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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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sauver quelque chose <strong>de</strong> la situation, Shirley, faisant calmement les gestes du rite<br />

<strong>de</strong> purification à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s herbes sacrées, a hoché la tête. Non, nous a-t-elle dit, ce<br />

n’était pas le bon moment. Seulement cela. Et c’est tout ce qu’elle avait besoin <strong>de</strong> dire<br />

pour que nous comprenions bien.<br />

Shirley:<br />

Quand Annie Mae Pictou-Aquash a été assassinée à Pine Ridge, toutes les femmes<br />

du mon<strong>de</strong> ont été agressées. Elle avait toujours défendu haut et fort les droits<br />

<strong>de</strong>s femmes. Et <strong>de</strong> savoir ce qui lui était arrivé à Pine Ridge, le temple <strong>de</strong> certains<br />

spiritualistes ayant un parti pris pour la domination sociale <strong>de</strong>s hommes ou<br />

machistes dans cette collectivité <strong>de</strong> Premières nations, a carrément été perçu comme<br />

une insulte à la condition féminine.<br />

À l’époque <strong>de</strong> la bataille menée pour les droits <strong>de</strong>s femmes <strong>autochtone</strong>s, j’ai<br />

beaucoup changé par la voie <strong>de</strong> l’art. Les enseignements du passé ont reconfirmé<br />

que les femmes, ayant fonction d’enfanter, <strong>de</strong> donner la vie, détiennent une place<br />

spéciale dans la communauté et, selon moi, comme personnes déci<strong>de</strong>uses au sein <strong>de</strong><br />

la famille, <strong>de</strong> la communauté et du pays.<br />

Dans la quarantaine, je me suis engagée dans une quête spirituelle et j’ai trouvé<br />

encore plus <strong>de</strong> règles ou <strong>de</strong> coutumes insidieuses, ainsi que <strong>de</strong>s activités sexistes,<br />

contre les femmes. Et tout cela soi-disant en raison <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> Kisiulinaqô (au nom<br />

<strong>de</strong> Dieu); parce que ma langue n’est pas écrite, je n’ai jamais pu lire ou entendre<br />

énoncer ces règles. J’ai jeûné pendant plusieurs années et j’ai prié pour connaître<br />

la vérité, mais à mesure que les années passaient, j’étais <strong>de</strong> plus en plus convaincue<br />

qu’il n’y avait aucune règle, que c’était en fait une tactique voilée <strong>de</strong>s hommes ne<br />

voulant pas que les femmes parviennent à la connaissance spirituelle. Ces hommeslà<br />

étaient endoctrinés par l’Église catholique.<br />

Mon art donne l’heure juste, conforme à la vérité <strong>de</strong> son créateur.<br />

ashok:<br />

Des années plus tard, j’ai vu Shirley Bear sur la scène en entretien avec l’écrivaine<br />

Susan Crean. Elles jouaient une biographie d’Emily Carr (étonnamment, cela se<br />

passait dans une salle <strong>de</strong> conférence <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong>s beaux-arts <strong>de</strong> Vancouver portant<br />

le nom <strong>de</strong> cette artiste) que Susan Crean avait écrite. Cette pièce explorait divers<br />

éléments moins documentés, notamment l’amitié d’Emily Carr envers l’artiste<br />

<strong>autochtone</strong> Sophie Frank, auprès <strong>de</strong> qui, selon ce que soutenait Susan Crean, Carr<br />

a acquis beaucoup <strong>de</strong> connaissances sur les Autochtones <strong>de</strong> la côte ouest. Sur la<br />

scène, Susan Crean jouait le personnage d’Emily Carr, Shirley Bear celui <strong>de</strong> Sophie<br />

Frank, et ce récit révélateur en disait long sur les relations entre les femmes, l’art, et<br />

la culture, à travers le mon<strong>de</strong> et à travers les âges. Je me rappelle <strong>de</strong> Shirley qui me<br />

disait peu <strong>de</strong> temps après qu’elle aimait vraiment lire le travail créateur <strong>de</strong> femmes<br />

<strong>de</strong> couleur plus jeunes du Canada, car elles parlent <strong>de</strong> ce qui est possible. Cela m’a<br />

20 | Shirley Bear

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