Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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28.08.2013 Views

étonnement que les perspectives d’interactivité ou de partage de connaissance étaient limitées entre les communautés immigrantes et autochtones et que les infrastructures gouvernementales n’étaient pas suffisantes pour faciliter ces processus. Par conséquent, il me semble possible d’établir un dialogue interculturel basé sur les répercussions du colonialisme et de la discrimination entre les deux communautés. En m’inspirant du rassemblement de Kelowna, je me suis demandé s’il était possible d’organiser des événements pour sensibiliser le public et renforcer la solidarité, la confiance et l’empathie des uns envers les autres. En 2009, j’ai eu la possibilité d’organiser une exposition à la galerie Glenhyrst Art Gallery of Brant, située près du Territoire des Six nations de la rivière Grand où réside une communauté massive d’Asiatiques du sud. Portée par mon goût pour une autre société, qui serait consciente et engagée, et fondée sur les valeurs et les principes culturels autochtones, lors de la conférence En terrain commun, j’ai voulu que cette expérience illustre mes pratiques en matière de conservation. J’ai mis au point un cadre thématique pour l’exposition qui s’est rapporté à l’histoire, la culture et la démographie de la ville et ai exploré les possibilités de développer la compréhension, la confiance et la solidarité mutuelles, à travers des dialogues interculturels entre les immigrants d’Asie du sud et les Autochtones du Canada. Lorsque je me suis mise à travailler sur cette exposition, les histoires complexes du Territoire des Six Nations de la rivière Grand m’étaient inconnues. J’étais gênée lorsque je parlais du projet, et, surtout, j’avais du mal à employer un langage approprié sans utiliser de jargon ou de rhétorique. J’ai effectué en grande partie mes recherches et j’ai appris à ce sujet grâce à mes longues conversations informelles avec les artistes qui ont participé à Crossing Lines: An Intercultural Dialogue 6 . À mesure que j’apprenais sur l’histoire de Brantford et des Six Nations à partir des points de vue des Autochtones et des non autochtones, j’ai vaincu ma gêne d’être une étrangère et mon incapacité à mieux comprendre l’histoire canadienne. L’exposition finale a analysé les questions des liens et des conflits et des points d’accord et de divergence qui existent entre les communautés dites « Indienne » au Canada. J’ai invité huit artistes d’origine autochtone et d’Asie du Sud pour explorer la possibilité de créer des dialogues interculturels en examinant les idées de perte et de déplacement grâce à leurs diverses expériences. Dans la partie suivante, je vais discuter des œuvres d’art réalisées par chacun des artistes et de leurs stratégies pour renforcer les dialogues interculturels. Ré-imaginer les Indiens Lorsque le réalisateur indien Ali Kazimi et le photographe iroquois Jeff Thomas se sont mis à travailler sur Shooting Indians: A Journey with Jeff Thomas en 1997, la photographie a été leur langue commune. Dans le film, Ali Kazimi transporte le spectateur vers un voyage intime à travers la pratique artistique de Jeff Thomas, tout en utilisant une approche autobiographique qui révèle l’itinéraire personnel de Kazimi en tant qu’immigrant d’Asie du Sud. Le plus intéressant a été le témoignage 286 | Srimoyee Mitra

Jeff Thomas, A Conversation with Edward S. Curtis, #7 Medicine Crow Wearing a Hawk Hide Headdress (Crow Nation c. 1908) (2009). franc de Kazimi sur ses idées fausses quand il a commencé à travailler sur le film. En effet, ce film permet d’établir un dialogue entre un artiste immigrant et un artiste autochtone, ce qui n’avait pratiquement jamais été exploré. Leur collaboration porte sur les limites du langage et des représentations stéréotypées qui encadrent la présence (et l’absence) des expériences des Autochtones et des immigrants dans la grande histoire canadienne. Après avoir visité le Territoire des Six Nations de la rivière Grand en compagnie de Thomas, Kazimi remarque que, même s’il s’est rendu compte que ses préjugés n’étaient pas fondés en allant à la réserve, il a constaté une disparité et une désillusion économiques étonnantes. Kazimi reconnaît que grâce à ses conversations avec Thomas, il a mieux compris et respecté les expériences des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Entretemps, l’engagement continu de Thomas à l’égard de l’œuvre d’Edward Curtis, photographe et cinéaste du XX e siècle dont l’héritage artistique constitue les prémisses du film, crée un précédent de la recherche critique dans les canons de l’histoire canadienne. L’approche dialogique de Kazimi et de Thomas crée un cadre d’interrogation sur les manières existantes de voir et de réfléchir sur les itinéraires personnels. Ensemble, ils développent une représentation sensible des contradictions de l’«indiénitude » à travers l’histoire personnelle de Kazimi et de l’ensemble de l’œuvre de Thomas. 7 Shooting Indians est un film documentaire canadien primé qui met au défi les formes et les moyens établis de représentation des cultures des immigrants et des Autochtones. Alors que le paysage culturel canadien a considérablement changé depuis que Kazimi et Jeff ont commencé à travailler sur le film en 1984, la question des stéréotypes, l’effacement systémique, et les conflits sont toujours d’actualité. Shooting Indians: A Journey with Jeff Thomas m’a aidé à comprendre la stratégie pour établir des dialogues interculturels permettant de renforcer la confiance et le respect Cultiver le Canada | 287

Jeff Thomas, A Conversation with Edward S. Curtis, #7 Medicine Crow<br />

Wearing a Hawk Hi<strong>de</strong> Headdress (Crow Nation c. 1908) (2009).<br />

franc <strong>de</strong> Kazimi sur ses idées fausses quand il a commencé à travailler sur le<br />

film. En effet, ce film permet d’établir un dialogue entre un artiste immigrant<br />

et un artiste <strong>autochtone</strong>, ce qui n’avait pratiquement jamais été exploré. Leur<br />

collaboration porte sur les limites du langage et <strong>de</strong>s représentations stéréotypées<br />

qui encadrent la présence (et l’absence) <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong>s Autochtones et <strong>de</strong>s<br />

immigrants dans la gran<strong>de</strong> histoire canadienne. Après avoir visité le Territoire <strong>de</strong>s<br />

Six Nations <strong>de</strong> la rivière Grand en compagnie <strong>de</strong> Thomas, Kazimi remarque que,<br />

même s’il s’est rendu compte que ses préjugés n’étaient pas fondés en allant à la<br />

réserve, il a constaté une disparité et une désillusion économiques étonnantes.<br />

Kazimi reconnaît que grâce à ses conversations avec Thomas, il a mieux compris<br />

et respecté les expériences <strong>de</strong>s Premières Nations, <strong>de</strong>s Métis et <strong>de</strong>s Inuits. Entretemps,<br />

l’engagement continu <strong>de</strong> Thomas à l’égard <strong>de</strong> l’œuvre d’Edward Curtis,<br />

photographe et cinéaste du XX e siècle dont l’héritage artistique constitue les<br />

prémisses du film, crée un précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la recherche critique dans les canons<br />

<strong>de</strong> l’histoire canadienne. L’approche dialogique <strong>de</strong> Kazimi et <strong>de</strong> Thomas crée un<br />

cadre d’interrogation sur les manières existantes <strong>de</strong> voir et <strong>de</strong> réfléchir sur les<br />

itinéraires personnels. Ensemble, ils développent une représentation sensible <strong>de</strong>s<br />

contradictions <strong>de</strong> l’«indiénitu<strong>de</strong> » à travers l’histoire personnelle <strong>de</strong> Kazimi et <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Thomas. 7 Shooting Indians est un film documentaire<br />

canadien primé qui met au défi les formes et les moyens établis <strong>de</strong> représentation<br />

<strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong>s immigrants et <strong>de</strong>s Autochtones. Alors que le paysage culturel<br />

canadien a considérablement changé <strong>de</strong>puis que Kazimi et Jeff ont commencé à<br />

travailler sur le film en 1984, la question <strong>de</strong>s stéréotypes, l’effacement systémique, et<br />

les conflits sont toujours d’actualité.<br />

Shooting Indians: A Journey with Jeff Thomas m’a aidé à comprendre la stratégie pour<br />

établir <strong>de</strong>s dialogues interculturels permettant <strong>de</strong> renforcer la confiance et le respect<br />

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