Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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28.08.2013 Views

Kirsten Emiko McAllister vient d’une famille qui rassemble deux univers sociaux et politiques différents. La famille de sa mère est canadienne d’origine japonaise et son père est Allemand d’origine écossaise. Elle a commencé à explorer les expériences de guerre des Canadiens d’origine japonaise juste après que la National Association of Japanese Canadians (Association nationale des Canadiens d’origine japonaise) ait négocié une entente de réparation avec le gouvernement canadien en 1988. En 1989, elle a mené le projet d’histoire orale pour la Japanese Canadian Citizens’ Association (JCCA) (Association des citoyens canadiens d’origine japonaise) de Vancouver, en travaillant en étroite collaboration avec des aînés qui ont fait revivre des mondes d’autrefois. Le « retour » au sein de la communauté de sa mère concernait tout autant son besoin d’explorer sa place au sein du terrain de mémoire de la province qu’il s’agissait d’une manière pour la communauté de la « reprendre » comme membre de la génération d’après-guerre. À l’heure actuelle, Kirsten est professeure adjointe à l’Université Simon Fraser dans l’école de communication. Bien que de nombreuses influences importantes aient formé sa personnalité dès son jeune âge, y compris le temps passé aux Philippines dans le programme de Jeunesse Canada Monde à en apprendre sur le sous-développement et le colonialisme, les expériences en temps de guerre des Canadiens d’origine japonaise ont eu un effet fort et durable. Après avoir obtenu son baccalauréat en géographie et sa maîtrise en communication à l’Université Simon Fraser, elle s’est rendue à Ottawa pour son doctorat à l’Université Carleton. À Carleton, ses recherches ont porté sur un monument commémoratif que des ainés canadiens d’origine japonaise ont érigé pour marquer la vallée où ils ont été incarcérés pendant la Seconde Guerre mondiale avec leur histoire d’injustice et leurs espoirs pour une société juste pour l’avenir. Elle s’est ensuite éloignée encore plus de la côte du Pacifique, a traversé l’Atlantique pour se rendre en Angleterre, à l’Université Lancaster où elle a fait des recherches sur les photographies prises de façon illicite par des Canadiens d’origine japonaise internés pendant la guerre et a examiné la façon à laquelle ils ont tenté d’insuffler de la signification et une vision d’avenir dans les espaces austères de l’incarcération. Kirsten est retournée à la côte du Pacifique en 2003 où elle vit et travaille.

Portraits mémoriels de la Colombie-Britannique d’aprèsguerre : Un regard de reconnaissance Toujours dans le présent 1 Novembre. Nous sommes maintenant en novembre. La côte se trouvera bientôt dans l’étreinte froide et humide de l’hiver avec ses tempêtes dramatiques et jours de glace qui se prêtent à la contemplation silencieuse. Bien qu’il fasse encore jour, la ville est submergée d’obscurité. Je suis à mon bureau et j’écris sans but, sans savoir où les mots me mènent. Je décide d’aller courir lentement et longtemps le long de la Baie English. La mer est noire comme l’encre avec les lumières des vraquiers qui atteignent le littoral de Vancouver comme de longues larmes brillantes. Sur le pont de la rue Burrard, un petit arc vers le ciel, jusqu’à Snauq, réserve Kitsilano no 6°, et tournant à droite sur une rue mal éclairée, je me demande où j’aboutirai. Alors que j’approche de la côte, je suis étonné de voir un totem s’élever au-dessus de moi. Lorsque je retourne à la maison et après de nombreuses recherches, j’apprends que le totem a été sculpté par Mungo Martin, un sculpteur renommé et une autorité très estimée de sa culture. Né vers 1880, un membre de la nation Kwakwaka’wakw à Fort Rupert, il possédait le nom héréditaire de haut rang Naka’pankam (chef potlatch « dix fois »). 2 Le totem de Snauq est l’un de deux totems identiques que Mungo Martin avait comme commande de sculpter pour le centenaire de la colonie de la Colombie- Britannique en 1958. L’autre totem a été envoyé en Angleterre comme cadeau à Sa Majesté la reine Elizabeth II. 3 Il est difficile de ne pas considérer les célébrations du centenaire de 1958 comme horriblement macabres, car il convient mieux de pleurer que de célébrer les cent ans d’occupation. Cependant, Mungo Martin a livré un fort message en fabriquant le cadeau officiel pour marquer le centenaire, un totem. Lorsqu’il a salué la reine, il a parlé en Kwak’wala, la langue de son peuple et a expliqué : « J’ai sculpté ce totem pour illustrer les histoires familiales de ma tribu, les… Kwakwaka’wakw. C’est la façon à laquelle nous affichons notre histoire. Ce totem représente les emblèmes de dix tribus. » 4 Par le geste d’envoyer la lignée de son peuple, une lignée enracinée dans la terre depuis des milliers d’années, Mungo Martin peut être perçu comme affirmant la présence continue des Autochtones sur leurs territoires et leur droit à s’autogouverner. Cette affirmation avait pour but de rappeler à la reine les conditions de la Proclamation royale de 1763 qui cite la responsabilité de la Couronne à assurer que les droits souverains des Autochtones sont respectés. Ainsi, Mungo Martin a transformé la célébration du centenaire de la colonie de la Couronne de la province en cérémonie politique entre deux souverains : un chef Kwakwaka’wakw et la reine d’Angleterre. En ce jour de novembre froid et sombre, je suis resté debout devant le totem de ce chef, ignorant le décorum à observer en sa présence puissante. Ensuite, c’était comme si le totem faisait monter mon regard… penchant ma tête vers l’arrière alors que je regardais l’homme-cèdre, l’homme-flétan, puis le Sisuitl et la Cultiver le Canada | 429

Kirsten Emiko McAllister vient d’une famille qui rassemble <strong>de</strong>ux univers sociaux et politiques<br />

différents. La famille <strong>de</strong> sa mère est canadienne d’origine japonaise et son père est Allemand<br />

d’origine écossaise. Elle a commencé à explorer les expériences <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>s Canadiens<br />

d’origine japonaise juste après que la National Association of Japanese Canadians (Association<br />

nationale <strong>de</strong>s Canadiens d’origine japonaise) ait négocié une entente <strong>de</strong> réparation avec<br />

le gouvernement canadien en 1988. En 1989, elle a mené le projet d’histoire orale pour la<br />

Japanese Canadian Citizens’ Association (JCCA) (Association <strong>de</strong>s citoyens canadiens d’origine<br />

japonaise) <strong>de</strong> Vancouver, en travaillant en étroite collaboration avec <strong>de</strong>s aînés qui ont fait<br />

revivre <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s d’autrefois. Le « retour » au sein <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> sa mère concernait<br />

tout autant son besoin d’explorer sa place au sein du terrain <strong>de</strong> mémoire <strong>de</strong> la province<br />

qu’il s’agissait d’une manière pour la communauté <strong>de</strong> la « reprendre » comme membre <strong>de</strong> la<br />

génération d’après-guerre. À l’heure actuelle, Kirsten est professeure adjointe à l’Université<br />

Simon Fraser dans l’école <strong>de</strong> communication. Bien que <strong>de</strong> nombreuses influences importantes<br />

aient formé sa personnalité dès son jeune âge, y compris le temps passé aux Philippines dans<br />

le programme <strong>de</strong> Jeunesse Canada Mon<strong>de</strong> à en apprendre sur le sous-développement et le<br />

colonialisme, les expériences en temps <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>s Canadiens d’origine japonaise ont eu<br />

un effet fort et durable. Après avoir obtenu son baccalauréat en géographie et sa maîtrise en<br />

communication à l’Université Simon Fraser, elle s’est rendue à Ottawa pour son doctorat à<br />

l’Université Carleton. À Carleton, ses recherches ont porté sur un monument commémoratif<br />

que <strong>de</strong>s ainés canadiens d’origine japonaise ont érigé pour marquer la vallée où ils ont été<br />

incarcérés pendant la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale avec leur histoire d’injustice et leurs espoirs<br />

pour une société juste pour l’avenir. Elle s’est ensuite éloignée encore plus <strong>de</strong> la côte du<br />

Pacifique, a traversé l’Atlantique pour se rendre en Angleterre, à l’Université Lancaster où elle<br />

a fait <strong>de</strong>s recherches sur les photographies prises <strong>de</strong> façon illicite par <strong>de</strong>s Canadiens d’origine<br />

japonaise internés pendant la guerre et a examiné la façon à laquelle ils ont tenté d’insuffler<br />

<strong>de</strong> la signification et une vision d’avenir dans les espaces austères <strong>de</strong> l’incarcération. Kirsten<br />

est retournée à la côte du Pacifique en 2003 où elle vit et travaille.

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