation, ainsi qu’à sa générosité et son ouverture envers ma mère et sa petite fille. 37 Je pense aux Premières Nations et autres gestes de générosité et d’attention profonde, même envers nous, qui occupions leurs terres. Il y a des histoires concernant l’époque où le gouvernement canadien a commencé à rassembler les Canadiens d’origine japonaise en 1942 et à les envoyer dans des camps. Il y avait des nations qui entretenaient des liens étroits avec les Canadiens d’origine japonaise qui vivaient dans leur région; ces nations leur ont offert un toit — pas seulement un toit temporaire, mais elles les ont invités à devenir l’un des leurs, ce qui signifiait que la GRC ne pouvait pas les emmener. Je me demande comment les Premières Nations percevaient ma mère et sa génération, internés dans leurs territoires. Ma mère a été internée sur le territoire de la nation St’át’imc. Je me demande comment la nation St’át’imc percevait ma mère et les autres enfants Canadiens d’origine japonaise — tous ces petits enfants — incarcérés sur leur terre par le gouvernement fédéral? Ensuite, après que toutes les restrictions sur le déplacement des Canadiens d’origine japonaise aient été levées en 1949, 38 comme de nombreux autres jeunes Nisei agités, ma mère était impatiente de quitter les limites de l’établissement isolé où sa famille se trouvait. 39 Ses enseignants, surtout M. Berry, le directeur et l’enseignant de l’anglais en onzième et douzième année à Lillooet, l’ont encouragé à travailler fort et à se mériter la bourse de début d’études pour l’Université de la Colombie-Britannique. Imaginez cet enseignant prendre fait et cause pour une élève canadienne d’origine japonaise dans cette petite ville rurale. Son père ne croyait pas qu’il était approprié pour une fille de fréquenter l’université. Si elle souhaitait poursuivre ses études, ce serait à l’école de secrétariat, comme sa sœur aînée qui s’était déjà rendue à Vancouver seule. Il a fallu qu’une Issei intervienne et conseille mon Ojiisan sur l’importance des études pour qu’il autorise finalement ma mère à quitter Vancouver pour fréquenter l’Université de la Colombie-Britannique. 444 | Kirsten Emiko McAllister
Ainsi, elle s’est rendue sur le territoire des Salish de la côte. Ma mère affirme qu’elle ne se rappelle pas avoir rencontré beaucoup d’Autochtones à Vancouver. Il y avait Gloria Cranmer qui étudiait également à l’Université de la Colombie-Britannique. Elle était la fille d’un puissant chef de la baie Alert. Ma mère décrit Gloria Cranmer comme ayant une présence rappelant une vedette de cinéma. Après avoir obtenu son diplôme en anthropologie, elle est retournée à la baie Alert pour établir la maintenant célèbre U’mista Cultural Society. Ma mère s’est récemment rappelé un autre étudiant des Premières Nations dans le programme de droit. Lorsqu’elle travaillait comme étudiante au laboratoire de santé provincial, qui était de l’autre côté du palais de justice, elle se rappelle qu’il est venu se présenter. Ma mère a noté qu’il est devenu le premier juge autochtone en Colombie-Britannique. Je crois qu’il s’agit de l’honorable Alfred J. Scow, qui est né le 10 avril 1927 à la baie Alert, le premier enfant du chef William et d’Alice Scow de la nation Kwicksutaineuk. 40 Bien qu’à l’époque, ma mère n’avait pas nécessairement de conscience politique, ces étudiants ont jugé important de se présenter, illustrant ainsi leur prise de conscience politique et peut-être même leur reconnaissance de la dépossession et du déplacement auxquels ont été soumis ma mère et d’autres étudiants Nisei. Dans les années 1950, comment les Salish de la côte percevaient-ils ma mère et les autres jeunes de 18 et 19 ans qui voyageaient seuls pour retourner à Vancouver, où ils étaient nombreux à vivre lorsqu’ils étaient enfants avant que l’État ne leur retire leurs droits à la citoyenneté et ne vende les possessions, maisons, bateaux et entreprises de leurs familles à des étrangers? Les jeunes Nisei comme ma mère revenaient à une ville dont les résidents avaient tout vu, dont certains étaient en possession de ce qu’ils avaient été obligés de laisser derrière eux avec le Bureau du séquestre des biens ennemis. 41 Certains Nisei m’ont dit qu’alors qu’ils étaient enfants dans les camps d’internement, ils étaient étrangement à l’abri des réalités du temps de guerre que devaient affronter les adultes pour survivre. Ce n’est que lorsqu’ils ont quitté les camps isolés en tant que jeunes adultes, enthousiastes à l’idée d’acquérir de la formation et de trouver un emploi, qu’ils ont dû faire face directement à l’hostilité maintenant empreinte de la culpabilité des populations d’après-guerre. Ma mère ne perçoit pas cette situation comme faisant partie de son expérience, bien qu’elle parle de la façon à laquelle les étudiants juifs ont veillé sur elle et l’ont acceptée dans leurs cercles d’amis, y compris sa grande amie Bianca, une beatnik des États- Unis. Je me demande si de nombreux Nisei seraient en mesure de retourner le regard de reconnaissance autochtone — de reconnaître ce que le peuple autochtone a vu en eux, comme si c’était quelque chose que les Canadiens d’origine japonaise eux-mêmes n’ont pas été en mesure de confronter pleinement : la réduction de leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs enseignants, leurs aînés et eux- Cultiver le Canada | 445
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Le cours <strong>de</strong> perlage était l’un <strong>de</strong>s nombreux programmes culturels au centre. Il<br />
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Je pense à cette nation, ainsi qu’à sa générosité et son ouverture envers ma mère<br />
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M. Berry, le directeur et l’enseignant <strong>de</strong> l’anglais en onzième et douzième année à<br />
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