Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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28.08.2013 Views

En 2006, 83,9 % de l’ensemble des nouveaux immigrants installés au Canada venaient de régions non-européennes et le sobriquet « minorités visibles » utilisé pour designer les Canadiens « non-blancs » est devenu discutable, en particulier lorsqu’il s’agit des populations urbaines du Canada. Plus de 96 % des minorités visibles du Canada vivent dans des régions métropolitaines. Deux groupes principaux — les immigrants venus d’Asie du sud-est et ceux qui s’identifient comme étant d’origine ethnique chinoise — constituent la moitié de toutes les minorités visibles au Canada, 4 chacun de ces groupes constituant à peu près un quart du nombre total. D’autres immigrants venus de l’Afrique, de l’Amérique latine, des Caraïbes et de l’Asie sont en train de remodeler notre société. Les immigrants d’origine ethnique chinoise et originaires d’Asie du sud représentent 8 % de la population totale du Canada et, comme ils se sont majoritairement installés dans les régions métropolitaines de Toronto et de Vancouver, ils ont transformé ces villes. Entre 1980 et 2001, par exemple, le plus grand nombre de nouveaux immigrants au Canada était composé d’immigrants d’origine ethnique chinoise qui venaient de diverses régions de l’Asie du sud-est (y compris Hong Kong) ainsi que d’immigrants nés dans la République populaire de Chine. Ces immigrants originaires de diverses ethnies chinoises se sont installés de manière prédominante (87 %) dans les cinq plus grandes villes du Canada, Toronto ayant accueilli 41 pour cent de ces immigrants et Vancouver 31 pour cent. 5 Ce qui est clair, c’est que les migrations trans-Pacifique venant de l’Asie ainsi que les immigrants appartenant à des « minorités visibles » venant en général de régions noneuropéennes ont transformé le Canada au cours de 25 dernières années. Vancouver, en particulier, est devenu une ville dans laquelle le terme de « minorité visible » n’a aucun sens. En 2006, 4 Vancouverois sur 10 n’étaient pas nés au Canada et 5 sur 10 étaient d’origine asiatique. La population de Richmond et de Burnaby, deux banlieues de la région métropolitaine de Vancouver, était constituée respectivement de 65 % et de 55 % de minorités visibles ; 50 % de la population de Richmond était d’origine ethnique chinoise ; à Vancouver, la troisième ville du Canada, la « minorité visible » est « blanche ». Si le « Nouveau Canada » peut être mieux compris à travers le visage changeant de Vancouver à l’époque actuelle, le futur peut lui aussi se lire dans les visages des jeunes qui sont, pour la plupart « non-blancs ». Les minorités visibles au Canada représentent littéralement le visage de demain – leur âge moyen en 2006 était de 33 ans, comparé à une moyenne de 39 ans pour l’ensemble de la population. Les générations de jeunes « non-blancs », ce qui inclut les Premières Nations et Autochtones, connaissent une croissance rapide et représentent un des segments de la population de jeunes canadiens ayant la plus forte croissance. Le futur du Canada peut être entrevu dans notre démographie changeante, mais sommes-nous prêts à faire face aux défis que pose ce nouveau monde ? L’objectif du projet Dialogues était de nous permettre de partager notre passé — qui sommes-nous et d’où venons-nous — mais aussi de mieux comprendre ce que nous 312 | Henry Yu

aspirons à être dans le futur. Ces dialogues se sont tenus dans neuf lieux différents, et ont inclus la participation de bénévoles et de personnes invitées par le comité directeur pour leurs importantes contributions aux discussions. Nous avons fait de notre mieux pour inclure des Aînés ainsi que des jeunes de descendance autochtone et issus de familles d’immigrants dans le plus grand nombre de groupes, sachant que la sagesse et l’expérience de vie associées à la curiosité caractéristique de la jeunesse constituaient un élément essentiel nécessaire pour combler le fossé des générations qui existe tant dans les communautés autochtones que dans les communautés d’immigrants. Chaque groupe s’est réuni trois fois et la discussion était guidée par un animateur issu d’un groupe d’animateurs formés à ces fins, mené par Eric Wong ; un groupe de jeunes leaders bénévoles a également joué un rôle important dans ce processus, car l’objectif était qu’ils sensibilisent d’autres jeunes à cette question importante. Un cercle de dialogues de clôture incluant tous les groupes a été organisé à la Bibliothèque publique de Vancouver, en présence du maire de Vancouver, Greg Robertson et de plusieurs conseillers municipaux, ainsi que de l’honorable Adrienne Clarkson, ancienne gouverneure générale du Canada et de son époux John Saul, qui a fait preuve d’un vif intérêt pour le projet Dialogues, et qui désirait explorer la manière dont des dialogues similaires pourraient être organisés dans le reste du Canada. Suite à ces cercles de dialogues, des visites sur le terrain ont été organisées. Le comité directeur estimait que ces visites étaient essentielles pour créer un sens de familiarité et de chaleur humaine parmi les participants. Les environnements urbains promeuvent très facilement l’isolement, et, tout comme la visite d’un voisin chez vous, un processus promouvant les échanges de visites et d’hospitalité était considéré comme une continuation naturelle du processus d’échange d’histoires dans le cadre des cercles de dialogues. En fin du projet Dialogues, les réflexions et les moments les plus importants seront offerts, sous forme de vidéo et sous forme imprimée. Bien que tous les échanges au cours des cercles de dialogues soient restés privés et aient été reproduits en respectant l’anonymat de toutes les personnes impliquées afin de garantir une atmosphère sécuritaire lors des échanges, les entretiens de suivi et un résumé des questions soulevées au cours de ces dialogues permettront la création d’un document de valeur qui constituera, nous l’espérons, le fondement pour de nouvelles discussions et projets de sensibilisation dans le domaine de l’éducation, ceci en particulier dans le but de traiter le problème du peu d’informations sur les Premières Nations, les autochtones et leur histoire fournies aux nouveaux immigrants au Canada. Alors que nous rompons le silence et révélons la vérité sur des événements terribles de notre passé, il nous reste à comprendre ce que nous avons en commun, ce que nous pouvons retirer de notre passé morcelé et ce que nous pouvons utiliser pour reconstruire notre futur. Faut-il forcément avoir un passé commun pour construire un futur commun ? Je suis devenu historien afin de répondre à cette question, tout compte fait, très simple, et le projet Dialogues représente, selon moi, une partie importante d’un projet collectif et collaboratif, établi pour répondre aux besoins de Cultiver le Canada | 313

aspirons à être dans le futur. Ces dialogues se sont tenus dans neuf lieux différents,<br />

et ont inclus la participation <strong>de</strong> bénévoles et <strong>de</strong> personnes invitées par le comité<br />

directeur pour leurs importantes contributions aux discussions. Nous avons fait <strong>de</strong><br />

notre mieux pour inclure <strong>de</strong>s Aînés ainsi que <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendance <strong>autochtone</strong><br />

et issus <strong>de</strong> familles d’immigrants dans le plus grand nombre <strong>de</strong> groupes, sachant que<br />

la sagesse et l’expérience <strong>de</strong> vie associées à la curiosité caractéristique <strong>de</strong> la jeunesse<br />

constituaient un élément essentiel nécessaire pour combler le fossé <strong>de</strong>s générations<br />

qui existe tant dans les communautés <strong>autochtone</strong>s que dans les communautés<br />

d’immigrants. Chaque groupe s’est réuni trois fois et la discussion était guidée par<br />

un animateur issu d’un groupe d’animateurs formés à ces fins, mené par Eric Wong ;<br />

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ce processus, car l’objectif était qu’ils sensibilisent d’autres jeunes à cette question<br />

importante. Un cercle <strong>de</strong> dialogues <strong>de</strong> clôture incluant tous les groupes a été organisé<br />

à la Bibliothèque publique <strong>de</strong> Vancouver, en présence du maire <strong>de</strong> Vancouver, Greg<br />

Robertson et <strong>de</strong> plusieurs conseillers municipaux, ainsi que <strong>de</strong> l’honorable Adrienne<br />

Clarkson, ancienne gouverneure générale du Canada et <strong>de</strong> son époux John Saul, qui a<br />

fait preuve d’un vif intérêt pour le projet Dialogues, et qui désirait explorer la manière<br />

dont <strong>de</strong>s dialogues similaires pourraient être organisés dans le reste du Canada.<br />

Suite à ces cercles <strong>de</strong> dialogues, <strong>de</strong>s visites sur le terrain ont été organisées. Le comité<br />

directeur estimait que ces visites étaient essentielles pour créer un sens <strong>de</strong> familiarité<br />

et <strong>de</strong> chaleur humaine parmi les participants. Les environnements urbains<br />

promeuvent très facilement l’isolement, et, tout comme la visite d’un voisin chez<br />

vous, un processus promouvant les échanges <strong>de</strong> visites et d’hospitalité était considéré<br />

comme une continuation naturelle du processus d’échange d’histoires dans le cadre<br />

<strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> dialogues. En fin du projet Dialogues, les réflexions et les moments<br />

les plus importants seront offerts, sous forme <strong>de</strong> vidéo et sous forme imprimée. Bien<br />

que tous les échanges au cours <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> dialogues soient restés privés et aient<br />

été reproduits en respectant l’anonymat <strong>de</strong> toutes les personnes impliquées afin <strong>de</strong><br />

garantir une atmosphère sécuritaire lors <strong>de</strong>s échanges, les entretiens <strong>de</strong> suivi et un<br />

résumé <strong>de</strong>s questions soulevées au cours <strong>de</strong> ces dialogues permettront la création<br />

d’un document <strong>de</strong> valeur qui constituera, nous l’espérons, le fon<strong>de</strong>ment pour <strong>de</strong><br />

nouvelles discussions et projets <strong>de</strong> sensibilisation dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation,<br />

ceci en particulier dans le but <strong>de</strong> traiter le problème du peu d’informations sur<br />

les Premières Nations, les <strong>autochtone</strong>s et leur histoire fournies aux nouveaux<br />

immigrants au Canada.<br />

Alors que nous rompons le silence et révélons la vérité sur <strong>de</strong>s événements terribles<br />

<strong>de</strong> notre passé, il nous reste à comprendre ce que nous avons en commun, ce que<br />

nous pouvons retirer <strong>de</strong> notre passé morcelé et ce que nous pouvons utiliser pour<br />

reconstruire notre futur. Faut-il forcément avoir un passé commun pour construire<br />

un futur commun ? Je suis <strong>de</strong>venu historien afin <strong>de</strong> répondre à cette question, tout<br />

compte fait, très simple, et le projet Dialogues représente, selon moi, une partie<br />

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