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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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donné un coup <strong>de</strong> poing sur le nez d’un garçon qui a lancé <strong>de</strong>s injures racistes<br />

à une <strong>de</strong> mes amies. Lorsque j’ai été retenue après l’école, ma mère a <strong>de</strong>mandé<br />

avec indignation pourquoi les professeurs n’avaient pas réprimandé le garçon ou<br />

rencontré ses parents.<br />

À l’époque, c’était la seule manière que je connaissais pour réagir — physiquement.<br />

L’indignation s’était emparée <strong>de</strong> moi. Comment ce garçon osait-il traiter mon<br />

amie <strong>de</strong> la sorte? Avec le temps, j’ai appris que le pouvoir <strong>de</strong>s mots pouvait très<br />

bien vous laisser sans défense et vous dépouiller <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> la parole. Il était<br />

impossible <strong>de</strong> raisonner, surtout pas argumenter, avec vos persécuteurs. Faire<br />

appel à leur compassion était reçu avec mépris et ricanement. Les mots tombaient<br />

<strong>de</strong> votre bouche comme si vous étiez muet, et dans leurs mains, ils pouvaient les<br />

transformer. Ce que vous disiez, peu importe à quel point vos mots étaient logiques<br />

et fondés sur <strong>de</strong>s faits, ne signifiait rien. Votre parole perdait son pouvoir. Vos<br />

persécuteurs ne vous percevaient pas comme une autre personne d’importance 13<br />

dont ils souhaitaient considérer les sentiments et les pensées. 14<br />

En cinquième année, j’ai changé d’école. À ma nouvelle école, j’ai pris conscience<br />

<strong>de</strong> la dynamique du racisme dans ses formes les plus subtiles et flagrantes. La<br />

nouvelle école se trouvait dans un quartier qui ressemblait à une séance photo<br />

tirée d’un <strong>de</strong>s magazines <strong>de</strong>s années 1960 <strong>de</strong> ma mère, Sunset Magazine for Western<br />

Living, mais les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> ces maisons <strong>de</strong> rêve mo<strong>de</strong>rnes, on ne doit pas oublier,<br />

ne provenaient pas d’un rêve mo<strong>de</strong>rne. Bon nombre <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts qui habitaient<br />

à cet endroit trouvaient tout naturel que la Première Nation Snuneymuxw soit<br />

limitée à six minuscules réserves dans la partie sud <strong>de</strong> la ville, à l’écart <strong>de</strong> la<br />

richesse <strong>de</strong> leurs vastes territoires. De leurs vies, il s’était passé moins <strong>de</strong> cent ans<br />

<strong>de</strong>puis que « les Britanniques ont établi la colonie <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> Vancouver, donnant<br />

la responsabilité <strong>de</strong> ces terres et établissements à la Compagnie <strong>de</strong> la Baie<br />

d’Hudson ». 15 Comme l’explique Paul Tennant, avant 1849, « rien ne s’est produit<br />

que l’on peut raisonnablement considérer comme ayant eu <strong>de</strong>s répercussions<br />

sur le titre ancestral en Colombie-Britannique… partout, les quelques blancs<br />

étaient beaucoup moins nombreux et les entreprises ne cherchaient pas à s’ingérer<br />

directement dans la vie ou les politiques <strong>de</strong>s Indiens. Par conséquent, le contrôle<br />

sur les sociétés <strong>de</strong>s Indiens et leurs terres “est resté dans les mains <strong>de</strong>s Indiens” » 16<br />

jusqu’à ce que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> blancs aient commencé à envahir leurs territoires<br />

à la recherche d’or. Un tel changement radical dans l’univers sociopolitique <strong>de</strong><br />

cette région en moins <strong>de</strong> cent ans a été oublié, ou plus précisément, n’a jamais<br />

été reconnu par l’afflux <strong>de</strong> colons qui considéraient simplement la terre et les<br />

ressources à exploiter, suivi <strong>de</strong> nouveaux rési<strong>de</strong>nts qui profitaient <strong>de</strong>s occasions<br />

fournies par l’économie d’après-guerre <strong>de</strong> la province.<br />

Si les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> ces nouvelles maisons <strong>de</strong> banlieue en casca<strong>de</strong> sur les pentes<br />

anciennement remplies d’arbres étaient <strong>de</strong>s adultes dans les années 1960, ils sont<br />

donc également passés à travers la dépression <strong>de</strong>s années 1930, puis la Secon<strong>de</strong><br />

436 | Kirsten Emiko McAllister

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