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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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connue sous le nom <strong>de</strong> Central Alberta, j’ai énormément profité <strong>de</strong> la signature<br />

du Traité n° 6 13 . Cet essai constitue une réflexion sur ma propre complicité en tant<br />

que colon racialisé <strong>de</strong> nationalité canadienne. Grâce à la signature du Traité n° 6,<br />

ma famille d’origine immigrante, a pu améliorer son statut socio-économique<br />

et nous envoyer à l’université, mon frère et moi. Bien que j’ai très certainement<br />

été personnellement victime <strong>de</strong> discrimination, tant raciale que sexuelle, tout au<br />

long <strong>de</strong> ma vie, je n’ai jamais eu à craindre <strong>de</strong> préjugés négatifs sur mon éthique<br />

<strong>de</strong> travail ou ma productivité <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> mes employeurs, grâce à l’existence<br />

<strong>de</strong> stéréotypes positifs sur les Asiatiques les dépeignant comme <strong>de</strong>s individus<br />

ayant une éthique <strong>de</strong> travail rigoureuse et exceptionnellement doués en<br />

mathématiques, stéréotypes qui exagèrent mes propres compétences physiques<br />

et intellectuelles. Étant donné l’iniquité <strong>de</strong>s privilèges et <strong>de</strong>s avantages dont a<br />

bénéficié ma famille suite à la signature <strong>de</strong> ce traité, je me suis engagée sur le<br />

plan politique et éthique, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> mes recherches universitaires, à<br />

démanteler les façons dont les communautés diasporiques utilisent le discours<br />

anti-raciste sur les colons <strong>de</strong> couleur, et les colons chinois en particulier, pour<br />

faire valoir leur droit d’appartenir et d’être accepté dans le pays.<br />

Je me suis, non seulement inspirée <strong>de</strong>s réflexions essentielles <strong>de</strong> Lawrence et<br />

Dua, mais j’ai également nuancé les façons dont l’arrivée <strong>de</strong>s colons <strong>de</strong> couleur au<br />

Canada les a placés dans <strong>de</strong>s relations coloniales avec les peuples <strong>autochtone</strong>s. Je<br />

reconnais qu’en se fondant sur un concept monolithique du terme « colon », on<br />

court le risque <strong>de</strong> réduire les relations colons/Autochtones à <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> pensée<br />

binaire trop simplistes. Si nous reléguons tous les individus non <strong>autochtone</strong>s dans<br />

une catégorie unique <strong>de</strong> « colons », risquons-nous alors d’effacer et d’amalgamer<br />

<strong>de</strong>s récits et expériences quotidiennes <strong>de</strong> privilèges et <strong>de</strong> marginalisation qui<br />

sont les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s colons blancs et <strong>de</strong>s colons <strong>de</strong> couleur ?<br />

Comme je l’ai précisé auparavant, les questions et points que j’ai évoqués jusqu’à<br />

présent ne sont pas censés atténuer la complicité <strong>de</strong>s colons <strong>de</strong> couleur ; j’évoque<br />

plutôt ces points complexes dans le cadre d’un exercice solitaire dont l’objectif<br />

est <strong>de</strong> recouvrer le sens du terme « colon » dans le sens d’une i<strong>de</strong>ntification<br />

politisée <strong>de</strong>s colons blancs et <strong>de</strong>s colons <strong>de</strong> couleur 14 . Il m’intéresse d’invoquer<br />

une conceptualisation anti-coloniale du terme « colon » qui reconnaît à la fois la<br />

complicité <strong>de</strong>s non-<strong>autochtone</strong>s dans le projet continuel <strong>de</strong> colonisation du Canada<br />

et qui se montre solidaire <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> décolonisation <strong>de</strong>s peuples <strong>autochtone</strong>s.<br />

Le fait <strong>de</strong> s’i<strong>de</strong>ntifier comme un colon plutôt que comme un Canadien n’annule<br />

pas forcément les droits et avantages acquis par les colons suite à l’ère coloniale.<br />

Mais la sensibilisation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s colons au fait que les privilèges qu’ils ont<br />

acquis suite à l’ère coloniale ne sont pas <strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong> fait ou mérités pourrait<br />

constituer la première étape <strong>de</strong> soutien à l’activisme <strong>autochtone</strong> dont le but est <strong>de</strong><br />

lutter contre la dominance d’une société <strong>de</strong> colons.<br />

Je conclus cet essai en citant un exemple venant <strong>de</strong> Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>/Aotearoa.<br />

Pakeha, le mot maori utilisé pour décrire les <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong>s colons européens,<br />

302 | Malissa Phung

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