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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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au sujet <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt du Komagata Maru ont été présentées par Stephen Harper en<br />

<strong>de</strong>hors du Parlement. Ils désirent à présent ce qu’ont eu tous les autres groupes : une<br />

déclaration officielle.<br />

Je me suis assis sur une chaise en plastique dans la <strong>de</strong>uxième rangée désertée.<br />

Quelques secon<strong>de</strong>s plus tard, un vieux Nisei, un Canadien japonais <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

génération nommé Jack Nagai s’est affalé sur une chaise, à côté <strong>de</strong> moi. Il a soupiré<br />

et a mis les lunettes qui pendaient à son cou sur son nez. Il m’a dit : « Il faut que je sois<br />

tout près à cause <strong>de</strong> mon appareil auditif », puis m’a regardé en souriant. J’ai sorti un<br />

carnet <strong>de</strong> notes et il m’a regardé du coin <strong>de</strong> l’œil en tripotant un stylo dans la poche<br />

<strong>de</strong> son veston.<br />

Marques noires. Mes premières notes. Les murs et le plancher nacrés <strong>de</strong> l’auditorium<br />

du hall <strong>de</strong> réunion japonais étaient couverts <strong>de</strong> marques. Une lumière fluorescente<br />

clignotait et bourdonnait à quinze mètres au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ma tête. Le hall <strong>de</strong> réunion<br />

avait la même allure fatiguée qu’un gymnase d’école. Jack a remarqué que je<br />

gribouillais et s’est alors lui aussi mis à gribouiller sur le dos <strong>de</strong> son programme.<br />

Les taches brunâtres sur son crâne chauve me rappelaient mon oncle Jiro, décédé<br />

subitement en 2005 à l’âge <strong>de</strong> soixante-dix-sept ans. Comme par hasard, Jack venait<br />

également <strong>de</strong> Lethbridge et avait rencontré mon oncle à l’église bouddhiste <strong>de</strong><br />

Lethbridge. Mon oncle Jiro, que ses amis non-japonais appelaient « Jerry », avait aidé<br />

à lire aux aveugles, joué au bowling tous les dimanches et noté méticuleusement<br />

dans un journal le prix <strong>de</strong> tous les aliments qu’il avait achetés ainsi que son score<br />

désastreux au golf. Il avait été célibataire toute sa vie, sans compagne et sans enfants,<br />

comme plusieurs membres <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong> mon père.<br />

Les quelques membres <strong>de</strong> ma famille qui ont maintenant <strong>de</strong>s enfants ont <strong>de</strong>s<br />

conjoints blancs et nos gènes asiatiques sont donc <strong>de</strong> plus en plus « dilués ». Le<br />

nom <strong>de</strong>s Miyagawa pourrait disparaître bientôt avec mes <strong>de</strong>ux fils et avec ce nom<br />

disparaîtrait une histoire dont l’origine remonte à un siècle.<br />

Ma grand-mère et mon grand-père ont commencé à faire la culture <strong>de</strong> baies sur<br />

un terrain rocailleux et pentu <strong>de</strong> trois hectares à Mission, en C-B, vers 1920. Ils se<br />

faisaient eux-mêmes les esclaves <strong>de</strong> leur labeur, travaillant sans cesse pour défricher<br />

leurs terres et faire marcher leur ferme. Ma grand-mère a fourni la main-d’œuvre en<br />

mettant au mon<strong>de</strong> un bébé chaque année, pendant toute une décennie. Mon père<br />

était l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers, le neuvième enfant <strong>de</strong>s dix enfants <strong>de</strong> leur famille. En 1941, les<br />

Japonais contrôlaient l’industrie <strong>de</strong> production <strong>de</strong> baies en C-B. La ferme <strong>de</strong> mes<br />

grands-parents s’était agrandie et épanouie.<br />

C’est alors qu’ont eu lieu les événements <strong>de</strong> Pearl Harbor, la guerre avec le Japon, et<br />

le déplacement <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 000 Canadiens d’origine japonaise <strong>de</strong> la cote ouest. Un<br />

jour <strong>de</strong> printemps, en 1942, mon père et sa famille se sont rendus à la gare portant<br />

<strong>de</strong>ux sacs chacun et sont montés dans un train à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> betterave<br />

Cultiver le Canada | 363

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