28.08.2013 Views

Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

sur l’île <strong>de</strong> Vancouver. Nous avons vécu dans le district nord <strong>de</strong> Nanaimo où <strong>de</strong>s<br />

sections <strong>de</strong> vieilles forêts ont été coupées pour construire <strong>de</strong>s habitations après la<br />

guerre, bien que dans les années 1960 et 1970, les falaises au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la mer et les<br />

pentes qui mènent aux crêtes étaient encore fournies <strong>de</strong> gros douglas <strong>de</strong> Menzies,<br />

<strong>de</strong> vignes <strong>de</strong> chèvrefeuille dioïque et <strong>de</strong> mousses vert émerau<strong>de</strong>. Mon père insistait<br />

pour utiliser <strong>de</strong> la flore locale dans notre jardin, donc il a planté du salal autour<br />

<strong>de</strong> la maison qui a poussé allègrement en fourrés enchevêtrés avec <strong>de</strong>s rosiers<br />

sauvages qui, avec le temps, ont commencé à engloutir la maison et le terrain. De<br />

temps en temps, ma mère tentait <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la place pour une plante ornementale,<br />

mais, d’habitu<strong>de</strong>, le salal finissait par gagner. Les plus vieux rési<strong>de</strong>nts étaient trois<br />

anciens cèdres qui se dressaient <strong>de</strong> manière imposante par-<strong>de</strong>ssus notre maison<br />

comme <strong>de</strong> gentils géants. Mon père a construit la terrasse avant autour <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong><br />

ces cèdres. Après quelques années, alors que le cèdre gagnait en circonférence, il<br />

enlevait quelques centimètres à la scie pour donner <strong>de</strong> l’espace au cèdre.<br />

Lorsque j’ai commencé l’école, j’ai connu l’autre mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nanaimo. À l’école<br />

primaire, il y avait très peu d’enfants <strong>de</strong> familles autres que blanches, bien que<br />

je me rappelle qu’il y avait <strong>de</strong> nombreuses autres familles comme la nôtre, avec<br />

<strong>de</strong>s parents qui ont traversé la « ligne raciale ». Ils avaient à peu près l’âge <strong>de</strong> mes<br />

parents. La plupart se trouvaient à Nanaimo <strong>de</strong>puis peu pour travailler comme<br />

spécialistes <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la mer, mé<strong>de</strong>cins, biologistes, avocats, professeurs,<br />

infirmières, enseignants au niveau collégial, chirurgiens et techniciens, ce<br />

qui faisait <strong>de</strong> Nanaimo un genre d’avant-post postcolonial pour les jeunes<br />

professionnels avec <strong>de</strong>s intérêts cosmopolites pour le jazz et l’art mo<strong>de</strong>rne éduqués<br />

dans les années 1950, soit la décennie qui suit la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale. Il y avait<br />

également mon amie A.H. Ses grands frères étaient <strong>de</strong>s pêcheurs commerciaux<br />

prospères. Elle était très fière <strong>de</strong> son héritage <strong>autochtone</strong>. Sa mère, je crois,<br />

provenait d’une nation <strong>de</strong> l’extrémité nord <strong>de</strong> l’île, puisque je me souviens qu’elle<br />

m’a montré les couvertures prestigieuses dont avait hérité sa mère. Je me souviens<br />

également qu’elle m’a dit que le gouvernement ne reconnaissait pas le statut <strong>de</strong> sa<br />

mère parce qu’elle s’était mariée avec son père, un homme blanc, et par conséquent<br />

elle a perdu ses droits du sang.<br />

Enfant, j’étais trop jeune pour comprendre la façon à laquelle les corps étaient<br />

cartographiés dans le terrain racisé <strong>de</strong> la province. Je n’avais pas le langage pour<br />

articuler la maladie et le malaise, les impressions déconcertantes et le ressentiment<br />

montant qui pouvaient éclater <strong>de</strong> façon imprévisible en hostilité et en violence.<br />

À ma première école, tout ce que je savais, c’était que les mots tels que « jap, nip,<br />

Chinetoque, paki, injun » étaient <strong>de</strong>s mots affreux dont les syllabes comme <strong>de</strong>s<br />

vermines avaient <strong>de</strong>s pouvoirs étrangement monstrueux. C’était comme si la<br />

personne qui prononçait ces mots se transformait, comme dans un cauchemar, son<br />

visage et sa langue s’emplissant d’énergie hostile avec le pouvoir <strong>de</strong> vous réduire<br />

en quelque chose d’ignoble et d’inhumain. 12 Ma mère me dit avec fierté que j’ai<br />

Cultiver le Canada | 435

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!