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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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japonaise. Exaspéré, M. Tru<strong>de</strong>au avait répliqué brusquement : « Combien d’autres<br />

injustices historiques <strong>de</strong>vraient alors être réparées ? ». Ce serait la <strong>de</strong>rnière journée<br />

que Pierre Tru<strong>de</strong>au passerait au Parlement en tant que Premier Ministre. Il avait<br />

terminé en disant sur un ton <strong>de</strong> vertueuse indignation : « Je ne pense pas que ce soit<br />

le rôle du gouvernement <strong>de</strong> réparer les torts commis dans le passé. Je ne peux pas<br />

réécrire l’histoire ».<br />

M. Tru<strong>de</strong>au <strong>de</strong>vait savoir qu’une fois qu’on avait ouvert la porte « <strong>de</strong>s excuses », elle<br />

ne pourrait plus jamais être refermée. M. Mulroney peut-être aussi. Les réparations<br />

faites aux Canadiens japonais ont constitué le début <strong>de</strong> notre expérience nationale<br />

<strong>de</strong> « remords institutionnel », une expérience qui a pris beaucoup d’ampleur au cours<br />

<strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières années et qui s’est entrelacée avec l’histoire <strong>de</strong> ma propre famille.<br />

J’ai toujours pensé que le verre était à moitié plein : le divorce <strong>de</strong> mes parents n’a pas<br />

vraiment créé <strong>de</strong> cassure, mais plutôt une expansion. Ils se sont tous <strong>de</strong>ux remariés et<br />

mes enfants ont tellement <strong>de</strong> grands-parents qu’ils n’arrivent plus à les compter. Et<br />

ma famille a certainement reçu le plus grand nombre d’excuses dans le pays — peutêtre<br />

dans le mon<strong>de</strong>.<br />

J’ai regardé Stephen Harper présenter ses excuses au sujet <strong>de</strong>s pensionnats indiens<br />

en compagnie d’Etheline, la femme <strong>de</strong> mon père, pendant une chau<strong>de</strong> soirée<br />

d’été, en 2008. Etheline faisait partie <strong>de</strong> la troisième génération <strong>de</strong> sa famille Cri<br />

à fréquenter une école <strong>de</strong> missionnaire pour les Indiens. Elle avait fréquenté le<br />

pensionnat <strong>de</strong> Gordon à Punnichy, en Saskatchewan, pendant quatre ans. Le<br />

pensionnat <strong>de</strong> Gordon est le <strong>de</strong>rnier pensionnat géré par le gouvernement fédéral à<br />

avoir fermé ses portes, en 1996, après plus d’un siècle.<br />

Lorsque j’ai ensuite parlé à ma mère à Calgary, elle a mentionné, d’un air un peu<br />

détaché, que son <strong>de</strong>uxième mari, le père <strong>de</strong> Harvey, avait dû payer la taxe d’entrée<br />

pour les Chinois lorsqu’il était enfant. M. Harper a présenté ses excuses à tous ceux<br />

qui avaient dû payer cette taxe et à leur famille en 2006.<br />

J’étais conscient du fait que ma famille était <strong>de</strong>venue une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas multiculturelle,<br />

mais lorsque je me suis rendu compte que le gouvernement nous avait présenté ses<br />

excuses à trois reprises, ce qui n’avait été jusque là qu’une coïnci<strong>de</strong>nce étrange était<br />

<strong>de</strong>venu une sorte <strong>de</strong> plaisanterie (Q : Comment un Canadien dit-il bonjour ? R : « Je<br />

suis désolé ») Peu après cependant, j’ai commencé à me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce que ces excuses<br />

signifiaient vraiment et si elles servaient à quelque chose. Je cherchais <strong>de</strong>s réponses,<br />

mais je n’ai trouvé, en général, que plus <strong>de</strong> questions. Je suis <strong>de</strong>venu à la fois cynique<br />

et converti. En d’autres mots, je suis plus troublé qu’avant. Je ne suis pas un expert ou<br />

un prophète en matière d’excuses. Je suis vraiment désolé. C’est tout ce que je peux<br />

vous offrir : mon histoire d’excuses.<br />

À l’automne 2008, j’ai quitté Whitehorse pour me rendre à Vancouver. L’association<br />

nationale <strong>de</strong>s Canadiens japonais avait organisé une célébration et une conférence<br />

360 | Mitch Miyagawa

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