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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Je suis né ici, mais, pendant mon enfance, l’histoire qu’on m’a enseignée à l’école<br />

relatait un ensemble d’événements qui ne m’étaient pas familiers. On me disait<br />

que « notre » histoire était celle d’individus venus <strong>de</strong> loin <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> l’océan,<br />

qui avaient ensuite traversé en train un vaste territoire et avaient construit un pays<br />

qu’on avait appelé le Canada. Certains portaient un nom anglais et d’autres un nom<br />

français. Mais on ne mentionnait cependant jamais les gens comme mon grand-père<br />

ou mon arrière grand-père et ceux dont le nom ressemblait au mien. Je me souviens<br />

avoir entendu une seule fois que les Chinois avaient aidé à construire le système<br />

<strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer qu’empruntaient les Canadiens, mais on n’avait plus jamais parlé<br />

d’eux par la suite. Qu’avaient-ils fait pendant tout ce temps ?<br />

En troisième année, notre instituteur nous avait <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> construire la maquette<br />

d’une maison longue traditionnelle Coast Salish ou d’un canoë que ce peuple utilisait<br />

pour se déplacer sur l’océan. Comme je n’avais que huit ans et que je n’avais pas le<br />

droit d’utiliser un couteau aiguisé à la maison, mon frère aîné m’avait aidé à sculpter<br />

un canoë dans du bois <strong>de</strong> balsa, et nous nous étions aidés d’une photo que nous<br />

avions trouvée dans un livre emprunté à la bibliothèque. J’étais très fier <strong>de</strong> ma petite<br />

sculpture, et après, que la classe avait fêté ses exploits, j’avais apporté ce canoë chez<br />

moi et l’avais gardé sur mon bureau même après être entré à l’école secondaire. En<br />

le regardant, je me souvenais <strong>de</strong> la leçon qu’on nous avait enseignée ce jour-là, et du<br />

fait que les Premières Nations avaient habité sur ces terres bien avant l’arrivée <strong>de</strong>s<br />

Européens. C’était la <strong>de</strong>rnière fois, il me semble, qu’on m’avait <strong>de</strong>mandé à l’école<br />

<strong>de</strong> penser aux peuples <strong>autochtone</strong>s sur le territoire <strong>de</strong>squels nous vivions. Mais<br />

qu’avaient-ils fait le reste du temps ?<br />

Le reste du temps. Cette disparition dans le temps révèle tout un ensemble d’histoires.<br />

Des histoires ignorées ou reléguées dans les encadrés <strong>de</strong>s manuels scolaires. Des<br />

histoires effacées <strong>de</strong> notre passé commun. Ceci ne signifie pas que l’histoire <strong>de</strong> mon<br />

grand-père ou celle d’autres immigrants n’a jamais été racontée. Mon grand-père l’a<br />

racontée aux membres <strong>de</strong> notre famille, ou à ses amis, par bribes. Certaines histoires<br />

incluaient <strong>de</strong>s interactions et relations entre les Chinois et les peuples <strong>autochtone</strong>s.<br />

Nous n’avions qu’une vision fugitive <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, un mon<strong>de</strong> où le chemin <strong>de</strong> fer que<br />

mon grand-père et sa famille avaient aidé à construire traversait <strong>de</strong>s communautés<br />

<strong>autochtone</strong>s, ceci jusqu’au Fraser Canyon. Et même lorsque les Chinois venaient<br />

<strong>de</strong> finir <strong>de</strong> poser la voie ferrée en 1885 et qu’on leur avait immédiatement <strong>de</strong>mandé<br />

<strong>de</strong> payer une taxe d’entrée élevée, ils continuaient à immigrer. Ils sont arrivés, par<br />

bateaux entiers, année après année et ont travaillé dans les mines, les camps <strong>de</strong><br />

bûcherons, les conserveries, les épiceries, les fermes produisant les fruits et légumes<br />

<strong>de</strong>stinés à ces magasins, les cuisines et les laveries ou <strong>de</strong>venaient propriétaires <strong>de</strong><br />

cafés ou <strong>de</strong> magasins dans toutes les petites villes <strong>de</strong> la Colombie-Britannique et les<br />

régions <strong>de</strong>s prairies, jusqu’à Halifax.<br />

Alors que les immigrants dont les familles étaient arrivées d’Europe se dirigeaient en<br />

train vers l’ouest où vivaient déjà les peuples <strong>autochtone</strong>s et les Chinois, ces jeunes<br />

Cultiver le Canada | 309

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