Réconciliation - Fondation autochtone de guérison
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pour la région relativement recluse de Preston et de ses environs, nous étions (sommes) visibles et d’origine multiple, spécialement dans la vallée d’Annapolis, sur la rive sud, dans le nord-est et même dans la capitale. Notre « négritude » est permanente : Métis 1 —brun, bronzé, teint de cuivre, doré, jaune, indigo, ivoire, bleu, même blanc. Peu importe la façon dont nous nous alignons, culturellement et politiquement dans l’immensité de la diaspora africaine et même avec nos cousins lointains d’Amérique, nous étions et sommes toujours une collectivité à part. Les intellectuels reconnaissent même l’existence d’un anglais spécifiques aux Africains néo-écossais, une variante de l’anglais parlé par les Afro- Américains qui est aussi distincte que de ce qui est parlé au Libéria et en Sierra Leone. Parce que j’ai échoué en tant qu’écrivain et intellectuel en mettant de l’avant les termes « Noir néo-écossais » ou « Africain néo-écossais » ou même « Noir autochtone » pour répondre au caractère spécifique de la branche de l’Amérique africaine, abandonnée sur les côtes britanniques de l’Amérique du Nord, j’ai inventé le terme africadien pour nous décrire, nous, notre essence et nos âmes et j’ai nommé nos collectivités (notre assise territoriale) Africadia. 2 Mon néologisme de 1991 n’est pas—encore—entré dans l’usage peut-être parce que certains pensent que je place les Noirs néo-écossais comme des « Noirs acadiens ». Ce n’est pourtant pas l’intention de mes néologismes. Fréquemment, j’ai fait remarquer que « cadie »—comme dans Acadie/Acadia—vient d’un suffixe micmac qui signifie abondant. Alors, par conséquent, Africadie signifie littéralement (un endroit) qui abonde en Africains. Loin de vouloir injustement qualifier tous les Africains de Nouvelle-Écosse comme étant tous des Afro-acadiens (même si, bien sûr, quelques Africadiens sont « Afro-Acadiens »), j’affichais et j’affiche, selon mon néologisme, notre attachement au territoire micmac. Dans sa monographie, l’Africaine néo-écossaise micmaque Paula C. Madden déclare que même si mon association avec l’identité « africadienne » est une « notion innocente » elle est quand même « une revendication des terres et du territoire micmac.» 3 Pour Madden, malgré le caractère ignorant et presque insolent des revendications africadiennes au sujet du refus d’Africville, un secteur centenaire « de couleur » de la ville d’Halifax d’être gouverné par les élus municipaux entre 1964 et 1970. Les protestations contre sa destruction et les appels pour recevoir réparation ont été, selon Madden, les premières revendications des Micmacs pour ces terres. En effet, les résidents de l’ancienne Africville pleurent la perte de terrains qui ne leur ont jamais vraiment appartenu. Madden soutient de plus que les tentatives pour unir les batailles des Africadiens et des Micmacs ont fait de l’ombre aux Micmacs. En plus, soupçonne-t-elle, la collaboration entre les Africains et les Autochtones démontre de la maladresse, comme dans la mise en oeuvre du Programme d’études du Droit des Noirs autochtones et des Micmacs de l’Université de Dalhousie à Halifax. Madden 406 | George Elliott Clarke
avance de plus que le terme « noir autochtone » mine la solidarité pan-africaine, en creusant un peu plus la tranchée qui sépare les nouveaux arrivants noirs qui n’ont pas de racines autochtones. Les allégations de Madden sont importantes et je me sens appelé à répondre même si ce que j’apporterai ne pourra la soulager, elle ou le noyau dur des nationalistes noirs ou des irrédentistes des Premières Nations. La plupart des Africadiens—sinon tous—sont Métis; ce qui veut dire mélangé avec les peuples des Premières Nations, principalement—mais pas exclusivement—les Micmacs. Je dois ici remercier Dorothy Mills—pour le long mémoire de Proctor, Born Again Indian : A Story of Self-Discovery of a Red-Black Woman and Her People, 4 pour m’avoir aidé à voir l’ampleur des efforts de la part des conjoints d’unions des rouges et des noirs mis pour cacher leur héritage biracial et biculturel à leurs enfants. Selon Mills, le mémoire de Proctor, qui vient d’une famille africaine autochtone, prétendrait que le caractère léger viendrait d’un ancêtre européen ou caucasien. 5 La raison de cette décision venait de l’espoir que la négrophobie et des préjugés anti-autochtones pourraient être réduits si un enfant est considéré mulâtre plutôt que sang-mêlé. 6 Quelle était l’amplitude de ce camouflage? Il est impossible de le savoir. Mais il y a plusieurs Africadiens avec des ancêtres autochtones et/ou micmac qui ne connaissent rien de leurs racines et qui sont un mystère tant pour eux que pour les gens purement autochtones. 7 Bien sûr, plusieurs noms de personnes ou de collectivités africaines néo-écossaises sont en même temps essentiellement métis et Micmac, par exemple : Three Miles Plains, Mount Denson, Truro, Lequille, etc. ou recherchez les noms comme Croxen, Francis, Johnson, Robinson, States, etc. Aucune information ne met en doute la primordialité autochtone en Nouvelle-Écosse. Cependant, la vérité du métissage entre les Noirs et les Micmacs vient compliquer la division trop simple et trop facile de Madden entre les deux collectivités et aussi de ses notions trop simplistes au sujet du surréalisme politique des revendications du territoire africadien (c.-à-d. premièrement autour d’Africville mais possiblement aussi pour d’autres collectivités historiques, rurales noires) et le réalisme du panafricanisme africadien. Le fait désagréable est (pour certains) que les peuples d’origine africaine et des Premières Nations sont prodigieusement entrelacés en Nouvelle-Écosse même si les deux groupes ignorent cette réalité (et cette histoire) et qui ont beaucoup en commun, en commençant par l’ADN jusqu’à la culture. Dans ma propre famille— matrilinéaire autochtone et africaine—je vois des tantes, des oncles, des cousins entre autres, qui peuvent passer pas pour des blancs mais pour des Autochtones. Quand je vois des représentants des Premières Nations ou que je rencontre notre peuple en voyage, je vois des personnes qui ressemblent à plusieurs Africadiens. Oui, je me considère moi-même et aussi par les autres—comme étant noir. Et je suis fier d’avoir autour de mes oreilles ce que les plus vieux appellent des Cultiver le Canada | 407
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pour la région relativement recluse <strong>de</strong> Preston et <strong>de</strong> ses environs, nous étions<br />
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permanente : Métis 1 —brun, bronzé, teint <strong>de</strong> cuivre, doré, jaune, indigo, ivoire,<br />
bleu, même blanc. Peu importe la façon dont nous nous alignons, culturellement<br />
et politiquement dans l’immensité <strong>de</strong> la diaspora africaine et même avec nos<br />
cousins lointains d’Amérique, nous étions et sommes toujours une collectivité à<br />
part. Les intellectuels reconnaissent même l’existence d’un anglais spécifiques<br />
aux Africains néo-écossais, une variante <strong>de</strong> l’anglais parlé par les Afro-<br />
Américains qui est aussi distincte que <strong>de</strong> ce qui est parlé au Libéria et en Sierra<br />
Leone.<br />
Parce que j’ai échoué en tant qu’écrivain et intellectuel en mettant <strong>de</strong> l’avant<br />
les termes « Noir néo-écossais » ou « Africain néo-écossais » ou même « Noir<br />
<strong>autochtone</strong> » pour répondre au caractère spécifique <strong>de</strong> la branche <strong>de</strong> l’Amérique<br />
africaine, abandonnée sur les côtes britanniques <strong>de</strong> l’Amérique du Nord, j’ai<br />
inventé le terme africadien pour nous décrire, nous, notre essence et nos âmes et<br />
j’ai nommé nos collectivités (notre assise territoriale) Africadia. 2 Mon néologisme<br />
<strong>de</strong> 1991 n’est pas—encore—entré dans l’usage peut-être parce que certains<br />
pensent que je place les Noirs néo-écossais comme <strong>de</strong>s « Noirs acadiens ». Ce n’est<br />
pourtant pas l’intention <strong>de</strong> mes néologismes. Fréquemment, j’ai fait remarquer<br />
que « cadie »—comme dans Acadie/Acadia—vient d’un suffixe micmac qui<br />
signifie abondant. Alors, par conséquent, Africadie signifie littéralement (un<br />
endroit) qui abon<strong>de</strong> en Africains. Loin <strong>de</strong> vouloir injustement qualifier tous les<br />
Africains <strong>de</strong> Nouvelle-Écosse comme étant tous <strong>de</strong>s Afro-acadiens (même si, bien<br />
sûr, quelques Africadiens sont « Afro-Acadiens »), j’affichais et j’affiche, selon mon<br />
néologisme, notre attachement au territoire micmac.<br />
Dans sa monographie, l’Africaine néo-écossaise micmaque Paula C. Mad<strong>de</strong>n<br />
déclare que même si mon association avec l’i<strong>de</strong>ntité « africadienne » est une<br />
« notion innocente » elle est quand même « une revendication <strong>de</strong>s terres et du<br />
territoire micmac.» 3 Pour Mad<strong>de</strong>n, malgré le caractère ignorant et presque<br />
insolent <strong>de</strong>s revendications africadiennes au sujet du refus d’Africville, un<br />
secteur centenaire « <strong>de</strong> couleur » <strong>de</strong> la ville d’Halifax d’être gouverné par les<br />
élus municipaux entre 1964 et 1970. Les protestations contre sa <strong>de</strong>struction<br />
et les appels pour recevoir réparation ont été, selon Mad<strong>de</strong>n, les premières<br />
revendications <strong>de</strong>s Micmacs pour ces terres. En effet, les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> l’ancienne<br />
Africville pleurent la perte <strong>de</strong> terrains qui ne leur ont jamais vraiment appartenu.<br />
Mad<strong>de</strong>n soutient <strong>de</strong> plus que les tentatives pour unir les batailles <strong>de</strong>s Africadiens<br />
et <strong>de</strong>s Micmacs ont fait <strong>de</strong> l’ombre aux Micmacs. En plus, soupçonne-t-elle, la<br />
collaboration entre les Africains et les Autochtones démontre <strong>de</strong> la maladresse,<br />
comme dans la mise en oeuvre du Programme d’étu<strong>de</strong>s du Droit <strong>de</strong>s Noirs<br />
<strong>autochtone</strong>s et <strong>de</strong>s Micmacs <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Dalhousie à Halifax. Mad<strong>de</strong>n<br />
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