Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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28.08.2013 Views

pensent ainsi que le grand nombre de fausses-couche, de nouvelles maladies, d’anomalies congénitales et de poissons cancérigènes, est lié aux déversements de produits chimiques… Walpole Island, tout comme Queen’s Park, peut adopter ses propres lois. Son territoire n’a jamais été cédé à la Couronne. Cependant, les lois ne peuvent pas empêcher aux déversements d’atteindre les Premières Nations, ou les villes de Sarnia et de Wallaceburg, en descendant la rivière. Le gouvernement de l’Ontario et la Première Nation de Walpole Island se sont accordés sur le fait que leur territoire non cédé abrite cinquante espèces en voie de disparition ou en péril. Ou plutôt cinquante-une si on compte les êtres humains. Il n’existe aucun consensus pour condamner le danger permanent que représente « Chemical Valley » pour les vies humaines. Les raffineries sont les principaux employeurs dans ces villes et un certain nombre de membres des Premières Nations y travaillent également. Par conséquent, tout le monde ne réclame pas de nouvelles lois, des enquêtes immédiates et la correction des failles du système. Ils n’habitent pas tous dans une zone de danger de mort immédiat comme nous venons de le vivre à Toronto. Ils vivent simplement avec le spectre d’un risque environnemental et sanitaire lent, silencieux et potentiellement mortel. 2 Dans Not a Drop, les habitants de Walpole Island expliquent sans détour, aux jeunes journalistes et au public, quelle place la terre occupe dans leur vision du monde. Ils nous font également découvrir la partie du monde dont ils se sentent spirituellement responsables. 2009–11 Le maire d’Halifax présente ses excuses aux habitants d’Africville à une période où j’ai la chance de travailler et d’habiter dans la région de l’Atlantique. Ces excuses comprennent l’engagement de construire une nouvelle église à l’endroit où se trouvait l’ancienne église. Les indemnisations financières sont versées à la communauté noire, et non à des particuliers. Il est vrai que le mal a été fait il y a 50 ans. Une collectivité noire qui vivait depuis des générations sur les berges du bassin de Bedford a vu son église détruite en pleine nuit par un bulldozer et ses habitants transportés, avec leurs biens, dans des camions à ordure jusqu’à des logements sociaux au milieu de la ville. La ville d’Halifax devait construire un pont sur les ruines d’Africville. Treize ans plus tôt, j’avais produit une émission pour CBC Access à propos d’Africville et je pensais donc que le problème avait été résolu. Il fallait bien plus que ma simple émission pour que les terrains soient restitués. Au printemps 2010, lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Mount Saint Vincent, Roberta Jamieson, éminente présidente de la Fondation 400 | Rita Shelton Deverell

nationale des réalisations autochtones, était invitée en tant qu’oratrice. Son doctorat honoris causa lui a été remis lors de la cérémonie de remise des diplômes en Pédagogie. En faisant cela, l’administration et Roberta Jamieson espéraient faire passer un message extrêmement important aux enseignants et directeurs d’école de la Nouvelle-Écosse. Par l’intermédiaire de leur enseignement, ils ont la possibilité de perpétuer des mensonges ou de raconter la vérité à propos du passé, du présent et de l’avenir des Autochtones. Ils sont garants de l’image positive que les jeunes autochtones ont d’eux-mêmes et de l’estime que tous les groupes ethniques se portent mutuellement. Dans son discours, Roberta Jamiesa affirmait aux diplômés qu’ils étaient face à un choix. Ils avaient le pouvoir de construire un monde et des classes propices à l’intégration ou, au contraire l’exclusion, selon leur choix. C’est au personnel scolaire qu’il incombe de transmettre (ou pas) la vérité à propos des bulldozers, des camions d’ordure, des avions et des autres véhicules qui ont servi à l’expropriation au cours de l’histoire. Nous avons accueilli favorablement son message. Roberta Jamieson offrait généreusement une deuxième chance aux étudiants afin qu’ils décident quelle voie suivre. Cependant, il n’est pas bon être maître d’esclave. Au Canada, nous avons l’habitude de tirer sur le messager qui apporte la nouvelle, nous perdons notre âme en pratiquant l’exclusion. Depuis toujours, nous accusons les messagers d’exagérer, de mentir, d’être imprécis ou de mal interpréter les intentions des maîtres. En 1922, Dr Peter Bryce a publié son livre The Story of a National Crime à propos des pensionnats. Peter Bryce, qui a été licencié par les gouvernements canadiens qui l’avaient embauché, signalait des taux de mortalité avoisinant les 50 % dans les pensionnats de l’Ouest, et traitait du déni de ces preuves par le gouvernement canadien et les églises. 3 À l’époque, nous avons tiré sur le messager. Mais l’époque où nous pouvions nous permettre de passer sous silence les mauvaises nouvelles à propos des pensionnats, de la terre, des ressources et de notre vie en commun, est révolue depuis longtemps. L’actuelle Commission de la vérité et de la réconciliation est probablement notre dernière chance, en tant que société, d’écouter les messagers. La santé mentale, physique et spirituelle des noirs (comme moi), basanés, jaunes, blancs, ou rouges, dépend de la vérité, par les mots et par les actions. notes 1 Extrait du scénario de Not a Drop. Voir : Deverell, Rita Shelton (Productrice/ Réalisatrice/Auteure) (2009). Not a Drop [Docudrama]. Toronto, ON : OMNI. 2 Deverell, Rita Shelton (15 août 2008). « Toronto blast gets action, what about elsewhere? » The Toronto Sun: 21. 3 Bryce, P.H. (1922). The Story of a National Crime: An Appeal for Justice to the Indians of Canada, The Wards of the Nation: Our Allies in the Revolutionary War : Our Brothers-in-Arms in the Great War. Ottawa, ON : James Hope & Sons, Limited. Consulté le 9 novembre 2010. Lien URL : http://www.archive.org/details/ storyofnationalc00brycuoft Cultiver le Canada | 401

nationale <strong>de</strong>s réalisations <strong>autochtone</strong>s, était invitée en tant qu’oratrice. Son<br />

doctorat honoris causa lui a été remis lors <strong>de</strong> la cérémonie <strong>de</strong> remise <strong>de</strong>s diplômes<br />

en Pédagogie. En faisant cela, l’administration et Roberta Jamieson espéraient<br />

faire passer un message extrêmement important aux enseignants et directeurs<br />

d’école <strong>de</strong> la Nouvelle-Écosse. Par l’intermédiaire <strong>de</strong> leur enseignement, ils ont la<br />

possibilité <strong>de</strong> perpétuer <strong>de</strong>s mensonges ou <strong>de</strong> raconter la vérité à propos du passé,<br />

du présent et <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong>s Autochtones. Ils sont garants <strong>de</strong> l’image positive<br />

que les jeunes <strong>autochtone</strong>s ont d’eux-mêmes et <strong>de</strong> l’estime que tous les groupes<br />

ethniques se portent mutuellement. Dans son discours, Roberta Jamiesa affirmait<br />

aux diplômés qu’ils étaient face à un choix. Ils avaient le pouvoir <strong>de</strong> construire<br />

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selon leur choix. C’est au personnel scolaire qu’il incombe <strong>de</strong> transmettre (ou<br />

pas) la vérité à propos <strong>de</strong>s bulldozers, <strong>de</strong>s camions d’ordure, <strong>de</strong>s avions et <strong>de</strong>s<br />

autres véhicules qui ont servi à l’expropriation au cours <strong>de</strong> l’histoire. Nous avons<br />

accueilli favorablement son message. Roberta Jamieson offrait généreusement<br />

une <strong>de</strong>uxième chance aux étudiants afin qu’ils déci<strong>de</strong>nt quelle voie suivre.<br />

Cependant, il n’est pas bon être maître d’esclave. Au Canada, nous avons<br />

l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tirer sur le messager qui apporte la nouvelle, nous perdons notre<br />

âme en pratiquant l’exclusion. Depuis toujours, nous accusons les messagers<br />

d’exagérer, <strong>de</strong> mentir, d’être imprécis ou <strong>de</strong> mal interpréter les intentions <strong>de</strong>s<br />

maîtres. En 1922, Dr Peter Bryce a publié son livre The Story of a National Crime<br />

à propos <strong>de</strong>s pensionnats. Peter Bryce, qui a été licencié par les gouvernements<br />

canadiens qui l’avaient embauché, signalait <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> mortalité avoisinant<br />

les 50 % dans les pensionnats <strong>de</strong> l’Ouest, et traitait du déni <strong>de</strong> ces preuves par le<br />

gouvernement canadien et les églises. 3<br />

À l’époque, nous avons tiré sur le messager. Mais l’époque où nous pouvions<br />

nous permettre <strong>de</strong> passer sous silence les mauvaises nouvelles à propos <strong>de</strong>s<br />

pensionnats, <strong>de</strong> la terre, <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong> notre vie en commun, est révolue<br />

<strong>de</strong>puis longtemps. L’actuelle Commission <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la réconciliation est<br />

probablement notre <strong>de</strong>rnière chance, en tant que société, d’écouter les messagers.<br />

La santé mentale, physique et spirituelle <strong>de</strong>s noirs (comme moi), basanés, jaunes,<br />

blancs, ou rouges, dépend <strong>de</strong> la vérité, par les mots et par les actions.<br />

notes<br />

1 Extrait du scénario <strong>de</strong> Not a Drop. Voir : Deverell, Rita Shelton (Productrice/<br />

Réalisatrice/Auteure) (2009). Not a Drop [Docudrama]. Toronto, ON : OMNI.<br />

2 Deverell, Rita Shelton (15 août 2008). « Toronto blast gets action, what about<br />

elsewhere? » The Toronto Sun: 21.<br />

3 Bryce, P.H. (1922). The Story of a National Crime: An Appeal for Justice to the<br />

Indians of Canada, The Wards of the Nation: Our Allies in the Revolutionary<br />

War : Our Brothers-in-Arms in the Great War. Ottawa, ON : James Hope & Sons,<br />

Limited. Consulté le 9 novembre 2010. Lien URL : http://www.archive.org/<strong>de</strong>tails/<br />

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