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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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d’information diffusée par CBC à l’heure du dîner à Regina. Il est vrai que c’est une<br />

région délaissée par la CBC. Nous manquons tellement <strong>de</strong> moyens que notre studio<br />

<strong>de</strong> Regina est situé à Moose Jaw et que j’arrive à voir une équipe la plupart du temps.<br />

J’ai été embauchée en tant que journaliste et j’ignore comment je vais me servir <strong>de</strong><br />

ce pouvoir. Lors d’une <strong>de</strong>s premières réunions avec le directeur <strong>de</strong> l’information<br />

je lui dis : « Les Autochtones représentent 30 % <strong>de</strong> la population. C’est difficile à<br />

imaginer en regardant notre émission. J’aimerais donc faire <strong>de</strong>s reportages sur eux<br />

et sur leurs problèmes. » Le directeur <strong>de</strong> l’information me répond à peu près cela :<br />

« Je ne vais pas t’en empêcher, mais je ne vais pas t’ai<strong>de</strong>r non plus. C’est impossible<br />

<strong>de</strong> travailler avec ces gens là. Ils sont toujours en retard, ils ne viennent pas aux<br />

ren<strong>de</strong>z-vous, tu les paies le vendredi et ils ne viennent pas le lundi, etc. etc. Bonne<br />

chance. » Les reportages sur les Autochtones passent tout <strong>de</strong> même à l’antenne.<br />

J’apprends également quelques leçons <strong>de</strong> base du « journalisme <strong>de</strong> diversité » qui<br />

continuent à m’être utiles et que j’espère avoir approfondies au fil <strong>de</strong>s ans.<br />

Voici quelques-unes <strong>de</strong> ces leçons :<br />

• Dans les communautés <strong>autochtone</strong>s, comme dans la plupart <strong>de</strong>s autres<br />

communautés, les femmes sont d’excellents contacts pour les reportages,<br />

et <strong>de</strong> très bonnes spécialistes et porte-parole <strong>de</strong> leurs communautés.<br />

• Il faut du temps et <strong>de</strong> la patience pour nouer <strong>de</strong>s relations, cela finit par<br />

payer lorsqu’on est journaliste. Avec mon équipe, nous avons, entres<br />

autres, suivi une patrouille <strong>de</strong> nuit d’une organisation <strong>de</strong> femmes<br />

<strong>autochtone</strong>s, obtenu une entrevue exclusive avec le porte-parole <strong>de</strong> la<br />

Société <strong>de</strong>s Guerriers, et découvert les secrets <strong>de</strong>s logements <strong>de</strong>s quartiers<br />

centraux <strong>de</strong> la ville.<br />

• Il est également dangereux d’être reporter. Des policiers m’ont interrogée<br />

à <strong>de</strong>ux reprises simplement parce qu’ils m’avaient vue avec les personnes<br />

que j’interviewais dans le cadre <strong>de</strong> mes reportages. J’ignore encore si<br />

ces policiers voulaient obtenir <strong>de</strong>s renseignements <strong>de</strong> ma part. Je n’en<br />

aurais pas fourni plus que ce que la télévision diffusait et qui étaient donc<br />

facilement disponibles, et je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’ils ne souhaitaient pas plutôt<br />

m’éloigner <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s Autochtones, <strong>de</strong>s contacts avec eux, <strong>de</strong> leurs<br />

problèmes et <strong>de</strong>s reportages les concernant.<br />

• Enfin, j’ai progressivement compris comment j’étais parvenue à faire<br />

partie <strong>de</strong> la classe moyenne, à être bien éduquée, à exercer les métiers<br />

<strong>de</strong> mon choix, bien que j’ai grandi dans le Sud <strong>de</strong>s États-Unis où la<br />

ségrégation et le racisme faisaient rage. J’ai pu profiter <strong>de</strong> cette chance<br />

et <strong>de</strong> ces privilèges pour plus plusieurs raisons : mes parents, comme<br />

leurs parents et grands-parents avant eux, étaient propriétaires <strong>de</strong> leur<br />

maison et <strong>de</strong> leur terrain dès 1940, au début <strong>de</strong> leur long mariage. Sans<br />

pour autant être riches, ils avaient un emploi stable, <strong>de</strong>s économies, une<br />

Cultiver le Canada | 393

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