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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Poésie alternative : Le redressement, une transformation<br />

Pour les Canadiens d’origine japonaise, le traité <strong>de</strong> redressement du 22 septembre<br />

1988, conclu avec le gouvernement fédéral, apparaît comme l’aboutissement d’un<br />

effort soutenu mené en vue <strong>de</strong> réparer un grand nombre d’injustices endurées<br />

dans les années 1940, du déracinement à l’expropriation, l’internement et, pour<br />

beaucoup, à l’horreur <strong>de</strong> la déportation. C’était une journée historique, au cours<br />

<strong>de</strong> laquelle a eu lieu la reconnaissance longuement attendue <strong>de</strong>s injustices<br />

commises, ainsi que les réparations individuelles et communautaires, les excuses<br />

à l’égard <strong>de</strong> ceux qui ont été injustement condamnés — <strong>de</strong>s citoyens et leurs<br />

enfants avaient été déportés — et la mise en place d’une fondation publique<br />

contre le racisme, finalement renommée <strong>Fondation</strong> canadienne <strong>de</strong>s relations<br />

raciales.<br />

Dans le compte rendu que j’ai rédigé sur cet évènement, Redress: Insi<strong>de</strong> the<br />

Japanese Canadian Call for Justice, le cadre du mouvement <strong>de</strong> redressement<br />

s’inscrit dans l’interaction pluridimensionnelle entre la politique nationale <strong>de</strong><br />

citoyenneté, avec ses valeurs démocratiques, ses espaces subjectifs <strong>de</strong> mémoire<br />

et la volonté qui ont constitué l’histoire <strong>de</strong>s Canadiens japonais (ci-après désignés<br />

CJ), dont je fais partie, sur plusieurs générations. 1 Les conséquences douloureuses<br />

<strong>de</strong> l’éloignement <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> la côte ouest ont saturé les recoins <strong>de</strong> mémoire<br />

<strong>de</strong> mon enfance, nourrissant mon imagination d’histoires <strong>de</strong> séparations<br />

douloureuses et <strong>de</strong> pertes, non seulement <strong>de</strong> propriétés et d’effets personnels,<br />

mais surtout <strong>de</strong> dignité et <strong>de</strong> bien-être. Une fois que le statut <strong>de</strong> « sujet d’un pays<br />

ennemi » nous avait été attribué et nous avait réduits à rien <strong>de</strong> plus que <strong>de</strong>s êtres<br />

« <strong>de</strong> race japonaise », une phrase dont le gouvernement est à l’origine, nous étions<br />

dorénavant considérés comme <strong>de</strong>s boucs émissaires susceptibles <strong>de</strong> porter la<br />

marque <strong>de</strong> l’ennemi. 2,3<br />

Aussi loin que ma mémoire puisse me porter, cette marque est restée attachée<br />

à mon être entier, agissant telle une ombre qui plane inlassablement sur moi,<br />

présente même lorsque je n’en avais pas conscience. L’ombre s’est étendue sur<br />

l’imagination plus large <strong>de</strong>s évènements qui ont démantelé le tissu social,<br />

culturel et économique <strong>de</strong> nos vies d’avant à Haney, en Colombie-Britannique,<br />

petit village situé dans la vallée du Fraser, luxuriante et abondante en fruits.<br />

Enfant, mon imagination s’orientait vers la pensée que l’expulsion <strong>de</strong> ma famille<br />

<strong>de</strong> la côte ouest signifiait que ma propre naissance, au cours <strong>de</strong> leur confinement<br />

dans le site <strong>de</strong> relogement, à Sainte-Agathe, un petit village canadien-français<br />

à proximité <strong>de</strong> Winnipeg, <strong>de</strong>vait constituer une certaine forme d’exil. Cet état<br />

<strong>de</strong> pensée a donné naissance à un douloureux et fréquent sentiment d’absence<br />

vis-à-vis d’un chez-soi ailleurs, beaucoup plus riche et attachant, <strong>de</strong> liens<br />

communautaires là-bas, d’une intensité plus forte, et d’une nature réconfortante,<br />

Cultiver le Canada | 319

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