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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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été mise en œuvre et est pérennisée. Nous <strong>de</strong>vons aussi montrer comment les<br />

peuples <strong>autochtone</strong>s résistent à cette colonisation continue.<br />

Les états colonisés <strong>de</strong>s Amériques ont été fondés et se sont développés grâce à<br />

<strong>de</strong>s politiques d’extermination directe, <strong>de</strong> déplacement ou d’assimilation <strong>de</strong>s<br />

populations, toutes mises en place pour s’assurer que les peuples <strong>autochtone</strong>s<br />

finissent par disparaître en tant que peuples, afin que <strong>de</strong>s nations <strong>de</strong> colons<br />

puissent aisément prendre leur place. En raison <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong><br />

génoci<strong>de</strong> 3 que les peuples <strong>autochtone</strong>s ont subies, et qu’ils continuent à subir, une<br />

erreur courante <strong>de</strong>s théoriciens antiracistes et postcoloniaux est <strong>de</strong> supposer<br />

que le génoci<strong>de</strong> a été quasiment total et que, bien qu’ils le déplorent, les peuples<br />

<strong>autochtone</strong>s ont été « expédiés dans la poubelle <strong>de</strong> l’histoire » 4 et n’ont plus besoin<br />

d’être pris en compte. De telles suppositions sont à peine différentes <strong>de</strong>s mythes<br />

fondateurs <strong>de</strong>s nations, par lesquels « les Indiens » <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s personnages<br />

irréels, figés dans la préhistoire <strong>de</strong> la nation, qui se sont éteints et n’ont plus à être<br />

pris en compte sérieusement.<br />

Être consignés dans un passé mythique ou dans « la poubelle <strong>de</strong> l’histoire » signifie<br />

ne pas être autorisés à changer et à exister comme un vrai peuple dans le présent.<br />

Cela signifie aussi se voir refuser toute éventualité <strong>de</strong> régénérer son statut <strong>de</strong> nation.<br />

Si le statut <strong>de</strong> nation <strong>autochtone</strong> est vu comme une chose du passé, le présent<br />

<strong>de</strong>vient ainsi l’époque où les peuples <strong>autochtone</strong>s sont réduits à <strong>de</strong>s petits groupes<br />

d’individus marginalisés, définis selon <strong>de</strong>s critères raciaux et culturels dans une<br />

mer <strong>de</strong> colons et d’immigrants, et qu’ils n’ont pas à être pris au sérieux. Le statut <strong>de</strong><br />

nation est au cœur <strong>de</strong>s réalités <strong>de</strong>s peuples <strong>autochtone</strong>s. Leur survie en dépend.<br />

Parler du statut <strong>de</strong> nation <strong>autochtone</strong> revient à dire que la terre est <strong>autochtone</strong>,<br />

d’une façon qui n’est ni rhétorique ni métaphorique. Ni le Canada, ni les États-<br />

Unis, pas plus d’ailleurs que les états colonisateurs <strong>de</strong> l’Amérique « Latine », qui<br />

revendiquent la souveraineté du territoire qu’ils occupent, n’ont <strong>de</strong> base légitime<br />

pour asseoir leur absorption <strong>de</strong> si gran<strong>de</strong>s portions <strong>de</strong> ce territoire. 5 En réalité, le<br />

statut <strong>de</strong> nation <strong>de</strong>s peuples <strong>autochtone</strong>s est reconnu dans le droit international<br />

actuel comme étant le droit <strong>de</strong> souveraineté inhérente : la notion que <strong>de</strong>s peuples<br />

qui ont occupé <strong>de</strong>s territoires spécifiques, qui ont partagé une langue commune,<br />

<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> subsistance, <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> gouvernement, <strong>de</strong>s systèmes juridiques<br />

et <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la citoyenneté, sont, <strong>de</strong> fait, <strong>de</strong>s nations, en particulier<br />

s’ils ont signé <strong>de</strong>s traités, étant donné que, comme l’a remarqué Churchill, les<br />

traités ne peuvent être signés qu’entre <strong>de</strong>s nations. 6<br />

Par contre, en tant qu’état <strong>de</strong> colons, le système juridique du Canada a été fondé<br />

sur le besoin <strong>de</strong> préempter la souveraineté <strong>autochtone</strong>. Ce système juridique le<br />

fait via la revendication <strong>de</strong> « primauté du droit » qui est quotidiennement mise en<br />

avant pour nier les possibilités <strong>de</strong> souveraineté et pour criminaliser les opinions<br />

divergentes <strong>de</strong>s Autochtones. Parce que cette primauté du droit viole les principes<br />

Cultiver le Canada | 245

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